Quatre ans après la démarche de Romana s’illumine. Les masques tombent. Car c’est encore ce même Roman qui a annoncé la création d’une « fondation » dite « esclavage et réconciliation » destinée en fait à aider le gouvernement colonial francais à s’opposer à la démarche de des afro descendants qui réclament des « réparations post coloniales ».
Revenons donc à notre Teddy « Winner » national- francais. Ce brillant judoka d’origine guadeloupéenne, jusqu’ici quasiment imbattable sur tous les tatamis mondiaux, il faut le répéter, est en mesure de faire résonner « la Marseillaise » pendant ces J.O au Brésil. Il a donc été tout naturellement désigné comme le porte-drapeau de la nation francaise. Au vu de ses exploits sportifs, on peut admettre qu’il ne l’a pas volé…
Avant Riner faut- il le souligner c’est, la « guêpe guadeloupéenne » qui avait eu cet honneur. Avouez que cela fait quand même beaucoup :
J.O de 2012 : Laura Flessel porte étendard.
J.O de 2016 Teddy Riner, porte drapeau.
Est ce là le fruit du hasard ?
Il faudrait être d’une naïveté sans égale pour le penser. En réalité, ces sportifs venus des colonies remplissent tous une mission. Ils sont malgré eux, au service d’une idéologie colonialiste francaise, qui voudrait que les Noirs, les coloniaux, ne sont aux yeux des francais que des « corps »sans âme.
Ils sont tous beaux, puissants, agiles, félins... Mais ce ne sont que des corps noirs.
Qu’ils soient footballeurs, basketteurs, athlètes de haut niveau, le noir sportif dans la société francaise coloniale et blanche n’est rien d’autre que ce « corps » qu’on exhibe.
On aime à vanter ses exploits, ses qualités athlétiques …
N’était-ce pas déjà ce qui se pratiquait, il y a un peu plus de 16O ans, quand ces beaux et jeunes noirs et négresses arrachés de leur Afrique natale étaient présentés sur les marchés d’esclaves ?
On exhibait ces africains avant de les vendre.
Aujourd’hui l’exhibition a pris d’autres formes, c’est beaucoup plus subtil, mais le regard posé sur les noirs a- t il pour autant changé ? (ouvrons une parenthèse : on a oublié la mauvaise polémique à propos du transfert d’Anthony Martial ? Et s’il s’était appelé Anthony Griezman ?)
Alors on nous dira que l’esclavage, tel qu’il a été pratiqué pendant près de 3 siècles dans les colonies n’existe plus dans sa forme la plus sauvage. Que Riner est un homme libre... libre ? Mais pouvait-il refuser d’être ce porte drapeau ? Y a-t’il un seul instant pensé ? Cent fois non...
Mais ces sportifs noirs, franco-africains ou afro descendants en acceptant ainsi d’être que des « corps » savent ils qu’ils contribuent, consciemment ou pas à perpétuer une image dévalorisante du noir dans une société française, qui n’a pas réglé tous ses comptes avec une propre histoire coloniale ?
Car en fait, les Riner, les Martial, Coman jusqu'à M-Jo Perec, en glanant médailles et victoires qu’ont-ils fait même à minima pour que leur pays (la Guadeloupe) sorte de cette situation coloniale ?
En dehors des joutes sportives, des « jeux du cirque « médiatico-sportif, ils sont tous étrangement muets et silencieux nos grand sportifs. Et pourtant, ils sont tous des champions issus d’une Guadeloupe auto proclamée Terre de Champions, mais à qui cela profite il ?
Comment peut-on espérer un jour, que Riner ou Flessel heureux et fidèles porteurs de drapeaux tricolores francais, puissent oser en tant que tels , ruer dans les brancards, dénoncer la situation coloniale actuelle ou se prononcer pour les Réparations ? Faut pas rêver, camarade !
Ah oui, il me sera dit par avance qu'il ne faut surtout pas mêler le sport à la politique… Ben voyons ! Et je souris, car porter le drapeau de la nation francaise c’est un acte totalement apolitique ?
Non ! Car ces athlètes sont bien de chez nous, mais ce sont hélas, et j'ai peine à le dire, des corps sans âmes. Ils n’incarnent pas leur pays réel. Nous pouvons sans risque, leur décerner à tous des médailles d’or de l’inconscience. Et la Guadeloupe de 2016 mérite donc bien son titre de « Terre des Champions »… Sportifs et inconséquents.
C’est plus que triste... mais c’est la triste réalité.
D. Z