Basse-Terre-Capitale. Mercredi 18 Mai 2022. CCN. C’est à l’Archipel Scène Nationale, un soir d’avril 2022, que le jeune et talentueux batteur, Arnaud Dolmen a fait sa première grande prestation devant un public guadeloupéen qui l’attendait avec une certaine impatience. En effet, en novembre 2021, la Guadeloupe apprenait que A. Dolmen qui sortait son 2ème album, était désigné comme la révélation de l’année par «Jazz magazine», et figurait de plus, dans le TOP 5 des meilleurs batteurs de Jazz.
Ce n’est pas du tout un hasard, car Arnaud Dolmen, tout comme son «grand frère» Sonny Troupé, a été très tôt initié à la musique percussive par le fondateur de l’Atelier Marcel Lollia : Monsieur George Troupe, saxophoniste gwada trop tôt disparu.
Une fois cela dit, le 09 avril dernier, le show d’Arnold Dolmen a dépassé toutes les espérances. C’est un batteur de haut niveau, qui réussit avec brio à intégrer ce jazz que l’on pourrait qualifier de Cari-Gwadloupéyen. On perçoit dans les solos de Dolmen, toute l’influence du Gwo ka, notre musique nationale , que pratiquent nombre de guadeloupéens depuis l’origine de la nation guadeloupéenne.
En dépit de ses 36 ans, Arnaud Dolmen chemine déjà, dans le sillage de tous ces grands jazzmen Cari-gwadloupéens que furent Robert Mavounzy, Al Lirvat, Edouard Mariepin, les frères Benoit, Gaby Moustache, Germain Cécé. Le jazz caribéen dans sa version gwadloup, est un «cousin» pas trop éloigné de la biguine des années du célébre Bal Nègre.
C’est à cette époque que les illustres prédécesseurs de Dolmen, ont «inventé» ce jazz caribéen qui est à la fois proche et différent du jazz Afro Américain. Arnaud Dolmen l’a bien compris; IL faut aussi le dire son jazz ne peut en aucune manière être assimilé, ni confondu avec celui de Sonny Troupé, preuve qu’à partir du gwoka, de la biguine, nos musiciens contribuent avec une grande aisance et une grande créativité, à enrichir la musique du monde.
Qu’il s’agisse d’Alain Jean-Marie, plus jazz biguine, ou du pianiste Jonathan Jurion, on sent bien que ces musiciens Cari-Gwadloupéyens, sont des créateurs.
Dolmen, est déjà pour ce jazz caribéen, une vraie révélation. Après « Tonbé lévé », il a l’autre soir à L’Artchipel ,interprété quelques uns des titres phares de son 2ème album : The Gap, Ti moun gaya, Ka sa té ké bay.: le public a apprécie.
A l’occasion de ce concert unique en Guadeloupe, que l’on peut déjà qualifier d’historique, Dolmen était accompagné de 3 talentueux musiciens caucasiens : Leonardo Montana (piano), Samuel F’hima (contrebasse) et Ricardo Izquierdo (saxophone).
Cette représentation à l’Artchipel s’est achevée avec la superbe prestation de «la bande à Carnot», ces jeunes musiciens et chanteurs exceptionnels, coachés par Christine Chalcol (professeure agrégée de musique), qui ont brillamment donné la réplique à A. Dolmen. Le talentueux musicien gwadloupéyen fait désormais partie des artistes de jazz les plus plébiscités de sa génération. Il est considéré par ‘Jazz magazine comme l’un des cinq meilleurs batteurs actuels en France. Début mai les Victoires du Jazz ont mis en lumière son talent. Il a accepté de répondre à CCN : interview exclusive.
Arnauld Dolmen (AD). Ma musique, je la définis comme du jazz avec de fortes influences guadeloupéennes. Le fait de vivre aussi à Paris depuis plus de 10 ans maintenant, m’apporte d’autres influences venues d’ailleurs, . Et puis comme je suis vraiment fan absolu de la musique guadeloupéenne, , du gwo ka traditionnel mais aussi du gwo ka modèn de Gérard Lockel, de Kafé, d’Horizon, du Gwakasonné, etc, enfin tous ceux qui ont contribué à donner à notre musique toute sa dimension… Mais je suis aussi fan de jazzmen afro américains tels que: Sonny Rollins, John Coltrane mais aussi du jazz New yorkais actuel de Gérald Clayton. Donc, c’est tout naturellement que je fais le mix entre ces deux mondes ,car il y a beaucoup de similitudes en fait. Je m’aperçois que c’est vraiment une musique créée par un même peuple déporté,; Que ce soit aux USA ou dans les Caraïbes nous sommes tous les descendants des Africains déportés dans différents continents, donc du coup c’est quelque chose qui me parle. Et au-delà de cela je travaille aussi la musique classique, donc je mets tout cela dans ma musique…. et du zouk aussi car il fait partie aussi de la musique guadeloupéenne, voilà… Il ne faut surtout pas oublier le gwo ka c’est la base du zouk, donc je fais un mix de tout ça et ça donne la musique que je propose aujourd’hui.
CCN : On vous a classé dans le top 5 des “drummers”..
AD. Quand j’ai été classé parmi les meilleurs batteurs, au fond de mon cœur, j’ai été très heureux ; voilà, c’est un prix donné par de grands magazines spécialisés. J’étais content, j’ai pensé à ma Guadeloupe natale, bien évidemment et ça m’a surtout donné de la force pour aller de l’avant, pour continuer à travailler et de croire en ce que je suis.
CCN. Vous avez été formé par Georges Troupé…
AD. Apprendre la musique avec lui c’était quelque chose vraiment d’incroyable, en fait plus je grandis, plus je vois que Georges Troupé était vraiment un génie de l’éducation. En fait je n’aime pas parler de lui au passé parce que pour moi il est toujours là. Toutes ses paroles et ses conseils résonnent encore dans ma tête. il a fait quelquechose de vraiment extraordinaire en Gpe . A mon avis on ne mesure pas encore assez l’importance de ce musicien -éducateur que ce soit en Gpe et même dans le monde. En fait c’est vraiment un grand. …Et je vous l’avoue, j’avais un lien vraiment privilégié avec lui, …
CCN. Votre actu ?
Mon actualité : je continue à accompagner pas mal d’artistes de jazz en France et surtout je défends un projet qui se nomme « Adjusting », c’est mon 2e album après « Tonbé lévé ».
Le 20 avril à Paris, j’ai joué au New Morning, pour faire la sortie parisienne de « Adjusting ».
Après vous pouvez me suivre sur les réseaux sociaux pour voir un peu mon actualité, j’accompagne énormément de personnes…
Interview Danik I. Zandwonis