C’est entourée de ses avocats que maître Aristide s’est adressée à une salle toute acquise à sa cause. Principalement constituée d’avocats, l’assistance était venue montrer son soutien à leur consœur qui s’est rendue une nouvelle fois au tribunal mais en tant que plaignante cette fois.
Pour rappel, l’affaire débute en 2006. Maître Aristide défendait un homme qui avait été placé sur écoute et elle s’est aperçu que des retranscriptions de certaines de leurs conversations étaient au dossier. Ce fait tout à fait anormal est pourtant passé inaperçu. Dans l’intérêt de son client, maître Aristide n’a pas relevé ce point de détail immédiatement.
En janvier 2007, les procès-verbaux contenant ces conversations ont été annulés. Cela va conforter Maître Aristide dans sa décision de porter plainte pour violation du secret de l’instruction et atteinte à la libre confidentialité des correspondances. Un premier juge d’instruction va ordonner son audition et celle du directeur de la DIPJ qui dira qu’il ne parlerait pas et qu’il avait ordonné à ses enquêteurs d’en faire autant. En résumé : « circulez y a rien à voir ». A l’issue de cette 1ère instruction, le dossier est clos.
Mais c’est bien mal connaître Sarah Aristide ! Elle n’abandonne pas, elle fait une requête en demande d’actes pour que de vraies investigations soient menées et fait appel. La chambre d’Instruction entend ses doléances et interroge un officier de police judiciaire (OPJ) qui va nier avoir retranscrit des conversations et qu’en tout état de cause, il ignorait qu’il s’agissait d’un cabinet d’avocats. Le juge d’instruction a fait montre d’une « indolence presque coupable» selon maître Aristide.
En 2010, changement de juge et deuxième non lieu. Donc deuxième appel. En mars 2012 nouvelle audition de l’OPJ qui dira qu’ils ont écouté Sarah Aristide car elle commettait une infraction. Mais lors d’une confrontation, ce même OPJ, certainement impressionné par le nombre et la qualité des conseils de maître Aristide, va avouer avoir agi selon les ordres de sa hiérarchie et met en cause un ancien vice-procureur qui lui aurait donné l’ordre de procéder aux retranscriptions. Malgré ces révélations, l’instruction se solde par un nouveau non lieu.
Après avoir été mise en examen pour diffamation, jugée à Paris et relaxée, le combat de Sarah Aristide pour que justice soit rendue n’est pas fini. Jeudi matin, ce sont huit avocats qui ont plaidé sa cause et dans le même temps celle de tous les avocats: Lorenza Bourjac, Sandrine Jabouley, Ernest Daninthe, Harry Durimel, Patrice Tacita, José Galas, Evita Chevry et Roland Ezelin.
Au sortir de l’audience, maître Sarah Aristide s’est dite confiante : « Je suis sereine et tranquille. Ces 10 années de procédures ont accru notre combativité. Je suis déterminée à aller au bout, quelque que soit la décision, nous n’en resterons pas là. » La décision a été mise en délibéré et sera rendue le 26 janvier 2017.