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Débat CCN/ZCL : Quel avenir pour la Guadeloupe ? (3)

FRANCE/GUADELOUPE : UN « JE T’AIME MOI NON-PLUS » ÉTERNEL ?

Débat CCN/ZCL : Quel avenir pour la Guadeloupe ? (3)

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Pointe-à-Pitre. Samedi 21 septembre 2024. CCN. La Rédaction de CCN a souhaité avoir le point de vue et l’analyse de 3 contributeurs sur l’avenir politique de notre pays.

Nous avons débuté avec l’article Christelle Nanor, auteure de “Le Rêve Guadeloupéen” publié  sur CCN  le 6 septembre. Nous continuons à nourrir le débat CCN avec 2 autres contributions :

*Georges Combé ex-prof de philo, observateur attentif et critique de la situation politique de son pays. Fondateur de la revue “Etudes Guadeloupéennes”. Son article “l’Exigence de se prendre en mains” et une analyse rigoureuse de la Guadeloupe de cette fin 2024.

La 3è contribution ( ci-dessous)  très lucide, est celle d’Eric Coriolan, militant engagé très actif sur les Médias Sociaux d’Infos, où il s’exprime régulièrement et très librement sur tous les sujets d’actu de la Guadeloupe.

Mardi 24 septembre à 12:30  ils seront tous les 3 en direct dans le ZCLNEWS pour un débat.

FRANCE/GUADELOUPE : UN « JE T’AIME MOI NON-PLUS » ÉTERNEL ?

by Eric Coriolan

Une relation compliquée

Aussi loin que puisse remonter ma mémoire de l’observation de la vie politique en Guadeloupe, la relation France/Guadeloupe est une histoire jonchée de paradoxes que même le meilleur des psychologues aurait du mal à expliquer.

« Français » et « Guadeloupéens » restent quoi qu’on en dise des notions distantes pour beaucoup des habitants de notre pays , conquis par la colonisation, mais jamais vraiment considéré comme un bout de France « à part entière », ni par les français, ni par de nombreux Guadeloupéens.

2/ La résilience en héritage ?

Les catégories sociales ou sociétales qui tiraient avantages de cette « Francité » se sont réduites au fil des années, une fois digérée l’immédiateté matérielle de leur existence, et lorsqu’ils commencent à prendre conscience que leurs descendants n’hériteront que d’une grenade dégoupillée, dont on ne sait quand elle tombera.

Noirs, blancs, indiens, syro-libanais, qui sont établis ici et qui y ont fondé familles, entreprises, en développant une notion d’appartenance, ont bien conscience que cette France « chérie » n’a rien fait de « fondateur » dans son histoire commune avec la Guadeloupe, pour que leurs enfants continuent à brandir “la fierté Française” en étendard. La conscience n’est pas récente, mais beaucoup se sont accrochés à des espoirs vains de développement. Ils ont donc adopté la résilience, un terme devenu très en vogue !

Mais peut-on sérieusement se résoudre à laisser comme héritage politique, social, et sociétal à ses enfants, petits-enfants, et arrières petits-enfants, la résilience. La réponse ne souffre d’aucune ambiguïté pour quiconque de normalement constitué, et c’est NON.

Anecdotes importantes

Pour avoir eu l’occasion de discuter avec de nombreuses personnalités de catégories sociales, d’origines ethniques, et de bords politiques éclectiques, la défiance envers la France est la même, avec des nuances sur les solutions à envisager.

La conscience de la nécessité d’une « rupture » n’est plus un tabou. Seul le niveau et les modalités de cette « rupture » demeurent des éléments susceptibles de générer quelques freins.

Trois « assimilés békés » (parce qu’un seul d’entre-deux l’était vraiment !) chefs d’entreprises, me faisaient les réflexions suivantes :

