Cette jeune artiste professionnelle a fait un pari fou : celui de remettre la place qu’elle mérite à cette femme, Manuela Pioche auteure et interprète des années 50/60 qui chantait dans des salles fréquentées par des hommes, des airs de biguine et de boléro.
Un pari fou ! Oui car il fallait oser se glisser dans la peau d’un personnage qui a toujours vécu en marge du conventionnel, du politiquement correct, mais tout de même avant-gardiste pour sa vision de la femme dans la société de l’époque.
Oui Il fallait flairer l’intérêt que la Manuela Pioche revisitée par Florence Naprix pouvait susciter ... En effet on a pu constater ce soir-là que le public venu nombreux rassemblait plusieurs générations, toutes ravies de la retrouver et heureux de la découvrir ...
Il fallait oser incarner/interprète un personnage ayant connu la déchéance, liée à son addiction à l’alcool, morte très jeune totalement démunie et très vite oubliée par son public.
Oui, il fallait avoir le courage de dire dans un monde pour le moins macho « à presque réussi à nous faire oublier les faiblesse de mano.
Florence Naprix, une artiste complète, généreuse, qui investit et crève la scène, avec son grain de voix magnifique, sa présence, mais aussi pour son balancement et ce coup de rein naturel et sensuel qui vous rappelle combien l’âme de la dame est empreinte du neg mawon.
Il est aussi important de souligner le travail minutieux de mise en scène et d’esthétique d’Alain et d’Anaïs Verspan.
Enfin que serait ce spectacle sans la touche, la griffe de Stéphane Castry, dont le talent de bassiste et le professionnalisme en tant que directeur musical ne sont plus à démontrer ?
Pour mémoire les formations musicales, des années 50/60, « orchestres » comme on aimait à les appeler -faisaient la place belle aux cuivres, à la contrebasse, au piano, à la batterie, à la guitare, aux congas.
Mais pour ce « Manuela Pioche revival » grâce à des arrangements d’une grande qualité, nos 4 talentueux musiciens (2 violoncellistes étrangers : Rodolphe Liskowitch et Julien Grattard, un jeune batteur guadeloupéen Yohann Dannier et Stéphane Castry à la basse) nous ont fait voyager dans le temps à l’époque de Manuela Pioche, pour le plus grand bonheur d’un public totalement conquis.
Une restitution de résidence que l’on peut déjà qualifier de succès ! Rendez -vous est déjà pris en novembre prochain pour un spectacle qui s’annonce encore plus grandiose.
Pourtant Il faut le préciser, le très beau spectacle auquel nous avons assisté samedi dernier, Florence Naprix, avec une grande humilité, affirme qu’il ne s’agissait que d’‘un brouillon.
Deborah Vey