Guadeloupe. Biodiversité. Nos espaces maritimes représentent 97% de l'espace maritime français !
Baillif. Vendredi 5 mai 2023. CCN. Sylvie Gustave dit Duflo, maître de conférences à l’Université des Antilles, est titulaire d’un doctorat en sciences du cerveau. Elle a été un temps 3ème vice-présidente du conseil d’administration de l’OFB, où elle siégeait. En octobre 2021, elle a été nommée Présidente du C.A de l’Office Français de la Biodiversité, Conseillère municipale d’opposition dans sa commune natale à Baillif. Elle est aussi vice-présidente de la Région Guadeloupe chargée de la commission environnement, eau et cadre de vie, également présidente du Comité de l’eau et de la biodiversité et présidente de l’Agence Régionale de la biodiversité des îles de Guadeloupe, la première agence créée dans les Dernières Colonies Françaises. C’est à ce titre que CCN l’a interrogée et ses réponses sont un véritable document sur l’état actuel de notre biodiversité et de ses potentialités…
CCN. Comment la biodiversité de la Guadeloupe est elle perçue et vue depuis le la France? La question se pose aussi pour les autres territoires, les français ont-ils conscience de cette richesse ?
Syvie Gustave dit Duflo (SGDD). La France, un archipel de points chauds de la biodiversité à mieux connaître – Le territoire français s’étend sur 5 des 36 points chauds de la biodiversité mondiale, par la diversité de ses territoires biogéographiques, avec son pourtour méditérranéen et l’ensemble de ses territoires ultramarins.
La France abrite 10 % des espèces mondiales connues, dont 20 000 sont endémiques et avec 80 % d’entre elles situées dans les Outre-mer. L’acquisition de connaissances supplémentaires en matière de biodiversité devrait faire augmenter ces chiffres car les scientifiques estiment que le nombre d’espèces estimé à l’échelle mondiale est de l’ordre de 8 à 12 millions. 650 nouvelles espèces sont décrites chaque année en France dont 84% des nouvelles espèces décrites sont dans les Outre-mer.
La France, un archipel ayant un espace maritime de 11 millions de km2 (seconde puissance en matière de façade maritime), et qui compte 22 860 km de frontières maritimes avec 30 États, soit plus que tout autre pays dans le monde.Les espaces maritimes ultramarins représentent la quasi-totalité de cet espace, soit 97% de l’espace maritime français.
Cet état de fait confère une énorme responsabilité mondiale pour l’acquisition de données sur la biodiversité marine et la préservation des habitats et des espèces dans cet écosystème.
Le rapport sénatorial N°546 de février 2022 intitulé « Les Outre-mer au cœur de la stratégie maritime nationale » indique que les français n’ont pas conscience de la dimension archipélagique de la France. On peut poursuivre cette analyse, et dire de manière générale que les français savent que 80% de la biodiversité sont localisés dans les Outre-mer. Mais de manière concrète, si on leur demandait quelles sont les menaces qui pèsent sur cette biodiversité ainsi que les enjeux de préservation, ils ne pourraient répondre à cette question. Il y a donc un vrai travail de sensibilisation et de pédagogie à mener au niveau national.
CCN. En Guyane, la forêt amazonienne est menacée, que dit l’Office français de la biodiversité (OFB) ?
SGDD. Seule région ultrapériphérique européenne située sur le continent sud-américain, la Guyane partage de très nombreuses richesses naturelles avec l’Amazonie, étant couverte en grande partie de forêts et d’un impressionnant réseau hydrographique. C’est donc la plus grande réserve de biodiversité terrestre française. Le parc Amazonia de Guyane est un parc national de 3,4 millions d’hectares, et couvre 40% de la Guyane. L’Amazonie abrite la moitié des forêts tropicales qui sont particulièrement efficaces pour absorber du carbone sous forme de dioxyde de carbone (CO2). Le stock est estimé à 450 milliards de tonnes de CO2 présent dans les arbres et les sols.
Les enjeux sur ce territoire en termes de préservation de cette biodiversité exceptionnelle sont ceux de l’acquisition de la connaissance, des pressions croissantes (orpaillage, surpêche,…) sur les espèces et les habitats, les urgences sur l’eau et l’assainissement.
