Jusqu' àu milieu de l’année 2015, le GFD est en grande difficulté. Patrice Fabre qui n’a pas la réputation d’être un bon gestionnaire, est débiteur de plus de 49 millions de charges patronales et sociales. Si rien n’est fait ce sont des dizaines d’emplois qui risquent de disparaître dans l’hôtellerie, aussi en Guadeloupe, qu’en Martinique. C’est alors que pour éviter une casse sociale sans précédent dans un secteur qui ne se porte pas très bien, une solution de la dernière chance est « offerte » sur un plateau à Fabre. Le patron de Karibea, pris à la gorge, parce que endetté jusqu’au cou, est contraint de céder une part des actifs de son groupe hôtelier. Cette « restructuration » d’un montant de près de 30 millions d’euros est la contrepartie de la création de deux sociétés « foncières » l’une à la Martinique, l’autre à la Guadeloupe. Les hôtels Clipper, Salako, Prao et Amyris, sont donc « sauvés » et avec eux les salariés qui n’y croyaient plus. GFD devient donc gestionnaire des hôtels et les deux « foncières » devenus propriétaires des murs sont aussi en charge de la rénovation et la maintenance.
Cette vaste opération de « sauvetage » se fait sous la houlette du Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) avec l’accord du ministère français des finances. Au total, Fabre est exonéré des 49 millions de charges sociales mais de plus, les conseils régionaux de Guadeloupe et de Martinique, la Caisse des dépôts et Consignations (CDC), la Banque populaire-Caisse d’Épargne et la BPI participent à cet incroyable tour de table. Quand l’accord est signé en août 2015, le Groupe Fabre-Domergue est sauvé, son activité relancée.
Nous voilà en 2017, Fabre ne paie pas les « foncières » pas plus que ses charges sociales. L’ État va-t-il une nouvelle fois offrir un cadeau à ce patron mauvais payeur, sans scrupules et qui risque de mettre en difficulté près d’une centaine de salariés ? On se demande quelles mesures précises seront prises contre GFD quand on sait que l’Urssaf ne s’embarrasse de scrupules pour bloquer les comptes bancaires de très petites entreprises (TPE). Va-t-on, une fois de plus, voir sortir du chapeau de Fabre une solution miracle ? La situation est grave, en l’espace de deux ans près de 60 millions d’euros pourraient ainsi être offerts à ce patron-voyou. La Région Guadeloupe et son patron-ti-mal va-t-elle encore se porter à la rescousse de Fabre ? La question se pose aussi pour la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) d’ Alfred Marie-Jeanne.
Comment Patrice Fabre avait été "sauvé" et ses dettes sociales et fiscales annulées. En août 2015, le patron-mauvais payeur avait "bénéficié" d'un tour de table et d'un montage financier inespéré et qui lui avait permis de garder la tête hors de l'eau. Les régions de Martinique et de Guadeloupe, la Caisse des dépôts et consignations (CDC), l'Agence française de développement (AFD), la Banque Populaire-Caisse d'Epargne et la Banque publique d'investissement (BPI) avaient chacun porté leur financement. A la Martinique, la structure de "restructuration" prend le nom de "Foncières Sainte-Luce" avec la Région Martinique (gouvernance-Letchimy) via le fonds d'investissement régional représenté à l'époque par la SAGIPAR (40%), la Caisse des dépôts et consignations (38%) et le Groupe Fabre-Domergue (22%). A la Guadeloupe, c'est la Région (gouvernance-Lurel) qui s'est engagée via la Sem Patrimoniale de la Région Guadeloupe (45%), la CDC (40%) et le Groupe Fabre-Domergue (15%). Moins de deux ans après, Fabre le récidiviste s'est (re)mis tout ce monde à dos. Il recommence à ne plus honorer ses dettes. Jusqu'à quand ? |