Georges Pau-Langevin : J’ai fait une déclaration qui était une analyse purement juridique et qui me semble incontestable. Je comprends bien que ce sont des sujets que les gens ne vivent pas juridiquement. Ils le vivent affectivement, je peux le comprendre. J’ai vu qu’effectivement que cela a fait beaucoup d’émotion, je le regrette, mais, en même temps, cela a été la constante de ma vie, que de dire, il faut prôner le vivre ensemble. Et tout ce qui divise, tout ce qui sépare les gens, et qui fait qu’ils ne se comprennent pas ou qu’ils se font concurrence, je pense que ce n’est pas une bonne chose pour la Guadeloupe et pour ce qui nous tient à cœur, c’est à dire, défendre la mémoire des esclaves.
CCN : Il y a une hiérarchisation des crimes contre l’humanité ?
GPL : Non, il n’y en a pas. Je dis que ce sont deux drames historiques différents et que ce n’est pas parce que je vais appeler quelque chose d’un autre nom que je vais le rendre plus important. Il y a des définitions juridiques qui existent et par conséquent, je dis que l’esclavage a été un drame, la traite négrière a été un crime contre l’humanité. C’était quelque chose d’épouvantable. Nous avons à faire vivre cette mémoire de l’esclavage.
Je pense que dans ma vie militante, je me suis toujours engagée là-dessus. Je me suis battue par exemple dans Paris pour faire disparaître le nom d’esclavagistes des noms de rues de Paris. J’ai fait des centaines de réunions avec tout un chacun pour faire vivre la mémoire de l’esclavage, mais pour autant, je ne pense pas qu’on gagne quelque chose en essayant de comparer avec un autre drame historique qui a existé et je trouve normal que si le Président de la République parle de la Shoah il parle de la Shoah. Quand il viendra ici le 10 mai rendre aux victimes de l’esclavage, il parlera de l’esclavage. Ce n’est pas le même drame.