L’OFB est parfaitement consciente de ces enjeux, c’est pour cela qu’à côté des actions menées par le Parc Amazonia dont la dotation de fonctionnement émarge dans le budget de l’OFB, la représentation de l’OFB en Guyane comporte 35 agents, dont les missions sont structurées comme suit par :
- Une Délégation territoriale (DT)
- Un Service départemental (SD) (Police de l’environnement)
- Une Unité technique « Connaissance » (UTC)
- Une Equipe de la Direction Recherche et Appui Scientifique (DRAS)
- Une Equipe dédiée à la valorisation économique de la biodiversité
L’OFB développe des partenariats régionaux avec l’ensemble des acteurs de la biodiversité tels que le Programme de conservation du jaguar (feuille de route jaguar 2030) et participe à des projets transnationaux avec les pays voisins comme le Projet bioplateaux.
Pour aller plus loin sur les actions menées sur le territoire, l’OFB est extrêmement favorable pour la création d’une agence territoriale de la biodiversité en Guyane, à l’instar de ce qui a été créée en Guadeloupe, mais évidemment, dimensionnée et taillée pour un territoire qui est le plus grand département français des Outre-mer. La discussion est actuellement en cours avec la Collectivité territoriale de Guyane.
CCN. Quels sont les éléments fondamentaux et particuliers de notre biodiversité ? Avons-nous des espèces (faune ou flore) endémiques ?
SGDD. Selon le SRPNB (Schéma régional du patrimoine naturel et de la biodiversité) élaboré par la Région, le patrimoine naturel de l’archipel de la Guadeloupe s’élève à plus de 10 mille espèces (faune et flore) ce qui correspond à 6% de la biodiversité nationale, caractérisé par un fort taux d’endémisme (12% des espèces).
L’archipel compte déjà un vaste réseau d’espaces naturels protégés qui contribuent à la préservation de la biodiversité, notamment :
- le premier Parc national de l’Outre-mer
- quatre réserves naturelles
- cinq sites classés pour leur intérêt paysager
- plusieurs zones protégées par arrêté de biotope.
Par ailleurs, le site du Grand Cul-de-sac marin est inscrit depuis le 8 décembre 1993 en tant que zone humide d’importance (Convention de Ramsar). Au titre de la stratégie nationale, la France s’est engagée à développer le réseau d’aires protégées. En Guadeloupe, trois projets de réserves naturelles sont en cours d’instruction.
CCN. Avons-nous TOUS les moyens nécessaires de la préserver et de la sauvegarder ? Nos écosystèmes sont- ils en danger ?
SGDD. Ce patrimoine naturel se dégrade. Ainsi, les milieux peu protégés régressent : forêts sèches, littorales, mésophiles, herbiers, récifs… Les habitats se dégradent avec la progression des espèces exotiques envahissantes et le déclin d’espèces indigènes Une grande partie du territoire est polluée par des pesticides et un défaut d’assainissement : sols, rivières, mares, nappes phréatiques, deltas côtiers.
Ce patrimoine naturel est soumis à forte pression. Ce sont les suivantes :
- Étalement urbain : 1ère menace sur les habitats (destruction et fragmentation),
- Agriculture : dominée par les monocultures à fort impact sur la biodiversité,
- Foncier agricole instable : s’étend sur les espaces naturels malgré la déprise agricole,
- Gestion défaillante Eau/Assainissement : forts impacts sur la biodiversité terrestre et marine,
- Risques écologiques comme les échouements massifs d’algues sargasses,
- Territoire très dépendant aux énergies fossiles (énergie, alimentation d’importation, produits manufacturés) productrices de CO2, et de déchets.
Il faut donc que nos politiques publiques puissent davantage intégrer la préservation de la biodiversité. Avec l’élaboration du SRPNB, la Région en sa qualité de cheffe de la biodiversité identifie les corridors écologiques terrestres et aquatiques (trame bleue et verte) à protéger dans l’aménagement du territoire au travers de son Schéma d’aménagement du territoire (SAR) qui est entré en révision et devrait voir sa version finalisée en 2025. Le SAR est un document opposable aux autres documents d’urbanisme du territoire (plan local d’urbanisme et schéma de mise en cohérence territoriale gérés respectivement par les communes et par les agglomérations).
