La Lettre de Corine Mence- Caster à ses collégues de l’UA
Notre université vient d’être au centre de l’actualité plusieurs jours durant et le sera peut-être encore dans les jours prochains. Des membres de notre communauté, anciens et actuels ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire ; d’autres risquent de suivre.
Ces investigations qui concernent les deux pôles de l’UA, ainsi que l’ex-pôle Guyane de l’UAG se poursuivent. Elles induisent au niveau de la présidence notamment, une disponibilité de tous les instants qui impacte fortement mon agenda.
Il ne vous aura pas échappé que, parmi les restrictions liées au contrôle judiciaire qui affecte l’ex-directeur du CEREGMIA, figure celle de n’entrer en relation sous aucun prétexte avec quinze à vingt personnes, dont plusieurs membres de l’UA et de l’ex-pôle Guyane. Je me dois donc de faire preuve d’une vigilance particulière à l’égard de toutes ces personnes membres et partenaires de l’université.
Je m’interroge sur l’activisme soudain de bien des membres de notre université, pour autant bien silencieux sur la situation extrêmement grave que nous connaissons et vivons depuis plus de deux ans, avec une perte de moyens financiers plus que conséquents. La gouvernance et la direction administrative sont confrontées, depuis quelques jours, à une avalanche de mails contenant toutes sortes de demandes, y compris des sollicitations multiples de rendez-vous, comme s’il y avait une urgence absolue et immédiate de mettre en exergue et de résoudre tous les dysfonctionnements que nous subissons depuis longtemps et qui sont indubitablement liés à l’affaire, dysfonctionnements que nous essayons, non sans mal, de résoudre définitivement.
Dans ce contexte déjà fortement contraint et troublé, chacun doit être conscient des enjeux, et nul ne peut faire fi, depuis plus de deux ans, des difficultés rencontrées par l’établissement. Face à l’affaire qui prend de nouveaux développements aujourd’hui, est-il encore possible à ces membres qui occupent parfois diverses responsabilités, de faire comme s’ils n’étaient nullement concernés et comme si rien ne se passait de grave dans notre établissement ?
S’il est vrai qu’au niveau de la direction administrative et politique, tout est mis en œuvre pour gérer au mieux le quotidien, il faut souligner que d’énormes chantiers inattendus, tels que l’évolution institutionnelle, la partition avec la Guyane, les affaires judiciaires, qui touchent au cœur même du fonctionnement et de l’avenir de notre établissement, se sont avérés particulièrement chronophages et éprouvants à tous les plans. De fait, un tel contexte explique aisément certains retards pris par l’administration, retards que chacun s’efforce de rattraper au quotidien.
Il n’est pas usuel, en effet, que dans une université, une équipe présidentielle ait à faire face, en même temps, au passage aux RCE avec la prise en charge de la masse salariale, à une scission non préparée intervenant moins de six mois après son installation, à une comptabilité à remonter entièrement, à une partition des comptes « express », et à un dossier judiciaire extrêmement lourd avec de nombreuses réquisitions auxquelles l’établissement a dû répondre depuis plus d’un an et demi.
Je tiens néanmoins à vous renouveler ma détermination à régler au mieux et au plus vite les différents problèmes qui se posent et qui impactent la vie quotidienne de notre université .
Un comité technique est prévu le 21 janvier qui nous permettra d’aborder, outre les points à l’ordre du jour, d’autres questions soumises par les élus. En février, nous enchaînerons avec un conseil académique et un conseil d’administration pléniers, ainsi qu’avec un CHSCT. Les commissaires aux comptes, présents dans l’établissement, dès la première semaine de janvier 2016, ont commencé à travailler sur la certification des comptes (2013-2015) et d’autres audits, dont j’ai personnellement initié l’organisation auprès de la tutelle, devraient bientôt avoir lieu.
Je souhaite que cette actualité permettre au moins, à chacun d’entre nous de prendre conscience des faits reprochés et des conséquences juridiques et financières extrêmement lourdes pour notre établissement. En effet, outre les remboursements déjà effectués et les provisions engagées, l’établissement aura potentiellement à rembourser 750 000 par an au moins jusqu’en 2021. C’est dire la charge qui pèsera sur lui. Notre sursaut éthique et déontologique doit être collectif et animer l’esprit de chaque acteur de notre communauté, de chaque responsable qu’il soit élu ou nommé.
Je souhaite que notre communauté prenne pleinement conscience des efforts ininterrompus entre audits, scissions, réquisitions et réformes diverses, consentis par l’ensemble de l’administration, pour éviter toute rupture de fonctionnement et permettre aux étudiants de mener à bien leurs cursus dans les meilleures conditions. Je tiens ici à saluer cet engagement et à remercier tous les personnels engagés dans ce travail.
J’invite dès lors chacun à la sérénité en cette période particulière -où s’ouvrent de plus les admissions Post-Bac- pour que chaque difficulté soit progressivement levée, que les modalités de fonctionnement de notre université soit clarifiées, fondant son avenir sur une gestion transparente et éthique.
Telles sont mes priorités pour la dernière année de ma mandature afin de transmettre demain un établissement apaisé, sécurisé financièrement et en ordre de marche.
Bien à vous,
Corinne Mencé-Caster
Présidente de l'Université des Antilles