La réalité coloniale est ce qu’elle est. Mais en gardant l’oeil ouvert, on s’aperçoit que tous les comportements atypiques voire bizarroïdes des Guadeloupéens sont directement inspirés par notre dépendance culturelle, idéologique, politique au système français.
Les cyclones « surprennent » aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que depuis la fin des années 70, l’État français et son système éducatif ont imposé aux élèves et enseignants de la Guyane, de la Martinique et de la Guadeloupe, la rentrée scolaire au mois de septembre. Totale hérésie !
Si dans nos pays, la rentrée se faisait jusqu’alors en octobre, c’était précisément pour tenir compte de la période active cyclonique. Combien de fois, comme cette semaine, la rentrée des classes du mois de septembre a-t-elle été « pertubée » ? Pourquoi les élus, les syndicats de l’éducation qui sont tous conscients que cette rentrée en septembre est un non-sens, n’ouvrent-ils pas la bouche pour le dire ? Il faut se souvenir que feu Lucien Bernier, le grand-père de l’autre, avait souhaité au début des années 80 que nous adoptions l’heure d’hiver et l’heure d’été mais le résultat avait été tellement catastrophique, ridicule et incohérent que notre fuseau horaire a résisté à ce changement d’une totale idiotie. C’est dire jusqu’où peut aller le délire de ceux qui nous « représentent ».
Deux ouragans ont marqué le 20e siècle en Guadeloupe : le terrible cyclone de 1928 (plus de 1200 morts) et le non moins terrible Hugo en septembre 1989 qui fit une centaine de morts. On aurait pu penser que ces deux catastrophes auraient contribué à maintenir dans nos esprits une culture-cyclone. Ça l’a été mais la culture importée a tout balayé.
La culture-cyclone, c’est celle de nos grands parents. Dès le mois de juillet, il fallait être prêt au cas où, avoir ses réserves d’eau et d’aliments, consolider ce qui devait l’être. Bref, être en lien avec la réalité de son pays. Aujourd’hui, tout a changé. Les Guadeloupéens ont totalement zappé leur saisonnalité. En se référant consciemment ou pas à l’été français, ils vivent en décalage permanent avec leur vraie réalité et sont toujours pris au dépourvu. Ce qui explique les courses folles de dernière minute dans les centres commerciaux.
Mais outre les cyclones, un autre danger tout aussi menaçant que l’éruption de la Soufrière nous guette. Il s’agit du tremblement de terre. Sommes-nous préparés ? Qui s’en préoccupe vraiment ? Les Guadeloupéens savent-ils que tôt ou tard nous auront un Big break et que ce qui s’est passé aux Saintes en2004 n’est qu’un petit avertissement ? Peut-être est-il temps que les Guadeloupéens s’approprient vraiment leur terre natale, sa culture et cessent ainsi de se comporter en Guadeloupe comme de simples locataires déphasés.