Depuis le milieu des années 80 et la création presque ex nihilo de la zone commerciale de Jarry, on a tendance à penser que Baie Mahault c’est Jarry plus des résidences secondaires et une cité dortoir. Il est vrai qu‘en l’espace d’un peu plus de trois décennies, l’ancienne bourgade rurale est devenue le « poumon économique » de la Guadeloupe. Jarry, une ville dans la ville est le siège de plus de 3500 entreprises , attire et accueille chaque jour prés de 20.000 salariés. Jarry qui a totalement vampirisé Pointe à Pitre , qui fut pendant longtemps LE centre commercial de la Guadeloupe, est un cas unique dans la Caraibe. A la fin des années 60, Baie Mahault, qui cumulait à peine 7500 habitants a quadruplé sa population au point de devenir la 2é ville de l’archipel guadeloupéen avec plus de 30.000 habitants.
Ce poids économique et démographique, n’est pas sans conséquences sur le plan politique , car depuis ce boom, tous les maires de Baie Mahault ont été régulièrement élus députés. Ary Chalus a quant à lui dépassé le cadre de sa ville ,en devenant président de Région .
Mais bien avant que la mangrove de Houelbourg ait subi le sort que l’on sait , pour faire la place aux multiples activités commerciales de Jarry, Baie Mahault vivait sobrement, de son agriculture et les baie mahaultiens pour l’essentiel cultivaient leur jardin créole.
40 ans après comment la ville a t elle évolué ? Les terres agricoles ont elles toutes disparues sous le béton ? Les agriculteurs ont ils encore la possibilité de vivre de la terre baie mahaultienne ?
Philipe Rotin , un agriculteur expert et très novateur à la tête d’un GFA de 25O ha à Baie Mahault est confiant quant au développement agricole de BM : Nous allons dans la bonne direction, avec la diversification de la production agricole , la diversification au niveau de l’agro transformation, de l’agro tourisme, et le renouvellement de la population agricole, il faut noter que l’âge moyen des agriculteurs tourne autour de 48 ans, ce sont ces différents critères qui laissent penser qu’il y a ici un avenir pour l’agriculture.. Et il faut le signaler, nos élus qui viennent chaque année sur le terrain et prennent en compte nos doléances… »
Bien que très optimiste pour l’avenir Ph Rotin déplore l’existence d’un important quota de terres agricoles encore en friche. Au cours de la visite, qui a vite pris l’aspect d’un marathon dans la campagne BMautienne , nous n’avons pas vu que des GFA. Sous la conduite d e l’association des agriculteurs de BM, nous nous sommes aussi rendus sur des terres hors GFA , mais qui sont en production et qui le plus souvent appartiennent à des propriétaires fonciers. Pour Philippe Rotin, les élus doivent « faire ce qu’il faut » pour que ces terres soient mises en production.
De son coté la mairesse, Hélène Polifonte, qui rappelle au passage qu’elle est fille d’exploitant agricole, est sur la même longueur d’onde que Rotin : BM a toujours eu cette ouverture sur l’agriculture, c’est pour nous une continuité, car nous avons toujours travaillé avec les agriculteurs. Nous accompagnons ces jeunes qui ont fait le choix de travailler dans le secteur agricole… vous avez vous même vu cette ferme agricole (Dalciat) où l’on produit des poulets et des œufs d’excellente qualité. Je peux vous dire que BM n’a jamais perdu sa vocation agricole, Bien sur nous avons Jarry, zone industrielle e commerciale, mais nous avons aussi ce volet agricole et rural qui fait la fierté de notre collectivité,. et la mairesse de nous indiquer qu’après avoir très recemment sensibilisé le président de Région, sur le cas de deux agriculteurs, dont l’un se livre à l’aquaculture, Hélène Polifonte promet de prendre sa plume pour sensibiliser losette Borel lincertin , l’actuelle présidente du Conseil D sur la problématique d l’irrigation rencontrée sur le GFA de Dupuy.. »
Outre la visite des GFA de Birmingham et de Dupuy sous la conduite de Daniel Ferge, l’autre point fort de ce marathon dans la campagne BM, aura sans doute été de l’avis de tous a visite à la ferme de Dalciat.
Rodrigue Tréfle, jeune entrepreneur s’est investi dans la filière avicole. Il a créé un label de poulet frais dont la dénomination ne laisse planer aucun doute sur leur origine ; les poulets NEG (Nés et Elevés en Guadeloupe).Avec une fierté non dissimulée, il nous presente son « poulailler » de centaines de bêtes au plumage noir et qui sont dit il de « nationalité guadeloupéenne ».
Rodrigue Tréflé va très loin dans sa lutte contre le poulet congelé. Mais il admet qu’il a encore du chemin avant d’être leader du marché dans son pays.
On apprend ainsi que Guadeloupe, consomme chaque année 8 millions de poulets, soit une consommation de 150 000 poulets par semaine. Or les 3 producteurs guadeloupéens tous réunis ne produisent que 3000 bêtes/semaine, soit environ 150 000 sur une année. On comprend alors qu’il y a là une véritable mine d’or, car Rodrigue Tréflé nous assure que la Guadeloupe pourrait produire ces 8 millions de poulets.
Mais les importateurs qui eux revendent du poulet congelé à moins de 2 euros le kilo, sont les plus farouches concurrents de ce poulet NEG. La bataille sera longue et complexe.
Le producteur du Poulet Neg entrevoit d’exporter dans la Caraibe et a créé pour cela un label et nous précise que ses poulets sont nourris sans OGM, ce qui n’est pas le cas des poulets importés.
Fin de la visite : l’heure du bilan dans un restaurant de Bragelone. Ary Chalus en voisin est venu partager le repas final mais ne répond aux itw. questions des journalistes.
La ferme avicole de Dalciat tout comme les 3 GFA visités font vivre une petite soixantaine d’agriculteurs, de BM c’est encore très peu au regard de ce qui se passe à Jarry, mais BM a encore quelques réserves foncières, l’espoir est permis.
La bataille pour la production agricole s’ avère très rude et est loin d'être gagnée car tout comme à BM la production agricole de la Guadeloupe est encore très loin d’atteindre les objectifs d’auto suffisance. Le combat pour la conquête du marché intérieur ne fait de débuter Les gros importateurs, qui font que notre balance commerciale est ultra déficitaire ne vont pas lâcher le morceau., Le puissant lobby de Jarry contre lequel Lurel avait fait mine de s’attaquer sur la question des marges a eu sa peau. Les problèmes posés pour développement agricole de BM sont à une moindre échelle, ceux qui se posent pour la Guadeloupe.