De l'histoire méconnue des premiers esclaves blancs de la Guadeloupe
Mon approche de l’histoire de la Guadeloupe est pour l’essentiel d’ordre anthropologique, d’où l’incompréhension de mes analyses par certains intellectuels, et la grande incompatibilité de mes thèses avec l’approche livresque et purement didactique de nos historiens. C’est pour cette raison selon moi que cette affaire de l’histoire des premiers esclaves blancs de la Guadeloupe , les Irois , relève de l’histoire méconnue et oublié des historiens…esclaves blancs en Guadeloupe et Haïti. N’oublions pas qu’ aujourd’hui encore , il existe à Haïti une commune qui s’appelle les irois et à Marie-Galante une baie des irois, et dans la ville de Basse-terre au lieu dit calebassier une batterie militaire des irois . Et que dire de la mer d’iroise ou était débarqué les Irlandais esclaves vers la Guadeloupe et Haïti. (L’origine du nom Iroise est obscure. Selon le chanoine Jourdan de La Passardière, il pourrait provenir du féminin de l’ancien nom Irois. Ce serait une allusion aux Irlandais qui empruntaient ce passage en arrivant aux côtes bretonnes.)
Cela étant dit, j’ai l’avantage de porter à votre connaissance que d’après de nouvelles recherches sur les irois ( esclaves blancs) d’origine irlandaise de la Guadeloupe ), j’ai acquis la conviction que les masques carnavalesque de la commune de vieux fort relèvent bien d’une tradition irlandaise. Ces masques dont l’origine est inconnue jusqu’à présent sont issus de la tradition irlandaise de la fête de Saint Patrick. L’origine de ce carnaval des irois de Guadeloupe est incontestablement irlandaise, et c’est la plus vieille tradition culturelle connue dans notre île . Cette manifestation carnavalesque demeure toujours un mystère, mais les fortes ressemblances avec le carnaval de Montserrat laissent interrogateurs nombreux ethnomusicologues. Ces ressemblances sont certainement dues aux nombreuses transactions entre Vieux Fort et Montserrat qui a un temps été peuplé d’une grande quantité d’esclaves blancs d’origine irlandaise.
De nombreuses autres traditions entourent les Mas Vyéfò. Au début, le départ des défilés des Mas Vyéfò se faisaient dans le bik à mas, endroit tenu secret à l’Anse Dupuis où les hommes se retrouvaient à la sauvette pour se déguiser. Était – ce une forme de marronage ?
Voilà une nouvelle énigme de l’histoire de la Guadeloupe que nous tenter de décrypter, à savoir la signification et les origines du mot marronage.
Pour le dictionnaire, la définition de marronage est la suivante : Pourquoi esclave marron ?
« Le mot MARRON vient de l’espagnol cimarrón et signifie «s’échapper, fuir» ; il désignait d’abord les animaux domestiques qui devenaient sauvages. En français, le mot s’étendit d’abord aux Blancs engagés qui fuyaient leurs mauvaises conditions de travail. »
Je constate que ce dictionnaire fait état de blancs engagés qui vraisemblablement sont les esclaves blancs irois de l’époque. Bref, ce qui nous intéresse c’est l’origine du terme marronage.
Pour moi, le terme marronage est apparu dans le langage populaire et utilisé par les historiens dans une conception erronée de l’histoire en Guadeloupe. Pour ce qui me concerne, en dépit du signalement d’un camp de marrons dit de Kellers sur la commune de Lamentin, il n’y a jamais eu de camp établi et structuré de marronage en Guadeloupe, ayant donné lieu à des révoltes d’esclaves, mais l’existence de quelques esclaves individuellement en fuite. En effet, j’ai acquis à travers mes recherches personnelles la conviction que l’origine du terme marronage vient du mot marron (en fait des châtaignes) que les esclaves qui s’échappant dans la forêt consommaient pour se nourrir. Ainsi, au 15ème, 16ème, 17ème siècles, les forêts de la Guadeloupe étaient couvertes de châtaigners. D’ailleurs dans ces forêts de châtaigners, on pouvait trouver à foison des cochons sauvages lâchés par les premiers colons espagnols du 16ème siècle comme réserve de viande. Ces cochons sauvages étaient nourris par les châtaignes et sont les ancêtres de nos cochons créoles noirs, autrement appelés « cochons planches ». Voilà la vérité historique de la formulation du terme marronage.
A noter par ailleurs que la culture de la châtaigne se développe en France au Moyen-Age jusqu’au XVème siècle où les contrats de métayers ne cessent de le mentionner. L’apogée des plantations se situe au XVIème et XVIIème siècles. L’intendant du Limousin note en 1698 : « […] tout le pays est couvert par quantité de bois de châtaignier dont le fruit fait la principale nourriture des habitants […] ». C’est en 1842 que le colonel Dumas lance l’expression qui deviendra célèbre d’« arbre à pain. »
Le cas de la châtaigne en Corse est emblématique. une grosse partie de la production est consommée directement sous les châtaigniers par les porcs, dont on fait une charcuterie de haute qualité.
