Au moins 92 migrants illégaux ont été expulsés par jour aux postes frontaliers en Colombie au cours de 2016. Au total, il y avait 33 981, un chiffre record jamais enregistré et qui quadruple les 8 855 cas détectés en 2015, rapporte le journal national colombien le plus vendu à travers le pays.
Selon les statistiques émanant des autorités Migration Colombie, les migrants haïtiens, qui sont majoritaires (20 366), sont suivis, entre autres, par les Cubains (8 167) et par l'Inde (874). Tous ces migrants en situation irrégulière empruntaient la route des États-Unis.
« Nous ne sommes ni la cause ni l'origine de ce phénomène, mais pour assurer la sécurité et l'intégrité de ces migrants, nous avons augmenté nos contrôles, nous avons travaillé sur les stratégies régionales de lutte contre ce phénomène et nous avons une politique de tolérance zéro contre ceux qui exploitent leurs prochains dans le prochain pour leur profit », a déclaré Christian Krüger, directeur de Migration Colombie, dans des propos relayés par El Tiempo.
Pourquoi tant d’Haïtiens subitement ?
De 35 cas en 2015, le nombre d’Haïtiens franchissant illégalement le territoire colombien est passé à 3 500 au mois de juillet 2016. C’est de là qu’est partie l’alerte sur le franchissement illégal des Haïtiens – pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental et l'un des plus pauvres au monde. «Ils ne sont pas des criminels, en Colombie, avoir un statut d'immigration irrégulière n’est pas un statut criminel sinon administratif», explique le directeur de Migration Colombie Christian Krüger, notant au passage que les coyotes facturent entre 2 000 et 3 000 dollars pour chaque immigrant illégal qui traverse son pays.
La situation au Brésil a augmenté la traversée haïtienne
Après le tremblement de terre de 2010 en Haïti, de nombreux pays ont fourni des visas de travail aux Haïtiens. Au Brésil, ils ont été environ 80 000 à travailler dans la construction des stades pour les Jeux olympiques et pour la Coupe du monde de 2014, mais la fin des travaux les a laissés sans emploi au point qu'ils ont commencé à aller aux Etats-Unis et au Canada.
L'entrée des migrants en Colombie se fait principalement à partir de l'Équateur, du Brésil et du Pérou, où ils s’en remettent à des gangs de coyotes qui les facturent jusqu'à $ 10 000 pour les conduire à la frontière du Mexique et des Etats-Unis.
Plus de 30.000 Haïtiens rapatriés de la République dominicaine
30 030 migrants Haïtiens rapatriés et 35 536 retournés spontanés ont été enregistrés de janvier à décembre 2016 dans 50 points frontaliers officiels et non officiels haïtiano-dominicains, dont 1 249 mineurs non accompagnés, informe le GARR, qui dénonce dans certains cas des mauvais traitements infligés aux migrants haïtiens lors des opérations de rapatriement tels que humiliation, harcèlement, bastonnades et emprisonnement. Ces migrants vivaient notamment à San Juan de la Maguana, San Pedro de Macorís, Santo Domingo Las Matas, Santiago, Monte Cristí et Dajabón.
« Depuis la fin du Plan national de régularisation des étrangers (PNRE), de juin 2015 à décembre 2016, 160 452 personnes ont traversé la frontière, dont 66 % de sexe masculin et 33.9% de sexe féminin. Parmi lesquelles, 62 136 rapatriés et 98 316 retournés ont été dénombrés », souligne le GARR, prédisant un avenir incertain aux migrants haïtiens qui sont encore en République voisine.
Le délai accordé aux 239 000 étrangers, en majorité des migrants haïtiens, par les autorités dominicaines pour compléter leurs dossiers en vue de l’obtention de leur carte de régularisation arrivera à terme le 17 juillet 2017. Une prolongation a été déjà donnée en 2016 à ceux et celles qui avaient une résidence d’un an et dont les permis avaient expiré en juin de cette même année.
Sources combinées