Guadeloupe. Culture. Woucikam Tome 2 : reconstruire la Guadeloupe à partir de ses racines africaines (3)

Guadeloupe. Culture. Woucikam Tome 2 : reconstruire la Guadeloupe à partir de ses racines africaines (3)
Point-à-pitre, le 15 octobre 2025. CCN – Dans cette troisième partie de son entretien, Jean-Luc Divialle approfondit sa réflexion sur la place de la Guadeloupe dans un monde en mutation. Il évoque la nécessité de repenser notre trajectoire culturelle et géopolitique à partir de nos racines africaines, dénonçant au passage les dérives idéologiques et le manque de vision de ses détracteurs.
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CCN : Selon vous, que devraient faire ceux qui veulent construire une souveraineté guadeloupéenne sans tenir compte de l’Afrique ?
Djolo : À vrai dire, sans cette Afrique qu’ils méprisent et piétinent, ils sont perdus. C’est la preuve que tous gagneraient à lire Woucikam Tome 2. Nos détracteurs ont surtout oublié ou ignorent que la linguistique est un outil de géopolitique. Il permet de tracer les grandes tendances d’évolution des modèles culturels, donc des pays. Aussi, quand on regarde comment ont évolué les anciens empires et les langues sur des dizaines de millénaires, quand on analyse leur structures politiques, et culturelles et qu’on mesure leurs cycles de vie, l’effondrements de certains, la renaissance d’autres, on comprend ce qui est en train de se jouer actuellement dans le monde. Nous vivons le déclin et la chute annoncée du dernier empire occidental. Il disparaîtra, comme le dit le linguiste Jean-Claude Mboli, corps et biens. Et dans sa chute, il entraînera son meilleur allié, le système de “profitation” économique des comptoirs que nous subissons actuellement. Et après, il faudra reconstruire autrement. Mais comment, sur quel modèle ? Ici, en Guadeloupe, nous voulons faire de la géopolitique, aspirer à une émancipation, sans tenir compte de ses aspects, et en total mépris de notre modèle culturel africain dont la puissance ne pourra être négligée. En cela, nous voyons que cette démarche constitue une faute. Le dicton de chez nous dit qu’aucune femme ne taille son soutien-gorge à partir des mensurations de la poitrine de sa voisine. Or ces gens, veulent nous persuader, les yeux dans les yeux, que deux peuples, l’un européen, l’autre amérindien, tous deux nomades par la vision du monde sont l’origine principale d’un peuple guadeloupéen qui dans tous ses actes posés démontre qu’il est un peuple sédentaire issu de très grands empires fondés sur une spiritualité et des avancées scientifiques fortes, donc, d’une société politique civilisée extrêmement bien organisée à qui l’on dénie simplement le droit de se reconstruire selon ses propres règles de vie. Ainsi mes détracteurs ont perdu toute capacité de remise en question scientifique des dogmes idéologiques occidentaux dont ils se sont trop abondamment nourris. C’est par ailleurs inquiétant de la part de personnes qui se prétendent visionnaires et qui proposent de nous conduire à la souveraineté de notre pays. Je le redis, ils gagneraient à lire Woucikam tome 2, ils en apprendraient bien plus sur ce qu’ils croient savoir.
CCN : Vous dites que l’histoire du peuplement de la Caraïbe est bien plus complexe qu’ils ne le croient ?
Djolo : Effectivement ! Déjà, le plus drôle, c’est que certains des plus acharnés à faire du Guadeloupéen un descendant de Kalina portent sans le savoir deux noms africains très anciens. L’un relatif au nom authentique de l’Égypte, l’autre à la notion d’état, attendu que ce dernier fait référence au cœur, au centre, à l’intérieur, à la femme en tant que porteuse de civilisation. Ajoutons de plus que les termes Kalina, Garifuna, Taïno dérivent d’un même ancêtre prédialectal. Ils correspondent à de très vieilles appellations données par ces habitants du delta oriental du Nil, la première Phénicie, et qui étaient venus s’établir bien avant -2500 ans, du Brésil à la Floride. C’est à eux que nous devons la civilisation Olmèque. Ces noms figurent dans le dictionnaire Wallis Budge des hiéroglyphes égyptiens. Nous sommes prêts à le démontrer à qui le conteste. J’ai donc une très bonne nouvelle pour tous ces Kalinas de la dernière heure, la science démontre que quoi qu’ils fassent et quel que soit l’origine ethnique qu’ils se prêtent, ils finiront par réaliser que toute leur vie, ils n’ont jamais pensé le monde autrement que comme des africains, et le feront jusqu’à leur dernier souffle.