Avant que les colons n’arrivent en Guadeloupe, les habitants amérindiens utilisaient le manioc, qui est toujours présent dans la cuisine antillaise (farine de manioc), mais aussi la châtaigne. Ils fumaient la viande sur du bois vert, à la façon « boucané avec des châtaignes » dont nous pouvons toujours nous régaler aujourd’hui.
D’ailleurs, en Guadeloupe au 16ème siècle, la châtaigne (une variété différente de celle de la France) était à la base de l’alimentation des irois qui était en fait des esclaves blancs ni plus ni moins.
A noter dans la continuité de l’histoire des esclaves blancs irois, un élément totalement ignoré des historiens, c’est l’histoire des premières exploitations coloniales de mise en valeur des Antilles avant le tafia, le tabac, le coton, l’indigo, le café le cacao, le rhum, le sucre …
Cette histoire ignorée c’est en premier lieu celle de la pêche des lamentins, des esturgeons, des baleines dans la mer des caraïbes par les vikings, et l’élevage des racoons (ratons laveurs) ainsi que l’exploitation des salines par les vikings pour la conservation de la nourriture. Ceci dit en passant , contrairement à la légende, les chapeaux Salakos sont bien d’origine caraïbes et non tonkinoise. Ces chapeaux étaient portés pour se protéger du soleil dans les exploitations de sel à terre de bas et surtout terre de haut. A l’origine ces chapeaux étaient tressés avec du rotin et bien après il y a eu l’ajout de toile.
Après l’épisode vikings, l’on va assister à l’exploitation du bois exotique en Guadeloupe par les premiers colons dès 1640, et qui va faire l’objet d’un commerce d’exportation vers l’Europe (ACAJOU ROUGE, AMANDIER, BOIS DOUX, BOIS DE ROSE, BOIS D’INDE, COURBARIL, LAURIER ROSE, MAGNOLIA, MAHOGANY, MARBRI, POIRIER, RESOLU’, GAIAK, GOMMIER)
Concernant les espèces les plus susceptibles d’être utilisées pour l’exportation vers l’Europe, le père Breton en cite deux dans son dictionnaire : le chibou/gommier blanc (1665, p. 144 et 251) et l’ouboüeri/acajou rouge5 (ibid., p. 252). La Dissertation sur les pesches des Antilles cite aussi ces deux espèces au sein d’une liste beaucoup plus conséquente d’essences originaires des Antilles comme des Guyanes ayant fait l’objet d’une exploitation coloniale en Guadeloupe.
Entre 1621 et 1665, l’Irlande fournira aux colons anglais et français la grande majorité de leurs esclaves blancs, en contrepartie du bois et du tabac, qui furent les premières productions coloniales des Petites Antilles. On retrouve le nom irlandais de Bermingham dans une ancienne habitation à baie-mahault en Guadeloupe dont le premier propriétaire était forestier.
Un peu plus tard, l’on note la présence des esclaves blancs irois dans les plantations de cotons de vieux fort et de la Côte sous le vent. Aussi, il est signalé l’existence des irois dans les moulins à rhum (tafia) de baillif, et dans les indigoteries de trois rivières et de terre de bas. A noter également la présence des irois dans les fours à chaux de trois rivières et des Saintes. Terre de bas a fait l’objet d’une exploitation intensive de bois à usage de parfum et teintures exportés vers l’Europe au 17ème et 18ème siècle.
L’histoire nous apporte un élément totalement novateur sur monsieur Grizel de Sainte-Marie, propriétaire de poterie à Terre-de-Bas. Les poteries étaient utilisées pour expédier des essences de parfum en Europe. D’ailleurs, l’on compte encore à terre de bas de nombreuses essences aromatique et tincturiales d’arbres comme le merisier dans la forêt de terre de bas. La production de parfums et poteries, avec la main d’œuvre servile des irois, c’était la principale richesse de terre de bas.
Dans un livre intitulé « Colons et engagés aux Saintes du XVIIème au XIXème siècle – de monsieur PERON Patrick, cet auteur a recensé plus de 400 patronymes d’origine irlandaise de descendants des personnes venues s’installer et travailler en Guadeloupe dans les grandes habitations du sud Basse-Terre dont les Saintes faisaient partie.
Un autre pan de l’histoire de Guadeloupe concernant les irois est à creuser par nos historiens. Pourquoi 1500 hommes de Guadeloupe et d’Haïti ont été déportés en 1802 à Brest, une période de l’épopée de Delgres?