La création de l’Agence régionale de la biodiversité des Îles de Guadeloupe (ARB-IG) par la Région, l’OFB et l’Etat est aussi un signal fort pour mettre l’accent sur la préservation de la biodiversité. Les missions de cette agence, avec la création d’un observatoire régional de la biodiversité pour recenser les espèces et créer des indicateurs de bon état, et le redémarrage du conservatoire botanique sont autant d’actions opérationnelles qui doivent permettre d’acquérir de la connaissance au service de notre biodiversité.
Ainsi l’ARB-IG s’inscrit dans un réseau d’acteurs déjà fortement engagés sur la préservation de la biodiversité comme le Parc national de la Guadeloupe, l’Office national de la forêt, les services de l’Etat avec la DEAL (Direction de l’environnement, de l’alimentation et du logement), le Conservatoire du littoral, l’Office de l’eau, le rectorat, le Département (premier propriétaire du foncier des espaces naturels sensibles en Guadeloupe), le réseau des réserves naturelles et des associations de protection de la nature. Néanmoins, parmi tous ces acteurs, il manque le citoyen et la mobilisation citoyenne. Aucune action ne pourra réussir sans l’adhésion inconditionnelle du citoyen et le respect des règles pour préserver les espaces naturels sensibles (ne plus remblayer les zones de mangroves, le respect des mares, ne plus créer de décharges sauvages dans les espaces naturels sensibles, ne plus détourner des cours d’eau naturelle pour son profit personnel,…)
CCN. Au fil du temps, nous avons tout de même perdu des espèces (faune et flore)
SGDD. En 2021, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) en partenariat avec l’OFB et le Muséum national d’histoires naturelles indique que tous groupes taxonomiques confondus, 574 espèces ont fait l’objet d’une évaluation à l’échelle du territoire guadeloupéen. Les résultats synthétiques sont présentés dans les graphiques ci-après.
CCN. La question du défaut d’assainissement et du rejet d’eaux non conformes dans les milieux aquatiques naturels mettent en péril certains éléments (flore et faune aquatiques) de cette biodiversité, que peut-on faire ?
SGDD. Selon les chiffres-clé de l’eau et de l’assainissement porté par l’Observatoire de l’eau qui est hébergé par l’Office de l’eau, en 2020, 72% de nos stations d’épuration collectives rejettent des eaux non conformes dans les milieux aquatiques naturels (rivières et mer). Cela ne tient pas compte de l’assainissement non collectif (habitat des particuliers et résidentiel) dont la conformité reste un vaste de chantier à appréhender.
Ce défaut d’assainissement dégrade de manière inexorable les masses d’eaux (rivières, nappes phréatiques, deltas côtiers) de notre territoire et impacte de manière extrêmement forte les différents écosystèmes dulçaquicoles et marins.
Il appartient depuis le 1er septembre 2021 au SMGEAG (Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe) sur l’ensemble de l’archipel, à l’exception de Marie-Galante, de mettre en place un plan ambitieux de remise aux normes de ces stations d’épuration collectives. Pour Marie-Galante, c’est la Communauté de communes de Marie-Galante (CCMG) qui a la compétence pour traiter de cette question.
L’OFB est chargé par l’Etat de financer les investissements du Plan Eau-DOM (eau et assainissement) dans les DROM. Pour répondre à ces urgences en matière d’assainissement, dans son programme d’intervention adopté en 2022, l’OFB a augmenté son taux d’intervention à 30% par projet. Par ailleurs, le Président de la République, Emmanuel Macron a indiqué lors de la présentation du Plan eau, fin mars 2023, 35 millions par an supplémentaires à destination du Plan eau-DOM, ce qui renforcera l’aide à l’investissement pour le SMGEAG et la CCMG.
Il faut aussi rappeler que la Région Guadeloupe a fléché 80 millions d’euros dans le programme opérationnel des fonds européens 2021-2027 sur l’axe eau et assainissement.
Il faut donc conclure que ce ne sont pas les supports financiers sur l’investissements qui manquent sur notre territoire, mais c’est bien le manque de consommation de ces fonds dans leur intégralité. Cette observation que je fais sur le territoire de la Guadeloupe est aussi généralisable à l’ensemble des territoires ultramarins régit par le Plan eau-DOM. C’est le manque d’ingénierie et de suivi des projets qui font le plus défaut dans nos territoires des Outre-mer.
CCN. Sarah Gaspard mène depuis des années des recherches sur une utilisation des sargasses, a-t-elle les moyens nécessaires pour avancer ?
