Et maintenant, dans quelle direction orienter nos pas ?
Pawol Lib (Libre Propos) est une nouvelle rubrique de CCN. Notre rédaction propose donc à tous les progressistes qui le souhaitent un espace de communication, une tribune dont le but principal est de porter une contribution au débat d’idées qui fait cruellement défaut dans notre pays. Les points de vue exprimés dans « Pawol Iib » n’engageront pas nécessairement la ligne éditoriale de CCN mais il nous semble indispensable que les intellectuels, la société civile aient la possibilité de pouvoir très librement opiner dans nos colonnes.
Le premier tour des élections législatives nous a livré les choix de nos concitoyens en France et en Guadeloupe.
Ce sont deux projections différentes auxquelles il faut se livrer.
En France un électeur sur trois apporte son soutien à un parti qui n’a jamais rompu formellement avec ses origines. Celles des courants de pensée néo-nazis. Celles, racistes et antisémites, progressivement supplantées par une xénophobie anti immigrant plus générale substituant l’origine étrangère et la différence religieuse à la couleur de la peau comme nouveaux marqueurs d’une altérité refusée.
Un élu sur deux relèvera après le deuxième tour des élections législatives d’une droite radicale.
Le Front de Gauche miraculeusement constitué malgré quelques pantomimes isolées nous assure d’une base de résistance parlementaire qui, espérons-le, nous protègera du pire et pourra être la base de reconquêtes futures.
La maladie qui frappe les institutions de ce grand pays, la France, s’exprime moins dans sa représentation parlementaire,
reproduction d’une population malmenée et déclassée, que dans la fragilité de sa présidence.
Que l’élément de faiblesse de la gestion de l’Etat, le point de rupture potentielle, touche aujourd’hui la présidence de la République montre combien les institutions sont vulnérables et combien pour chacun d’entre nous, il faut espérer le meilleur mais se préparer au pire !
En Guadeloupe les urnes nous disent qu’elles sont boudées par deux électeurs sur trois.
Elles nous disent la force du rejet des récentes politiques nationales incarnées par le président et ses ministres alors même que ne se bousculent pas les mea-culpa de celles et ceux qui, ici, ont contribué à son installation.
Elles nous disent le cuisant échec des coalitions à la Région et au Département et l’échec personnel des présidents de nos Assemblées locales.
Elles nous disent que ce rejet et ces échecs ont alimenté le progrès du Front National et ses représentants en Guadeloupe malgré notre histoire qui aurait dû nous immuniser.
Mais elles nous disent aussi la confiance faite au premier tour, envers les députés sortants, ayant fait le job à défaut d’avoir porté des modifications majeures au quotidien des citoyens.
Alors, il semble nécessaire en premier lieu de renforcer un front d’élus venus des pays des anciennes colonies qui soit en mesure de voler au secours de la République en France. A commencer
par mon camarade du PPDG, Christian Baptiste, dans la deuxième circonscription. Souvenons-nous de Louisy Mathieu, un des nôtres, ancien esclave devenu député qui permit par ses votes le maintien de la IIe République.
Il faut dans les quatre circonscriptions ne laisser aucune place à la marque brune de l’extrême droite.
Il faut ensuite recentrer notre action sur l’avenir de la Guadeloupe et de ses enfants.
Celui-ci ne peut s’envisager que si tous les efforts aboutissent à y créer une économie plus autocentrée, plus productive, plus créatrice de richesses, plus soucieuse de la préservation et de l’entretien du territoire. Des efforts qui visent à l’autosuffisance alimentaire, l’exploitation d’énergie verte, une véritable ouverture vers d’autres marchés économiques, la rupture avec un capitalisme monolithique qui entretien la vie chère et le chômage.
Il faut, en 2024, enterrer définitivement la départementalisation et la gestion décentrée en Guadeloupe des lois produites à Paris.
Il faut enfin se penser en pays autonome.
Et pour cela tout à la fois écrire le projet politique et y inscrire notre devenir, rédiger nous-même une loi organique outil ensuite de nos discussions avec l’Etat.
Demander à nos députés de s’investir avec radicalité dans ce dialogue.
Surtout porter le débat dans la vie quotidienne de notre population, les familles, les syndicats, les comités d’entreprise, les associations.
Rien ne se fera sans la population mais ce n’est pas en lui demandant au dernier moment et abruptement son inclinaison vers un article de constitution, quel que soit son numéro, que l’on obtiendra demain son accord.
C’est en posant des questions à débattre des aujourd’hui dans chaque domaine de compétence. C’est en relevant les réponses apportées par tous et en les évaluant que l’on créera les conditions d’un débat apaisé et que nous progresserons.
Voilà où orienter nos pas.
Jacques Bangou,
Élu municipal, ancien maire de Pointe-à-Pitre Vice-président de Cap Excellence
Président du PPDG
1er Juillet 2024