J’ai entrepris des recherches mais ce que j’ai trouvé est bien maigre. Encore un pan de l’Histoire secrète de la Guadeloupe occulté à dessein ?
Vraisemblablement, on ne saura jamais la vérité de la bouche des autorités françaises sur cette affaire de déportation de 800 Guadeloupéens. Pourtant, les archives existent bel et bien sur cette période de l’histoire. Que s’est-il passé ?
Pourquoi avoir déporté en France des insurgés qui luttaient contre le rétablissement de l’esclavage par Napoléon et que l’on aurait dû exécuter sur place en Haïti et en Guadeloupe selon toute logique ?
Qui étaient ces 800 hommes déportés et pourquoi aucune mention de cette affaire des historiens surtout Guadeloupéens ?
Qu’est-ce que ça cache ou révèle de l’épopée de Delgrès ?
Après moults réflexions sur cet épisode de notre histoire, la seule explication tout à fait réaliste qui me vient à l’esprit est que ces 800 hommes étaient très certainement des irois (esclaves blancs irlandais en Guadeloupe) qui ont combattus au côté de Delgrès contre le rétablissement de l’esclavage. Napoléon n’aurait jamais envoyé 1500 esclaves noirs en France, vu le contexte troublé de l’époque en France avéré par les historiens. Jamais il n’aurait assumé une telle charge financière pour des « nègres » insurgés et qui logiquement aurait dû être passé au fer sur place. Une telle entreprise ne repose sur aucune logique, hormis celle de mon explication des esclaves blancs irois de Guadeloupe et d’Haïti …
L’attitude idéologique de certains historiens Guadeloupéens est pathétique dans le déni de réalité. Pourquoi continuer à nier l’histoire d’esclaves blancs aux Antilles, malgré l’existence de nombreux éléments probants, alors même que le servage qui était un esclavage de fait, a persisté en France jusqu’à 1779 ?
Nos compatriotes Guadeloupéens devraient se pencher sur cette période du servage en France.
Quelle est l’origine du mot serf ?
(XI e siècle) Du latin servus (« serviteur, esclave »).
Le terme « servage », qui recouvre une réalité difficilement saisissable, peut se définir comme la situation juridique des personnes non libres, à partir du xe s. dans la féodalité occidentale. Par la suite, le mot a pu s’appliquer dans le monde entier pour qualifier diverses formes de privation de liberté.
Au Moyen Âge, liberté et servitude sont des notions relatives ; À cette première cause de confusion s’en ajoute une autre : le mot servus, qui désigne au haut Moyen Âge l’esclavage, continue à être utilisé par la suite pour désigner, parallèlement à d’autres expressions, le serf.
L’esclave de l’époque carolingienne est reconnu comme étant un homme, étroitement soumis à son maître, il n’a pas de personnalité juridique ; il ne peut rien posséder, ne peut se marier, ne peut faire le service militaire ni devenir clerc.
Ainsi, le serf est la chose du maître ;
Au xie s. et au début du xiie s., la différence entre l’homme libre et le serf est floue. On relève que le servage est héréditaire.
Le serf n’est pas libre de ses mouvements et ne peut quitter la seigneurie sans autorisation du seigneur (c’est ce que l’on appelle déguerpir). En cas de fuite, il est pourchassé et le seigneur chez lequel il s’est réfugié doit le rendre à son ancien seigneur.
Celui qui se marie avec une femme libre ou étrangère à la seigneurie lui communique sa servitude (c’est le formariage).
De ce fait, les serfs peuvent être vendus ou donnés en même temps qu’une terre. En ces occasions, on peut séparer les membres d’une même famille.
Le mot servage vient du latin servus qui signifie « esclave ». en effet, le servage est un système proche de l’esclavage. Notons le système du droit de cuissage, appelé aussi droit de jambage et parfois droit de dépucelage, selon laquelle un seigneur aurait eu le droit d’avoir des relations sexuelles avec la femme d’un vassal ou d’un serf la première nuit de ses noces (jus noctis primae).
C’est un état de dépendance du type esclavagiste. Dans ce système, les paysans appartiennent, en quelque sorte, au noble ou au seigneur qui possède la terre sur laquelle les paysans vivent.
Par l’Édit du 8 août 1779, le roi Louis XVI abolit le servage (c’est-à-dire la « servitude personnelle et réelle ») sur les domaines royaux de France.
Voilà plus de 4 mois que mon premier article sur les irois, esclaves blancs de la Guadeloupe, est paru dans la presse, et on m’avait dit à l’époque que la société d’histoire de la Guadeloupe allait faire une mise au point publique, et certains historiens ont décrété tout de go qu’il fallait porter la contradiction à Jean Marie Nol. Mais contradiction sur quelle base historique ?
A ce jour, je suis toujours dans l’attente de cette fameuse mise au point destinée à nier la réalité des faits …Sic !
Jean Marie Nol