Ces événements sont porteurs d’un message que nous ne pouvons plus ignorer : la réforme de l’Université n’est plus une option, mais une nécessité.
Au cours des deux dernières décennies, pour ne pas remonter trop loin dans l’histoire, nous ne pouvons pas compter le nombre d’incidents qui ont paralysé des entités de l’UEH. Nous avons toujours trouvé des stratégies pour éteindre le feu et permettre aux entités en crise de continuer de fonctionner. Faute de se donner les moyens et le temps d’attaquer les problèmes structurels de l’UEH, l’institution s’est transformée en une poudrière prête à exploser au contact de la moindre étincelle. Pour cause. Cette université qui devrait aider la société haïtienne à trouver des pistes de solutions à ses multiples problèmes est devenue au contraire un fardeau que le pays doit porter.
L’incident malheureux survenu à la Faculté d’ethnologie ce lundi après-midi ainsi que les crises qui rongent l’Ecole normale supérieure et la Faculté des sciences humaines montrent que nous sommes loin de sortir de l’auberge. De tels événements vont renforcer la conviction de ceux qui croient à l’inutilité de certaines entités de l’UEH, voire de toute l’institution. C’est la conclusion la plus facile à tirer dans la crise complexe de l’Université d’État d’Haïti. On peut aussi envisager cette grave crise à laquelle fait face l’institution comme une opportunité pour l’aider à grandir et à mieux remplir sa mission. Aujourd’hui est plus que jamais le moment opportun d’envisager des solutions durables aux problèmes de l’UEH. Cela n’exclut pas la responsabilité des dirigeants de l’institution de fixer les responsabilités dans l’incident malheureux survenu à la Faculté d’ethnologie lundi après-midi.
La crise multiforme de l’UEH est sans nul doute le symptôme de la mauvaise santé du système éducatif haïtien. C’est bien un système qui mérite d’être réinventé en vue de créer des cerveaux capables de résoudre des crises et d’anticiper sur les problèmes. Que faire ? Où commencer ? Ce sont les difficiles questions auxquelles il faut répondre. Pour trouver la réponse à ces questions, nous devons d’abord nous demander quelle société nous voulons construire. C’est à partir des réponses à ces questions que nous pouvons construire un système éducatif au service de la société. Sinon, nous allons continuer à tourner en rond. Notre système éducatif restera ce qu’il est : des écoles publiques en lambeaux, des écoles privées qui n’ont d’objectif que de gagner de l’argent et une UEH en crise permanente.