  • (Le premier) : « J’en ai marre de ces « petits blancs-becs », qui débarquent ici et viennent postuler sans connaissance de notre pays et des gens qui y vivent. Ils viennent en donneurs de leçons. Je préfère de loin embaucher nos Guadeloupéens, sauf lorsque je ne trouve pas les compétences en local. Les politiques ne font pas leur travail dans le secteur de la formation. L’embauche locale serait bien mieux privilégiée si les formations existaient et étaient en adéquation avec nos besoins ».
  • (Un autre [le vrai béké] à qui je demandais son avis sur l’indépendance de la Guadeloupe) : « On aurait pu y parvenir dans les années Mais aujourd’hui c’est impossible. Á l’époque nous avions un regard intéressé sur cette solution, mais lorsque cela a pris la tournure raciale avec des affichages ‘’blan dèwò’’ ‘’béké dèwò’’, nous avons pris du recul. Entre-temps la France a accentué l’assistanat ce qui a tué toutes envies de prises de responsabilités et de rupture ».
  • (Le troisième, plus récemment) : En me désignant un porte-drapeau qui se trouvait derrière son bureau sur lequel se trouvaient, dressés à droite et à gauche les drapeaux Français et Européen et un trou vide au centre : « Regarde Éric, d’après toi pourquoi je n’y ai encore rien mis ! D’après toi, pourquoi ? Moi : « Dis-moi ! ». Lui : « parce que je refuse que l’on choisisse pour moi ! Il est réservé à celui de la Guadeloupe. Lorsqu’il fera l’objet d’un consensus de tous les Guadeloupéens ». Lui, à la fin de la discussion : « Moi je suis pour un hub portuaire, aéroportuaire, et même financier, pour tendre vers le plein emploi des jeunes. Avec ça on peut envisager même l’indépendance, crois-moi ! Un pays avec tant de chômage ne peut pas raisonnablement envisager quelque rupture que ce soit avec la France ».

J’ai pris le temps de relater ces trois extraits de discussions pour montrer que même chez ceux que l’on pourrait imaginer comme les plus réfractaires à toute idée de « rupture », le logiciel est en mode « upgrade ».

Sans développer sur les projets, le calendrier, les objectifs et les méthodes des uns et des autres, de mes interlocuteurs ci-dessus, on est en droit de se questionner sur le travail effectif des élus, qui restent encore, à de très rares exceptions, ceux qui semblent le plus effarouchés par ces débats et ces questions, alors qu’ils devraient être à leur initiative dans les différentes collectivités et dans la population. Force est de constater qu’ils restent sur un calendrier et des initiatives françaises, alors que beaucoup de corps intermédiaires sont dans des dispositions historiques, économiques, et politiques pour « aller plus loin » que les diverses préconisations gouvernementales « d’évolutions ».

Est-ce par « confort électoral », paresse intellectuelle, manque de visions et de projet fondateur ?

« Français » ou « Guadeloupéens » ? That’s the question

Je crains malheureusement que dans la tête de certains, « Le Pays Guadeloupe » ne raisonne comme « Pays de la Loire » ou « Bassin d’Arcachon » …

Sommes-nous par exemple, contraints à l’alignement sur la politique française, en dépit de notre histoire, de notre culture, de notre peuplement ?

  • Soutient « inconditionnel » à l’Ukraine et Israël dans sa vengeance en Palestine
  • Alignement atlantiste
  • Propagande d’État LGBT frôlant le prosélytisme sous prétexte de progressisme et de droits des « minorités »
  • Agenda du World Economic Forum

Alors que la France nous démontre chaque jour que nos intérêts supérieurs, notre santé, notre jeunesse, notre culture, ne sont ni sa priorité, ni même sa préoccupation majeure à 7000 kms, et ce quelle que soit notre origine ethnique.

Ou avons-nous un « NOUS » à présenter et faire valoir à la face de ce monde de plus en plus

Le contexte politique Français actuel et son impact sur l’avenir de la Guadeloupe

La « démocratie » française du moment se traduit par les volontés et les comportements d’un homme, Emmanuel Macron, dont l’idéologie qui lui est dictée par Davos est le gommage des peuples. Cette créature médiatique placée par le Système à la tête de l’Etat Français pour banaliser l’exception des peuples, y compris celui de la France et la faire rentrer dans le rang de la globalisation. L’habilité de l’homme, la puissance des forces qui l’entourent et sa détermination aussi bien à neutraliser les corps intermédiaires qu’à stériliser les oppositions politiques, le rendent redoutable.

Il est En Marche vers une uniformisation mondiale qui est la feuille de route en puissance du World Forum Economic.

Après une dissolution de l’assemblée nationale Française, et moult tergiversations précédant la nomination du très Européiste Michel Barnier, lui-même habitué des réunions annuelles de Davos, Emmanuel Macron poursuit inéluctablement le projet dont il a la charge en France. L’agenda 2030 et ses 17 Objectifs de développement durable (ODD). Ils couvrent l’intégralité des enjeux de développement dans tous les pays, tels que le climat, la biodiversité, l’énergie, l’eau, la pauvreté, l’égalité des genres, la prospérité économique ou encore la paix, l’agriculture, l’éducation, la désinformation, etc. ça c’est la version « fourre-tout » présentée aux peuples, mais derrière ces bonnes intentions affichées au grand public, la réalité de ce projet est la disparition des libertés fondamentales et particulièrement d’expressions, des particularismes territoriaux, des cultures, de la propriété privée, etc.