CCN : En quoi vos détracteurs manquent-ils de vision géopolitique ?
Djolo : Le plus inquiétant à mon avis, c’est qu’à l’heure où les grands équilibres mondiaux sont en pleine mutation, à l’heure où le modèle occidental s’effondre, on ne peut être qu’étonné de voir ces mêmes nous proposer le nombrilisme comme unique voie de salut. À les entendre, nous allons sortir de ces années de maltraitance coloniale, en créant tout sur place, de nous-mêmes, sur nos seules valeurs actuelles guadeloupéennes déracinées, fondées sur une idéologie kalina et une théorie occidentale des mélanges fumeuses, sans projection historique et anthropologique, et surtout, sans partenaires stratégiques et avec un mépris profond de l’Afrique. Que chacun apprécie. Tous les pays éclairés cherchent tout au contraire à inscrire leur trajectoire historique dans leurs racines les plus profondes possibles. L’Europe, la Russie, la Chine se sont reconstruites à partir de leurs valeurs ancestrales. Les Européens ont questionné la Grèce et Rome. Et voilà que ces personnes qui veulent qu’on les prenne au sérieux, entendent nous interdire de faire de même avec notre point de départ. Or, la question des origines égyptiennes de notre modèle culturel n’est que l’antichambre d’un enjeu beaucoup plus important. À savoir, comment nous organiser afin que la Guadeloupe embarque elle aussi dans le train du nouveau monde qui vient de démarrer. Or, les experts en géostratégie le savent, l’Afrique est la première puissance économique mondiale de demain. De ce fait, tous les grands pays cherchent à se favoriser des partenariats économiques avec cette Afrique renaissante. Et à suivre nos détracteurs, nous devrions être les seuls à nous aliéner ce futur par pur mépris de cette Afrique de nos origines. Voilà ce à quoi nous invitent nos visionnaires. L’image parle d’elle-même.
Tout au contraire, il nous faut absolument reconstruire notre trajectoire historique. Or, comment y aboutir si tout ce que nous faisons c’est de questionner le temps court et nous soumettre sans jamais la contredire scientifiquement à cette vision occidentalisée de nous-mêmes qui nous est imposée ?
Ainsi, contrairement à nos détracteurs, Woucikam Tome 2 vient d’établir scientifiquement que notre point de départ, c’est bien l’Égypte. Ceci constitue une étape majeure vers notre point d’arrivée, notre renaissance. Qui de nous deux est donc le plus prêt à relever les défis Guadeloupéens ?
Autre méfait de courte durée, les individus sont persuadés que ce sont les idées politiques de tel ou tel qui seront à même de sauver une situation. Or ceci relève d’une pensée symbolique occidentale. On voit précisément quelle crise politique traverse la France actuellement et l’incapacité des uns et des autres à la résoudre par leurs belles idées. C’est la preuve que nous ne devons pas prendre cette voie. Or, on s’aperçoit que ce ne sont pas les idées des hommes, mais leur modèle de vision du monde qui est propre à amener la stabilité. Mais comment y parviendrez-vous si vous ne connaissez même pas votre type de vision du monde ? Et sans l’Egypte, comment y parviendrez-vous ? Vous voyez, ces élucubrations nous font plutôt perdre un temps précieux. S’ils ne sont pas d’accord, qu’ils aillent questionner les spécialistes formés à la vision du monde occidentale, et nous verrons le résultat.
CCN : Certains diront que vos travaux pour l’heure ne sont pas validés ?
