JBL , qui pourtant était la seule à avoir jusqu’ici réellement mis au pot en investissant pas loin de 60 millions sur les trois dernières années, ne pouvait faire avancer l’affaire qu’ en réunissant les techniciens des différentes collectivités. Pour sa part, l’Etat qui bien que n’ayant pas de responsabilité directe, ne pourra en aucun cas se dédouaner tant par rapport aux taxes perçues sur l’eau que par rapport au devoir de protection de ses citoyens. Même face à la gabegie de leurs propres élus.
On voit bien ici, que toutes ces initiatives, toutes ces décisions et propos lénifiants sont sous-tendus par des arrières pensées politiques. Il suffit pour s’en convaincre qu’il n’a jamais été question par exemple de définir la gouvernance de ce fond d’urgence. On ne sait toujours pas quelle sera la participation des différentes EPCI, pas même celle de Cap Excellence. Surtout que l’on sait qu’à part Cap Excellence la plupart des autres EPCI n’est pas en mesure de mobiliser des fonds ni même d’emprunter pour investir dans les réseaux de distribution d’eau. Qui donc fixera concrètement l’ordre de priorité des travaux? Qui pourra faire des appels de fonds ? Et à quelle sauce seront mangés les consommateurs (sur leurs factures) mais aussi les contribuables (sur leurs impôts) ?
Autrement dit, le délai de deux ans fixé pour lancer les travaux d’urgence, risque bien d’être très largement dépassé. D’autant que ce faisant, on reporte aux calendes grecques la mobilisation des 600 millions d’euros nécessaires pour réparer et reconstruire les réseaux de distribution et les usines de production dans leur totalité. Qui peut dès lors nous certifier à quelle date l’ensemble des foyers Guadeloupéens sera alimenté ? Il aura fallu la colère de la population courroucée parce que “dérespekté” pour que les élus parviennent enfin à se mettre autour d’une table et à signer un protocole sur cette épineuse question. Mais malgré les déclarations se voulant apaisantes du président de Région, même, suite à son périple à l’Elysée, qui n’est pas le chemin de Damas, on peut demeurer prudent quant à l’effectivité de ces mesures lorsque l’on connaît les enjeux que recouvre ce marché de l’eau. Surtout avec ces mêmes élus qui sont parvenus à faire de l’eau un marché au sens politicien, mercantile voire mafieux.
Il faut ici noter la détermination, certes tardive de la population poussée à bout et qui n’en peut plus. Désormais il s’agit d’engager la responsabilité tant civile, pénale que financière des élus pour leur gestion calamiteuse. Un laisser-aller de décisions aux complicités rhizomiques prenant leur racine dans un passé qui impacte le présent et ruine notre futur.
Oui, il faudra bien que l’on sache un jour où est passé l’argent de l’eau au cours de ces vingt dernières années. Un audit technique et financier sur la gestion de l’eau : voilà une urgence qui doit empêcher certains de dormir.
Dlo mousach pa lèt ! Pasqua a raison. La promesse des élus n’engagent que ceux qui les écoutent. Vigilance, donc. Vigilance. L’eau au plus vite doit couler dans tous les robinets de notre archipel ! Et dans la plus grande transparence.
JCR