Sous l’apparence d’un ordre multilatéral coordonné et harmonieux, les peuples sont mis en coupe réglée pour enrichir une infime minorité de possédants à la solde de qui des gouvernements corrompus et autoritaires œuvrent sans état d’âme. Cet Agenda se déroule dans la hâte et la violence sous nos yeux depuis plusieurs années, mais nous n’y avions pas forcément pris garde. En tout cas, progressivement, on comprend ce vers quoi il tend : l’asservissement généralisé dans un ordre bipolaire où Chine et Etats-Unis espèrent constituer de nouveaux blocs dociles et rentables.

L’annonce de candidature présidentielle de l’ancien premier ministre Édouard Philippe s’inscrit précisément dans ce projet En Marche, et la nomination de Michel Barnier pourrait bien être un élément du teasing servant son projet présidentiel.

FRANCE/GUADELOUPE : UN « JE T’AIME MOI NON-PLUS » ÉTERNEL ?Tout comme le prédécesseur de Michel Barnier à Matignon, Gabriel Attal, Édouard Philippe fait partie des Young Global Leaders, qui ont la « bénédiction » de Davos.

Doit-ce être une fatalité pour la Guadeloupe que de suivre et d’appliquer l’Agenda Davossien déroulé par la France ? Qui aborde ces sujets chez-nous ?

Et notre jeunesse ? Elle en dit quoi ?

FRANCE/GUADELOUPE : UN « JE T’AIME MOI NON-PLUS » ÉTERNEL ?

Elle a très bien compris qu’elle est la première catégorie sacrifiée. Dès qu’elle en a l’opportunité, elle quitte le pays, pensant que l’herbe est plus verte ailleurs. Ceux qui restent ou qui reviennent tentent ce qu’ils peuvent pour résister en apportant leur contribution à des mouvements de colère, comme en 2021 lors de l’opposition populaire à l’obligation vaccinale, ou plus récemment et dans une moindre mesure à un remake de « protestation contre la vie chère » initié par un lanceur d’alerte martiniquais.

Combien de temps allons-nous assister, passifs, à ce dépeuplement ? Marche inexorable vers la disparition du peuple Guadeloupéen si rien n’est engagé pour inverser le processus.

Sommes-nous condamnés à un combat perpétuel pour « manger » ou pour des moyens de nous mettre « à la hauteur » du système, ou devons-nous construire le nôtre en préservant la défense et les intérêts du plus grand nombre, quitte à les déplacer ? Qui est prêt à en débattre chez nous ?

Pour ceux qui prennent le temps de réfléchir un tant soit peu, la France ne semble plus si « chérie » que ça chez nous. Nos problèmes endémiques, chômage des jeunes, problèmes d’eau, de cherté de la vie, etc, s’accentuent avec le temps, et au fil des gouvernements, et ne semblent pas être les préoccupations de l’État français.

Le citoyen que je suis, appelle à la nécessité impérieuse d’un débat « Guadeloupéano-Guadeloupéen » avec tous, et au-delà des notions galvaudées, de décentralisation, d’autonomie, de domiciliation du pouvoir ; sur la poursuite ou la rupture de cette relation.

Le Larousse décrit la formule « Je t’aime moi non-plus », comme la relation ambiguë et contradictoire entre deux personnes ou deux entités, qui se cherchent autant qu’elles se fuient, se repoussent. Elle ne peut se résoudre que par une mise au point claire et sincère ou la rupture, et suppose que les deux parties se portent un respect mutuel pour que cela se passe sans heurts et sans violences.

Je crois aux peuples, je crois au peuple Guadeloupéen, je crois à son intelligence et à son droit inaliénable à l’autodétermination.

L’Agenda dont je parle plus haut est le fait d’une caste, en rien un scénario inévitable. Il appelle, de la part des peuples, un effort de conscience, et la mise en place d’une véritable stratégie de sécession en intelligence. Cela se prépare et s’organise, même dans ce que certains appellent le « statu quo ».

On commence les discussions quand ?

Éric CORIOLAN

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