Depuis le début de l’année, qu’ont fait nos élus pour lutter efficacement contre cette insécurité qui ne cesse de croître ? Ah oui, le préfet a organisé une ou deux réunions à la rentrée 2016-2017 ! Ary Chalus, le président du conseil régional, a de son côté poussé un coup de gueule dans son style si particulier : « s’il faut descendre dans la rue il faudra le faire. Il n’est pas normal qu’on puisse rire de la Guadeloupe, que l’on puisse, moi je le dis, se foutre des Guadeloupéens ! ».
Ok, Ti-mal ! Di sa sé di ayen. Le problème reste entier car ce ne sont ni la réunionite préfectorale, ni les coups de menton qui changeront réellement la donne. La violence qui fait la une des médias à sensation ne peut disparaître « comme ça !», d’un coup de menton et de torses bombés. Les problèmes qui affectent nos pays sont beaucoup plus graves et profonds. Cette violence exprime à la fois un mal-vivre de nos sociétés qui, pour beaucoup, sont sans perspectives. Quand pour une simple querelle de voisinage, un différend sentimental, un portable ou un scooter, des gens s’entre-tuent aussi facilement, c’est que la société entière est malade. Ira-t-on jusqu’à poster un flic derrière chaque chômeur aigri, dans chaque couple désespéré ? Évidemment, non ! Tout le monde le sait. La réponse policière n’est pas la panacée. Or, nos élus se satisfont très facilement de l’envoi d’escouades de gendarmes français dans nos pays. De nos jours, la peur du gendarme ne fonctionne plus. Bien au contraire, ce sont ces derniers qui risquent leur peau car quand, pour une raison ou une autre, le cycle de la violence se déchaîne, le gendarme ne sert plus à rien. Et si, par malheur, il tire sur un nègre, il risque de déclencher une émeute évacuant une colère populaire jusqu’alors latente…
Tout est donc à revoir. Cesser de croire que dans une société coloniale même « départementalisée », « régionalisée » voire « décentralisée », on arrivera à réduire inégalité et faits de violence avec des yakafokons ou des flics en patrouille. Malheureusement, la résolution réelle et en profondeur de notre problème ne semble pas être la priorité de nos élus. En ce moment, ce qui compte le plus, c’est de se positionner pour ou contre Macron, Hamon ou Fillon dans la perspective des prochains rendez-vous électoraux français. Plus rien d’autre à l’horizon !
Dans ces conditions, pas besoin d’avoir fait Fouillole pour comprendre que l’insécurité associée au chômage et à l’oisiveté sont un mélange détonant. Nous sommes sur un baril de poudre et ce qui se passe en Guyane en est la démonstration parfaite. Immanquablement, la Gwadloup connaîtra sa crise. Outre le fait que nos politiques ne se préoccupent pas vraiment des maux de cette société de plus en plus malade, ils ne sont pas exemplaires. Les malversations, les détournements de fonds, les abus de biens sociaux et autres trafics d’influence à la Communauté de communes du Sud-Basse-Terre (CASBT) -à propos desquels CCN ouvrira bientôt le lourd dossier- ou encore le scandale de l’IME Les Gommiers, l’institut médico-éducatif de Gourbeyre, sont autant de « problèmes » qui n’incitent personne à vouloir respecter la loi.
Comment alors s’étonner des dérives violentes de nos sociétés ? Oui, hélas, nous allons vers un grand blocage ! La seule question à laquelle nous ne pouvons pas encore répondre de manière précise, est celle de la date au jour près. Mais TOUTES les conditions sont déjà réunies. La Guyane, une fois de plus, a déjà montré la voie. On se prépare ? On attend ? On fait quoi ?