Le grand public, celui qui fréquentera à son ouverture le MACT, ignore que la grosse bâtisse qui aura coûté prés de 70 millions d’euros aux contribuables, est gérée par une Sem patrimoniale, qui elle-même agit pour la Région Guadeloupe. Jean-Paul Fisher, un ex-socialiste qui vient du nord de la France et qui fut jadis directeur de Centre Hospitalier de Montéran, ensuite proche collaborateur de Lucette Michaux Chevry (LMC) avant de se retrouver pendant des années à la tête de la juteuse « Semsamar », est donc le grand patron de cette SEM dont la présidence a été confiée à Mme Hélène Vainqueur-Christophe, députée-maire de Trois-Rivières.
Fisher est une figure emblématique, connue dans le paysage de la politique et du business made in Gwadloup. Celui qui fut pendant des années « le mentor » de Lucette Michaux-Chevry, a eu plus d'une fois maille à partir avec les autorités judiciaires. Ainsi quand vers le tout debut des années 2000, l’ex-presidente de Région est la cible des juges parisiens, Fischer est à l'occasion mis en examen pour « recel de détournements de fonds ». Il s’ agissait à l’époque de l’affaire des « Lycées de la Guadeloupe ». Une autre fois, en juin 2014, Fischer qui est entendu dans une affaire de prise illégale d’interet (Semsamar) est gardé à vue mais ressortira libre. Victorin Lurel qui est encore à l’époque ministre des dernières colonies suit de très près cette affaire car ce même Fischer est, une fois de plus, l’homme à tout faire pour un president de Région puisque c’est lui qui en tant que « boss » de la Sem manage, gére et suit toutes les avancées du MACT.
À 69 ans, Fischer qui a pris sa retraite de la Semsamar avec un parachute doré (400 000 euros) demeure très actif. Il crée une société par actions simplifiée, Assistance Coordination Organisation (ACO), qui fait entre autres de la maîtrise d’ouvrage, du conseil... et c’est à ce titre d’ailleurs qu’il obtient de la Région la direction de la SEM patrimoniale et par conséquent, la main sur toute ce qui a trait au vaste chantier de la MACT. JPF embauche alors MCP, une jolie assistante qui frise la quarantaine. MCP est ensuite embauchée par la Sem en Mai 2014. Mais auparavant, MCP qui était jusqu'ici célibataire et mère de deux enfants, décide de faire évoluer son statut. Elle a rencontré l'homme de sa vie, un Martiniquais de sa génération. Cette annonce, pour des raisons qui restent à éclaircir, modifie considérablement les rapports entre MCP et JPF.
Tout va alors très vite. Au mois d’octobre, MCP est débarquée de son poste d'assistante de la SEM. Débarquée mais pas vraiment licenciée. Bizarre. MCP qui habite, avec son époux, un logement appartenant à la Semsamar, est aussi priée de quitter les lieux. JPF engage une procédure. MCP elle dénonce ce qu’elle qualifie d’acharnement, de harcèlement.
Que s’est-il passé entre temps ? Beaucoup de questions sont posées. Elles demeurent pour l’heure sans réponses mais sans doute pas pour très longtemps. JPF qui s’est brièvement entretenu avec CCN, avoue au détour de la conversation qu'il a eu « pendant 4 ans une relation avec MCP » mais que cette derniere est une « tricheuse qui a fabriqué de faux documents ». JPF a donc déposé une plainte contre son ex-protégée. Mais sans doute pour éviter des dommages collatéraux - nous sommes en période pré-électorale -, la présidente de la SEM bien que ne maîtrisant pas tout le dossier et les « coulisses », a entrepris une médiation. Elle a donc rencontré l’ex-assistante de JPF mais la négociation a échoué. Samedi dernier à la demande de JPF, une nouvelle réunion a lieu, « seuls à seuls ». Il s'agissait d'essayer de trouver une sortie de crise honorable. Le « licenciement » considéré comme abusif pourrait se transformer en « rupture conventionnelle ». Nouvel échec, car aux dires de JPF, la somme réclamée par MCP serait exorbitante. 1,2 million d'euros ! De son côté, MCP elle aussi a diligenté une plainte pour harcèlement. Elle aurait reçu des courriers incessants destinés à l'obliger à se taire. Elle se sent « suivie, menacée et espionnée ». « J'ai peur pour ma vie », dit-elle.
Pour l’heure, les deux protagonistes vont être confrontés à la justice, le 10 février prochain.
Question : MCP sait-elle assez sur le business de JPF au point de faire éclater un scandale politico-financier ? Non, nous dit JPF... avant de s’envoler tranquillement pour Haïti. Question 2 : Et si l'affaire des coulisses du MACT ne faisait que commencer au point de révéler des dysfonctionnements ? Fin du 1er épisode.