Djolo : En science ce qui compte c’est la méthode. Elle est exposée et les résultats qu’elle permet sont vérifiables par tous. Que celui qui conteste ces faits que nous avançons, prenne donc la craie et aille au tableau car le débat est, et doit rester scientifique. Que les défenseurs des idéologies pro kalina et autres théories créoles des mélanges qui infestent depuis quelques temps nos cerveaux nous disent donc comment ils comptent eux aussi s’y prendre pour élever notre langue et embrasser notre futur ? Pour avoir questionné scientifiquement notre point de départ avec force de preuves évidentes, certains nous agonissent d’injures. Mais qu’est-ce que ces détracteurs ont produit en huit ans, depuis leurs premières critiques de Woucikam Tome 1 ? Ils ont médit, bavardé, cancanisé, jalousé même, mais n’ont jamais été en mesure de démontrer scientifiquement que nous étions dans l’erreur. C’est donc qu’ils savent que la messe est dite et que leur idéologie n’a aucune perspective d’avenir. Mais encore une fois, ce qui est dangereux, et pour moi très inquiétant, c’est de voir que tout cela émerge de personnes qui tout en étant d’authentiques africains dans le déni, développent en toute inconséquence des théories négrophobes qui ne visent qu’à la disparition pure et simple de notre modèle culturel, celui-là même qui nous sera utile à reconstruire la Guadeloupe nouvelle après cet effondrement occidental qui s’annonce. Ces personnes qui se prétendent visionnaires se révèlent incapables d’identifier ce que toute la population voit déjà, à savoir, l’épistémicide actuel qui est menée contre notre vision du monde africaine en Guadeloupe. Pire, ils y participent en s’en faisant les complices simplement parce qu’ils ne mesurent jamais les conséquences de leurs actes. Voilà pourquoi leur pensée s’évade vers tous les phénotypes les plus absurdes dès lors qu’il ne s’agit pas d’assumer leur personnalité réelle d’Africains. Ils préfèrent donc la tromperie kalina à la vérité. Mais ce temps est révolu. La réalité est en train de rattraper tout ce beau monde parce qu’on ne peut éternellement cacher le soleil avec sa main. Vivement donc que ces supercheries soient démasquées en plein midi, parce qu’en maudissant et combattant notre modèle culturel africain, ils condamnent la Guadeloupe à partir à la dérive. Ils détruisent tout ce que les premières générations d’Africains Guadeloupéens ont établi comme valeurs de cohésion entre personnes issus d’horizons divers. Chacun appréciera.
CCN : Selon vous, notre devenir ne peut s’envisager sans la pleine connaissance de notre ancestralité ?
Djolo : Edmond Burke disait : les peuples qui ne regardent jamais en arrière vers leurs ancêtres, ne regardent jamais en avant vers leur postérité. Cela signifie que tout comme la géométrie l’indique, tracer la droite de notre destinée nécessite au minimum deux points. Or, ces détracteurs n’envisagent le devenir de la Guadeloupe que de leur unique point de vue actuel sans nul autre appui. Cela signifie que leur modèle est faible et inapte à définir notre devenir qui pourrait partir dans toutes les directions sauf la bonne. La raison en est évidente. La pensée de toutes ces personnes qui nous font ces reproches malveillants ne se limite tout comme le modèle dominant qu’ils prétendent combattre, qu’à la courte durée. Ils pensent tout construire à partir d’eux-mêmes, sans spiritualité ancestrale, sans modèle culturel ancestral, sans structure propre et en amalgamant le racoon, le chevreuil, l’agouti et le tilapia. De ce fait, ils ne sont que le parfait miroir de la pensée de leurs maîtres européens. Chacun le remarque. De même que le modèle occidental s’effondre, de même que leur poids politique en Guadeloupe se réduit jour après jour comme peau de chagrin. Ceci est d’autant plus visible qu’ils ont de plus en plus de mal à recruter. Et c’est tout à fait normal. Ce mouvement est de l’ordre de l’histoire. Leur pensée sans point d’appui solide, sans trajectoire claire fondée sur leur vraie pensée symbolique africaine, autre que la destruction proposée par le modèle dominant se meurt parce qu’il n’est pas viable. Mais on ne peut reprocher aux autres les conséquences de ses propres égarements. Si la jeunesse ne les suit plus, c’est qu’elle a compris qu’au-delà de leurs dogmes, ils n’ont rien de concret à proposer. Qu’ils assument donc leurs égarements plutôt que de se chercher des boucs émissaires. Qu’ils se remettent en question en jetant au pilori toutes ces lubies, ou alors ils seront balayés par une jeunesse plus forte, plus spirituelle, respectueuse de ses ancêtres africains, mieux enracinée culturellement par sa vision du monde africaine assumée, confiante en son destin et qui ne se laisse déjà plus conter n’importe quoi.

