Parler pour ne rien dire
Par Jules Griffard
Désolé de tomber comme un cheveu sous la soupe mais certains discours tendent à m’indisposer...
WhatsApp le réseau social a le vent en pourpre, la communication est gratuite donc tous, nous nous y mettons.
Les groupes de paroles se font et se défont, mais on observe que la création de groupe est en constante progression…. Outils de communication tout y passe.
Nous parlons beaucoup pour ne rien dire, même dans l’anonymat nous observons une forme de couardise dans les propos de beaucoup.
Une forme de crainte de s’exprimer « vrai », une tendance à faire le tour du pot. Nous craignons de nous exprimer librement, de dire ce que nous pensons réellement…Nous avons peur de toute forme d’identification, d’appartenance, nous préférons nous formater dans le moule de la complaisance pour ne risquer de perdre la possibilité, un jour, de faire une hypothétique demande de faveur ou ne pas être identifié à une forme de pensée ou un groupe.
Plutôt que d’utiliser cet outil de communication pour construire, pour dire vrai, pour livrer à nos compatriotes notre pensée profonde, notre moi, notre vision pour notre pays dans le domaine économique, sociale, économique, social, culturel etc la Guadeloupe que nous appelons de nos vœux pour une transmission à notre descendance, nous nous employons à commenter longuement l’arrivée de la compagnie LEVEL en Guadeloupe et de la prestation proposée aux passagers, nous nous exprimons pour regretter la disparition de la SEGT,( Sté d’élevage et de production de lait) qui a disparu de par notre fait, notre volonté, nous bla-blatons, nous blablatons sur les réseaux sociaux et nous agissons uniquement dans la pensée ...
La Marie-Galante se meurt à cause des sargasses, des entreprises cessent leur activité, les emplois se perdent, mais nous bla-blatons, le Bourg de Petit-Bourg boit la tasse à cause des sargasses, mais nous bla-blatons.
Dans le journal télévisé du mardi 24 juillet 2018 il a été évoqué qu’au regard des expériences faites sur les souris empoisonnées par le CHLOREDECONE, il existera peut-être un important risque d’infertilité pour la deuxième génération de jeunes hommes et de jeunes femmes de notre région. Ce qui sous-entend que notre descendance n’est plus assurée. Mais nous guadeloupéens, nous bla-blatons...Et, nous ne nous étonnons pas, nous ne sommes pas surpris, de constater pour une petite chamaillerie de Chapelle ‘’l’affaire Alexandre BENNALA’’ l’État français est près de l’explosion.
Autour de cette affaire, la France entière est mobilisée, médias, et toutes les institutions de la république française, parlement, gouvernement, ministres, parlementaires, justice, police, élus et parties politiques, le sujet est considérée comme même très grave, important que l’examen de la révision constitutionnelle au Parlement, a été repoussé aux calandres grecques…. pour l’affaire Alexandre BENNALA ……, une histoire sordide.
Et, nous afro-descendants, nos vies et celle de notre progéniture ont été sacrifiées sur l’hôtel du profit par des exploitants sans scrupules qui nous ont en toute connaissance de cause empoisonnés par le Chloredecone, et descendants d’esclaves, nous faisons comme si nous n’étions pas concernés.
Nous ne considérons pas que cette affaire d’empoisonnement d’une population de négroïde grave et importante.
Le sol qui produit notre nourriture est empoisonné, l’eau que nous consommons est empoisonnée, les poissons pélagiques que nous mangeons sont empoisonnés et cet empoisonnement a pour conséquence la longue liste des décès quotidiennement égrainés sur nos médias… et pour nous tous cela semble normal.
Les décès d’une génération d’afro-descendants de plus en plus jeune, ..la multiplication des cancers en Guadeloupe ..
Si par pure peur nous voulons ignorer l’empoisonnement par le chloredécone, puisqu’il n’est pas visible, et qu’il est dilué dans l’eau et dans la nourriture, et qu’on ne meurt pas d’un coup, d’un trait, la mort arrivant s’en qu’on s’en s’aperçoive…… piti à piti.., mais en ce qui concerne la pollution aux sargasses, cela crève les yeux, cela gêne notre respiration, empoisonne l’air donc nos poumons, notre chair ! là aussi on n’est pas concerné !
