Retour sur le Grand Forum Illettrisme de Villers Cotterêts
Paris. Mercredi 30 octobre 2024. CCN. Le jour dédié au refus de la misère (17 octobre), l’Agence Française de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI) a organisé un forum à la Cité Internationale de la langue française à Villers Cotterêts afin de rassembler les acteurs engagés dans une politique inclusive contre l’illettrisme. Ce forum avait pour objectif de co-construire la feuille de route de l’ANLCI pour les cinq prochaines années et de rappeler l’importance des compétences fondamentales dans notre société. Une délégation de Guadeloupe, composée de diverses figures du secteur éducatif et social, a participé aux discussions.
Après un mot d’accueil de la directrice de la Cité, plusieurs personnalités ont apporté leurs contributions :
Christian Janin, président de l’ANLCI, a souligné l’importance des témoignages sur l’illettrisme, qui doivent guider les actions à mener. Il a également évoqué les nouveaux financements pour 2024 et la nécessité de réviser les stratégies de l’agence. Le choix de la date est symbolique, le forum coïncidant avec la Journée mondiale du refus de la misère, afin de mettre en lumière le lien entre illettrisme et pauvreté.
Astrid Panosyan-Bouvet, ministre française du travail, a rappelé que 1,4 million de personnes en France souffrent d’illettrisme, représentant 4 % de la population. Elle a insisté sur l’importance des compétences de base et a évoqué le besoin d’évaluer la situation actuelle concernant le phénomène de l’illettrisme et de l’illectronisme, qui rend l’accès à l’emploi plus complexe. Elle a fait état de programmes efficaces qui ont permis de réduire le taux d’illettrisme, mais a insisté sur la vigilance nécessaire dans un monde du travail numérisé.
Hervé Fernandez, directeur de l’ANLCI, a remercié les participants et a appelé à une action collective face aux défis persistants. Il a proposé trois axes de travail :
Analyser la réalité,
Proposer des solutions concrètes, e
Unir les efforts des différentes parties prenantes.
Le forum a également permis de présenter des données récentes sur l’illettrisme et l’illectronisme en France, précisant que l’illettrisme concerne les adultes scolarisés ayant des difficultés avec les compétences de base, tandis que l’illectronisme englobe les difficultés d’utilisation des outils numériques. Une enquête de l’Observatoire de l’illettrisme a révélé que 4 % des personnes de 18 à 64 ans sont concernées, avec un risque accru dans nos regions. La pauvreté et le manque de diplôme augmentent les difficultés, rendant essentiel l’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité.
M. Fernandez a également retenu l’attention sur les difficultés numériques et l’accès aux démarches administratives dématérialisées, mettant en avant l’urgence de financements durables et de structures adaptées pour répondre aux besoins des personnes en difficulté. La nécessité de contextualiser l’apprentissage en intégrant les langues maternelles et les réalités culturelles a été soulignée.
La Compagnie ALYS, engagée dans la lutte contre l’illettrisme, a présenté des méthodes innovantes qui combinent art et pédagogie pour sensibiliser et éduquer. Des ateliers interactifs ont permis aux participants de réfléchir sur les freins et les leviers pour avancer ensemble dans la lutte contre l’illettrisme.
Les participants ont été invités à travailler sur cinq thèmes : les jeunes, les définitions de l’illettrisme, l’illectronisme des personnes illettrées, l’accompagnement local, et la qualité de la formation. Une restitution des travaux est prévue pour décembre 2024.
La table ronde finale a rassemblé des intervenants notables tels que Valérie Michel Moreaux, Préfète des Vosges, Gilles Adelson, Maire de Macouria en Guyane, Hervé le Saux, directeur à Véolia, et Aline Le Guluche, auteure engagée dans la lutte contre l’illettrisme. Chacun a partagé son ressenti sur cette journée, soulignant des thèmes tels que la confiance, l’émotion et la nécessité de travaux collaboratifs.
Hervé le Saux a annoncé la création d’une “coopérative des solutions” pour discuter des reconversions professionnelles, tandis qu’Aline Le Guluche a plaidé pour des initiatives visant à aider les jeunes accédant au marché du travail. Gilles Adelson souligne que la lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme requiert des approches personnalisées selon les spécificités régionales, tout en appelant à une collaboration entre acteurs politiques et associations. Valérie Michel Moreaux évoque la nécessité d’organiser des formations engageantes, en intégrant des activités formatrices et en identifiant les besoins individuels.
Christian Janin, a conclu les travaux en annonçant plusieurs actions à venir. Il s’engage à publier un journal rendant compte des témoignages recueillis lors de la journée, d’ici le 25 novembre 2024, grâce à un financement gouvernemental. Il a également mentionné que l’agence déterminera ses orientations pour 2025-2030 lors de son assemblée générale le 3 décembre, en invitant les 25 organisations membres à collaborer sur des choix stratégiques. Janin a insisté sur la nécessité de travailler ensemble pour trouver des solutions, remerciant la Cité internationale et son équipe pour leur soutien. Il a encouragé les participants à partager leurs idées pour enrichir la réflexion collective et faire avancer la lutte contre l’illettrisme.
L’enseignement des compétences de base : un enjeux fondamental pour le devenir de notre Archipel pluriculturel, en valorisant la lande Guadeloupe comme facilitateur.