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CCN : Les locuteurs de notre langue ont beaucoup de mal à s’acclimater au terme woucikam, la nouvelle appellation que vous proposez, n’est-ce pas pour vous un combat perdu d’avance ?
Djolo : Suis-je dans un combat d’appellation ? D’abord, il faut relativiser cette difficulté qui n’est pas celle de tous. Ensuite, notre problème majeur avec woucikam, c’est que nous refusons de consentir à combattre ce poison négrophobe qui coule encore dans nos veines et qui nous empêche de trancher en faveur de nos intérêts supérieurs. Ce que je puis dire cependant, c’est que le devenir de notre langue sera perdu si nous continuons de nous montrer faibles face aux enjeux qui nous attendent et si nous manquons de courage décisionnel. Notre faiblesse vient d’abord du fait que par paresse intellectuelle nous refusons encore de quitter l’inconfort de la caverne platonicienne créole. Et de ce fait, nous refusons résolument de prendre la voie qui nous conduit à notre personnalité réelle. Cela signifie que de peur de lui déplaire, nous attendons encore l’approbation d’un maître, un Messie qui devrait venir et décider de cela à notre place. Mais qui en ce bas monde à part nous-mêmes veut notre renaissance ? Doter notre langue d’une appellation plus adaptée dépend donc d’abord de notre prise de conscience de notre propre existence en tant que peuple doué d’une vision du monde africaine distincte de celle occidentale.
Notre langue nous invite à tout reconstruire. Mais où en sommes-nous de notre courage de rompre avec cet habitus mortifère créole ? Rien en effet ne justifie que nous continuions à désigner notre langue au moyen d’un terme qui procède d’une pensée symbolique qui n’est pas la nôtre. Rappelons que dans ses premières décennies d’existence notre langue n’avait pas de nom. Le nom créole relève donc d’une captation frauduleuse de notre héritage linguistique bantou. Ensuite, les créoles, ces descendants d’Européens nés dans les possessions françaises d’exploitation sucrière n’ont jamais produit de langue, de même qu’ils n’ont produit ni espèce humaine, ni aucun des fondements culturels authentiquement guadeloupéens. Voilà pourquoi nous pouvons scientifiquement réfuter ce fameux “processus de créolisation” vu que nous l’avons dit, il s’agit de fait d’une africanisation de la société coloniale.
CCN : Que penser des autres propositions d’appellation ?
Djolo : Même si certaines telles le guadeloupéen, le martiniquais, le haïtien fleurissent, elles ne sont pas scientifiquement fondées. Elles faussent même notre perception globale de la nature de notre langue. La méthode comparative historique démontre tout au contraire que de l’océan Indien à la Caraïbe, il ne s’agit que d’une unique et même langue dont le stade au 17e siècle a connu diverses mutations. Or, toute mutation, préservation ou disparition de certains éléments de notre langue où qu’elle soit parlée, n’est due qu’à des faits d’histoire singuliers rencontrés par tel ou tel territoire. De fait, toutes ces diglossies sont mues par une seule et unique grammaire, celle de l’égyptien ancien. On en arrive donc à la certitude qu’il faille un nouveau terme unique à même de traduire et cette fois, de notre propre perspective ce qu’est réellement notre langue. Et vu que le nom authentique de la langue égyptienne ancienne c’est le cikam, il m’a paru naturel de décrire par une appellation étymologiquement et anthropologiquement fondée notre langue. Nous parlons tous de fait un néo-cikam, d’où le terme woucikam qui signifie également, régénérer l’énergie vitale qui nous vient de nos ancêtres d’Afrique, ou tout simplement encore, “la chose du Bondieu” selon un locuteur Bamiléké. On en revient alors au parallèle avec le terme égyptien “médou netcher” qui signifie “Les paroles divines”.
