Lettre ouverte du SGA du SPEG* au Recteur de l’Académie de Guadeloupe
Pourquoi, alors que plus du tiers des membres du conseil d’administration (CA) de l’Université des Antilles (UA) refusent, comme ils en ont parfaitement le droit dans une université autonome, d’obéir aux injonctions de l’administrateur provisoire et des recteurs-chanceliers de l’UA de démissionner de leur mandat (plus d’un tiers de refus de démissionner rendant impossible la dissolution dudit CA), ces mêmes administrateur provisoire et recteurs-chanceliers de l’UA s’acharnent-ils à ne pas appliquer la législation prévoyant que « dans le cas où le président (de l’UA) cesse ses fonctions, pour quelque cause que ce soit, un nouveau président est élu pour la durée du mandat de son prédécesseur restant à courir » ? Est-ce pour disposer des pleins pouvoirs à l’UA sans aucun contrôle du CA de l’établissement ?
Pourquoi, alors que les statuts de l’UA adoptés le 23 juin 2016 à l’unanimité du CA de l’université prévoient que « Le premier conseil d’administration devant procéder à l’élection du président de l’université est convoqué par le recteur de l’académie du siège de l’université, ou le cas échéant par l’administrateur provisoire en fonction » et que « Ce conseil est convoqué au moins 15 jours avant la date du scrutin », ni le recteur de l’académie de Guadeloupe, ni l’administrateur provisoire de l’UA, n’a convoqué jusqu’à présent un conseil d’administration de l’UA afin que ce dernier élise au plus vite un nouveau président pour la durée du mandat restant à courir de la présidente démissionnaire de l’UA, conformément à la loi et aux statuts régissant la gouvernance de l’UA ?
Quant à l’administrateur provisoire actuel de l’UA, il ne lui a pas fallu longtemps pour jeter aux oubliettes ses propres engagements publics du 5 septembre 2016 devant les membres de notre communauté universitaire, je le cite : « je vous assure qu’au cours de cette administration provisoire que j’espère la plus courte possible, je veillerai à une gestion des affaires de l’établissement neutre et rigoureuse prenant en compte les particularités. Je prendrai toute décision nécessaire dans le respect du cadre éthique et déontologique qui m’a toujours animé et dans le respect de la réglementation ».
En effet, de quelle « administration provisoire la plus courte possible » parlait-il donc quand jusqu’à ce jour, il n’a toujours pas convoqué le CA permettant d’élire rapidement un nouveau président de l’UA ?
Et de quels « rigueur », « cadre éthique et déontologique » et « respect de la réglementation » parlait-il donc lorsque le 15 septembre 2016, il a donné l’ordre de diffuser à tous les personnels de l’UA, sans mon autorisation préalable, un courrier officiel en date du 12 septembre 2016 que le Recteur de l’académie de Guadeloupe Chancelier des universités a libellé à ma seule intention en ma qualité de Secrétaire Général Adjoint du SPEG. Ignorait-il qu’en vertu de l'article 432-9 du code pénal, « Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa mission, d'ordonner, de commettre ou de faciliter, hors les cas prévus par la loi, le détournement, la suppression ou l'ouverture de correspondances ou la révélation du contenu de ces correspondances, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende » ? Mais où va-ton avec de telles pratiques illicites ?
Pourquoi, devant des manquements aussi graves aux obligations et à la déontologie les plus élémentaires des fonctionnaires dépositaires de l’autorité publique, les recteurs-chanceliers de l’UA continuent-ils à faire comme si les membres de l’UA pouvaient croire que l’administrateur provisoire actuel de l’UA justifiait de qualités éthiques et techniques indubitablement supérieures à celles d’un(e) président(e) qui serait élu(e) sous quinzaine par le CA de l’UA, pour gérer de façon neutre et rigoureuse notre université durant les quelques mois à venir, comme pour organiser de façon tout aussi neutre et rigoureuse les élections aux conseils de notre établissement aux dates prévues par la législation s’appliquant à l’UA ? Ne voient-ils pas qu’en se comportant ainsi, ils contribuent à nuire aux vertus et valeurs fondamentales de la démocratie universitaire comme de la démocratie tout court ?
Dans ces conditions, j’appelle solennellement, comme l’Assemblée Générale et le Conseil du Pôle Universitaire Régional de Guadeloupe l’ont déjà fait le 15 septembre dernier, le Recteur de l’académie de Guadeloupe-Chancelier des universités dont c’est l’une des attributions officielles, à convoquer sans délai un conseil d’administration de l’UA afin que ce conseil d’administration élise de toute urgence et conformément à la réglementation en vigueur, un(e) président(e) de l’UA pour la durée du mandat restant à courir de la présidente démissionnaire de notre université.
Frédéric Gerardin, SGA du SPEG chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche
En pièce jointe La lettre du Recteur