Mi-temps
Le match reprend à 16h dans l’hémicycle. Chalus lit son discours sur les orientations budgétaires, et comme il fallait s’y attendre, Lurel repart en contre-attaque. Mais l’équipe Chalus est au grand complet. Il a à ses côtés Losbar et Serva. Ils sont aux avant-postes, de véritables canonniers. Les tirs pleuvent, ça shoote de partout. Lurel et sa petite équipe sont très vite débordés. Mais Lurel qui a encore quelques ressources essaie de dépasser le centre pour tenter de scorer. Le budget n’est pas sincère, clame- il. Mais l’ex-président ne sera ni suivi ni entendu. Il tente alors un dernier recours. Il essaie d’alerter l’arbitre, le Payeur-général mais c’est trop tard le match est déjà joué. Le budget est voté.
Qui a gagné ?
Difficile de répondre à cette question, car si pour ces politiques il s’agit d’un match qui joue les prolongations, pour la Guadeloupe et les Guadeloupéens, les enjeux sont ailleurs.
Plus personne ne peut l’ignorer le pays est en crise. Sur le plan social, l'a-t on remarqué, au moment où nos politiques s’affrontaient en mode « baby foot », l’UGTG avec Elie Domota en tête, bloquait pendant plus d’une heure le cœur de Jarry pour protester contre le licenciement de Gladys Barfleur à Canal Sat Antilles.
À Capesterre Belle-Eau, les ouvriers de la banane CGTG bloquaient les routes. À Pointe à Pitre, les douaniers manifestaient eux aussi. C’est dire que les signaux du malaise social sont visibles et croissants. Sont-ce là les signes avant-coureurs d’une nouvelle grosse crise sociale comme la Guadeloupe en a le secret ? Qui peut répondre ? Il est sûr qu’ on ne voit pas poindre à l’horizon une météo social très clémente. Oui ça va mal, tout le monde le sait, le voit et le vit, mais personne n’a le remède efficace. Au-delà du simple constat qu’on se fatigue à faire, il faudrait de vraies solutions. D’ où viendront-elles ? Sûrement pas de l’agitation constante pré-électoraliste ou post-électoraliste de nos politiques. Notre pays a davantage besoin d’un audit que la Région. Notre pays a grand besoin d’hommes verticaux, responsables et visionnaires. Le pays souffre, il ne suffit plus de le dire ou d’éditorialiser dessus. Il nous faut de nouveaux paradigmes. 70 ans après le vote d’une loi dite de « départementalisation », le système colonial a crée une foultitude d’hommes politiques incapables de briser le cadre dans lequel ils se sont laissés enfermer.
Pouvons nous déjà sortir de ces matches politiciens inutiles et contre-productifs et penser le pays ? C'est la question qui se pose. Qui peut y répondre ?