CCN : Toutes ces appellations ne vont-elles pas provoquer plus de confusion ?
Djolo : Là encore gardons-nous de toute paresse. Beaucoup sont persuadés que tout ce qui compte c’est de remporter le challenge de la nouvelle appellation. Telle n’est pas ma démarche. J’ai dit pour ma part que cela devait relever d’une décision collective internationale. Certes, et à titre pédagogique, j’utilise le terme woucikam dans mon usage quotidien au sein de Lékòl Fombwa Woucikam, afin de provoquer la sortie de la caverne platonicienne créole chez mes étudiants. Mais là où ces concurrents se trompent, c’est qu’en dehors, je n’oblige personne à l’adopter. Or, dès lors que j’avais proposé woucikam, nous avons vu toutes sortes de noms jaillir (Ka, Médou Kam, Wanni Wannan…) À croire que ces propositions de noms sont pour eux un moyen d’exister et de passer à la postérité et qu’il fallait nous opposer une concurrence afin d’invisibiliser ce Woucikam Tome 1 que beaucoup n’avaient pas vu venir. L’idée que je sois dans un combat perdu d’avance vient de là. On peut combattre en soi cette nouvelle appellation, mais souvenons-nous qu’en la matière, l’ego est un très mauvais conseiller. Vous remarquerez aussi que tout leur travail ne se limite qu’à produire un nom. C’est ici encore un effet de la courte durée. Elle empêche certains de percevoir notre langue comme un continuum culturel puissant. Nous attendons toujours leurs études approfondies de la langue que leurs travaux auraient dû produire. C’est dire que ces démarches n’ont aucune chance de convaincre et n’ont aucune perspective d’avenir.
CCN : Selon vous le vrai enjeu de notre langue c’est notre devenir ?
Djolo : Ce que je déplore surtout, c’est qu’on s’empresse une fois de plus de nommer alors qu’on ne se bat jamais pour le véritable enjeu. À savoir, faire de notre langue un véritable corps de science. À quand l’usage de notre langue pour enseigner notre philosophie, notre littérature et notre approche de la science, disciplines d’avenir qui sont très différentes de la vision du monde occidentale ? Croyez-moi, ce n’est pas avec juste un nouveau nom qu’on y parviendra. Enfin, je dirai que le problème majeur que nous rencontrons, c’est qu’à force de créolité, nous avons été habitués à voir notre langue comme un espace de distraction que nous visitons à la manière d’un touriste. Or, cela nous éloigne de la réalité de notre langue qui est l’élément fondateur sur lequel nous devons désormais nous appuyer. Pour avancer, nous n’avons pas d’autre choix, il faut reconstruire de notre perspective la vision que tous doivent avoir de notre langue. C’est à nous et nulle autre de le faire. Et cela commence par l’engagement de celui qu’on regarde chaque matin dans notre miroir. Voilà pourquoi je parle de courage décisionnel. Nous le devons si réellement nous avons une volonté affirmée de faire de ce pays un espace à l’avenir florissant. L’étude raisonnée de notre modèle culturel guadeloupéen dans sa perspective ancestrale africaine ouvre à cela. Certains peuvent bien objecter ce qu’ils veulent, qu’ils sachent que ce n’est pas à coup de millions et de mélanges qu’on bâtit une civilisation, mais sur la base de la vision du monde la plus répandue dans la population considérée et la plus stable possible. Or, n’en déplaise à nos détracteurs, le seul modèle fédérateur qui répond à toutes nos attentes, c’est le modèle culturel africain bantou. Il a fait ses preuves pendant des dizaines de milliers d’années. Il est prêt à le refaire et surtout, il est ouvert à tous, quel que soit notre phénotype d’origine.
WOUCIKAM TOME 2, de la pensée symbolique africaine à la langue dite créole, à la recherche de la langue fondamentale, Éditions Ékola, 2025.
disponible sur : https://sas-editions-ekola.sumupstore.com/
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