Dans le bourg de Petit-Bourg l’air est invivable, pourtant les vendredis soirs nos compatriotes, nos frères et sœurs font du sport dans l’odeur pestilentielle des algues sargasses en décomposition en tenue sportive, une importante foule danse la Zoumba… j’étais persuadé jusqu’à ce jour que le sport était associé à l’air pur…et pas à un air vicié et nauséabonde…
Sommes-nous conscients que cette situation d’empoisonnement de l’eau et de l’air se passe ici en Guadeloupe et que, ce n’est pas ailleurs dans un pays lointain ...
A l’évidence de par notre comportement cela semble ne pas nous concerner.
Et nous avons le culot de regretter la disparition de la SGT en faisant des commentaires de ce type : « ……nous avons tous assisté à cela sans réaction. Attention à l’avenir »........
Mais de quel avenir s’agit-il ? Quel avenir aurons-nous si nous restons inertes ?
Puisque notre avenir est aujourd’hui notre présent : Chloredecone/Sargasse = cancer, empoisonnement, Terre, Mer, Eau et Air.
Est-ce normal que nous acceptions tout cela sans réaction ?
Sommes-nous devenus des ZOMBIS ?
Imaginez si cela se passait dans l’hexagone, vous pensez sérieusement que « le français de France » serait sans réaction, comme nous le sommes en Guadeloupe ?
Le ‘’français de France’’ passerait-il son temps et son énergie à bla-blater, agirait-il sans délai ?
Observez la réaction des ‘’français de France’’ pour l’affaire BENALLA :
- Mise en examen
- Licenciements
- Audition du ministre de l’intérieur (deuxième ministère du gouvernement)
- Ouverture d’enquête
- Discours du président de la république
Pourtant il n’y a eu aucun mort, alors qu’avec le Chloredécone, mis à part les nombreux décès, il existe un potentiel en Guadeloupe de plus de 400.000 morts prématurés
Alors comment l’homme Guadeloupéen, la famille Guadeloupéenne peuvent-ils accepter un tel mépris au sujet de leur santé par les pouvoirs publics ?
L’homme noir, l’homme guadeloupéen est-il son propre ennemi ? pourquoi s’ignore-t-il ainsi ?
Peut-être pensons-nous, dans notre fort intérieur, « c’est normal nous sommes des Nègres ».
A votre avis, ne serait-il pas aujourd’hui normal que chaque guadeloupéen soit informé de son taux d’empoisonnement dans sa chair et dans son sang par le chloredécone?
Ne serait-il pas normal que toutes les denrées alimentaires mises à disposition du consommateur soient préalablement analysées ?
Ne serait-il pas normal que des laboratoires soient chargés d’effectuer des recherches pour trouver comment réduire l’impact de l’empoisonnement dans notre corps ? Et qu’un traitement soit proposé pour tenter de sauver les futures générations de cet empoisonnement ?
Posons-nous la question en toute honnêteté, depuis la reconnaissance de cet empoisonnement concrètement qu’est-ce qui a été fait pour protéger la santé des Guadeloupéens ?
Pour appliquer le grand principe républicain : le principe de précaution : RIEN RIEN
Il n’y a eu véritablement que de la poudre aux yeux…
Cela c’est votre combat, notre combat !
Sachez que je ne m’en prend à personne personnellement, mais je m’en prends à l’homme Guadeloupéen que nous sommes devenus, bla bla bla et inconséquent ..
Aujourd’hui, je cherche la réponse à la question suivante : c’est quoi l’homme Guadeloupéen ? Comment le qualifier ?
Un sursaut de notre part est impératif, il faut agir..
Le samedi 28 juillet 2018 à 9 heures (matin) devant la Mairie de Pointe-à-Pitre, un groupe de Guadeloupéens qui refusent de crever dans le silence comme des rats tient un meeting d’information sur ces différents problèmes qui gangrènent notre quotidien.
Soyez présent ! c’est notre histoire, votre présence est indispensable. Fos
Judes GRIFFARD