SGDD. Je laisse le soin au professeur Sarah Gaspard de répondre à cette question.
CCN. Le traitement des déchets, leur tri et recyclage sont aussi de vraies problématiques en Guadeloupe, y a-t-il des solutions préconisées pour y remédier ?
SGDD. Les collectivités doivent actionner plusieurs leviers :
- Mailler le territoire en déchèteries est une stratégie primordiale pour réduire les coûts de transport. En effet, c’est le citoyen qui se déplace à la déchèterie et donc la collecte n’est plus assurée par les voitures voiries en porte-à-porte, à la charge de la collectivité. De plus, les déchets sont triés dans des bennes par catégorie, il revient donc aux éco-organismes de récupérer leurs bennes de déchets triés directement au niveau de la déchèterie.
- Mettre en place des outils comme le bac jaune ou les bornes d’apport volontaire pour les emballages, des donneries ou des ressourceries pour le textile ou l’ameublement, des composteurs individuels pour récupérer les déchets biologiques. Tout ce qui va permettre de diminuer la poubelle domestique et donc de réduire le nombre de collectes en porte-à-porte effectués par les voitures-voiries. Aujourd’hui, les collectivités effectuent 2 à 3 collectes par semaine, en mettant en place de tels outils et avec le maillage des déchèteries, il est raisonnable à termes d’envisager une seule collecte en porte-à-porte tous les 15 jours.
- Créer des usines de traitement et de valorisation des déchets. Aujourd’hui 75% de nos déchets sont enfouis soit à la Gabarre, soit à Ste Rose, faute de ce type d’usine. Pour cette pollution du sol, les collectivités paient la TGAP (taxe générale des activités polluantes) à hauteur de 24 euros de la tonne (pas loin de 5 millions d’euros de TGAP payés chaque année). Afin d’obliger les collectivités à aller vers des pratiques plus vertueuses de recyclage ou de ré-emploi, et pour marginaliser la pratique de l’enfouissement, le gouvernement a décidé de faire passer la TGAP à 60 euros de la tonne dans les 2 ans à venir, ce qui indubitablement va encore grever le budget des déchets. Il est donc urgent de créer ce type d’usine qui limite l’enfouissement des déchets.
- Inciter fortement les éco-organismes à jouer leur rôle pour mettre en place les filières REP (responsabilité élargie du producteur) de recyclage. L’éco-taxes que le citoyen paie sur chaque produit acheté, les éco-contributions que versent les metteurs sur le marché, tout cela est reversé aux éco-organismes par catégorie de déchets (emballages, mobilier, médicaments usagés, pneus, véhicules ou bateaux hors d’usage,….), à charge pour eux de mettre en place des filières de recyclage pour ces déchets. Malheureusement, beaucoup d’éco-organismes se dédouanent de leurs responsabilités en arguant du fait que nos déchets ne sont pas suffisamment triés et les laissent donc à la charge des collectivités pour l’enfouissement. C’est un cercle vertueux et vicieux en même temps. Si nos déchets sont triés, ils sont pris en charge par les éco-organismes au titre de l’éco-taxe et des éco-contributions. S’ils ne sont pas triés, ils restent à la charge de la collectivité, et l’éco-taxe et les éco-contributions restent dans l’escarcelle des éco-organismes. C’est donc la double peine pour l’éco-citoyen contribuable qui paie deux fois pour le même service.
- Mobiliser le guadeloupéen à devenir un éco-citoyen. Jamais nous n’avons assisté à un tel niveau de décharges sauvages dans les communes. Les encombrants de toute sorte fleurissent sur les bords des routes, dans nos rivières, et sur les sentiers de randonnée. Un sentiment d’impunité générale règne sur notre archipel comme si vivre au sein d’une exceptionnelle biodiversité n’entraînait aucune responsabilité de notre part à léguer ce patrimoine aux générations futures. Plus que jamais tous ces outils ne pourront être décisifs que si le citoyen s’implique à faire la démarche à trier ses déchets.
CCN. La plaisance a repris, au large de Rivière sens (pas que là), des bateaux stationnent et déversent des rejets en mer, cela veut dire que l’écosystème marin est en danger. Le tourisme est souvent une atteinte à la biodiversité que dit l’OFB sur ces questions sensibles ?
SGDD. Avec la fin des restrictions sanitaires, il y a un retour des touristes et de la plaisance au niveau de l’année 2019, année de référence avant la Covid.
Toutes les années, le PNG et l’ONF éditent un guide des bonnes pratiques sur l’utilisation des espaces naturels sensibles, et font la démarche d’aller à la rencontre des usagers qu’ils soient autochtones ou touristes.
Sur les espaces terrestres, le travail d’information et de sensibilisation se poursuit sans relâche.
Sur les espaces maritimes, ce travail est plus ardu et les impacts sur la biodiversité sont moins visibles. En effet, avec cette année 2023, on constate une recrudescence de la plaisance et le mouillage « sauvage » de bateaux de plaisance dans les criques et les baies de beaucoup de communes littorales. Ce mouillage à l’ancre est préjudiciable au bon état de nos herbiers phanérogames, ou de nos récifs coralliens. Il ne s’agit pas de stigmatiser ces plaisanciers qui décident de venir visiter notre territoire par la voie maritime. Au contraire, il faut organiser des mouillages écologiques au niveau des sites identifiés. C’est ce que le PNG organise déjà sur les aires protégées du Grand Cul-de-sac marin et qu’il faut étendre sur les côtes littorales fréquentées. Ces mouillages écologiques pourraient être même une source de revenus pour les communes qui adhéreraient à ce projet de mouillage écologique. Ainsi, un plaisancier pourrait à l’avance par internet, réserver des durées de mouillage dans les différentes communes qu’il souhaite visiter et payer cette durée de mouillage, comme cela est fait actuellement dans le parc naturel marin Golfe du lion qui est aune aire marine protégée de l’OFB. Avec un tel outil, nous pourrions aussi contrôler et réguler la fréquentation des sites. C’est un travail qui doit se faire en partenariat avec les communes, l’Etat (Direction de la mer), les gestionnaires d’espaces comme le PNG, l’OFB, le Comité de tourisme des Îles de Guadeloupe et la Région.
En ce qui concerne les activités du Whale watching (l’observation des cétacés marins), elles sont strictement encadrées au sein du Sanctuaire Agoa dont fait partie l’archipel de la Guadeloupe. Ce sanctuaire, qui est aussi une aire marine protégée de l’OFB, s’étend de Saint-Barthélemy à la Martinique, en excluant la zone d’exclusion économique de la Dominique.
Il est très important que les autochtones et les touristes choisissent les bons professionnels formés et aguerris à ces pratiques. Au sein de l’OFB, nous réfléchissons à un label professionnel de bonnes pratiques qui pourrait être immédiatement reconnaissable par le citoyen.
CCN. Pourquoi en ce qui concerne la biodiversité, la communication en direction du public n’est-elle pas plus visible ?
SGDD. Tous les acteurs de la biodiversité s’accordent à dire que l’acteur-clé est le citoyen et la mobilisation citoyenne. Cette mobilisation se traduit par des citoyens de plus en plus engagés dans les actions de la vie quotidienne pour préserver la biodiversité (tri des déchets, achat de produits alimentaires en circuit-court et biologiques, utilisation de véhicules hybrides ou électriques voire à l’hydrogène, le respect des espaces naturels sensibles,…), dans le choix des partis politiques engagés sur cette question. Il n’y a encore que dans nos territoires ultramarins que nous choisissons des élus qui n’ont aucune programme politique en matière de préservation de la biodiversité et de lutte contre les impacts du réchauffement climatique. Cette sensibilisation du grand public, elle doit se faire via les médias en sortant d’une logique du tout sensationnel (on ne parle de biodiversité que lorsque les égouts débordent ou lorsqu’il y a une revendication contre la contamination à la chlordécone), en passant à une logique d’information sur la biodiversité par le biais de reportages aux formats court ou long, de manière quotidienne et récurrente. Combien de nos concitoyens connaissent la réserve naturelle de Ti tè, au large de la Désirade et les espèces protégées qui s’y trouvent, ou encore celle dirigée du Nord Grande-terre ?
J’aimerais conclure mon propos en disant que nous sommes tous acteurs de cette biodiversité ordinaire (jardins créoles) et extraordinaire (forêts, montages, mangroves, récifs coralliens,…) qui nous entoure. La seule question qui vaille la peine d’être posée : « Quel rôle souhaitons-nous y jouer ? ». Moi, j’ai choisi le mien, et vous quel sera le vôtre ?