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Guadeloupe. Economie.  Le Tertiaire peut-il être un moteur de développement en pays colonisé ?

Guadeloupe. Economie. Le Tertiaire peut-il être un moteur de développement en pays colonisé ?
Guadeloupe. Economie. Le Tertiaire peut-il être un moteur de développement en pays colonisé ?

Guadeloupe. Economie.  Le Tertiaire peut-il être un moteur de développement en pays colonisé ?

(Extraits d’une intervention faite à Bakou le 25 juin 2O25)

Baie Mahault. Lundi 7 juillet 2025. CCN. La Guadeloupe, comme toutes les autres colonies de la France, est marquée par la survivance de l’époque coloniale, avec une gestion articulée de l’extérieur, bridant toute initiative locale et entravant son développement. Le processus qui a présidé à son intégration dans l’Union Européenne fait apparaître la Guadeloupe comme une région développée, mais qui a en réalité toutes les caractéristiques des Pays du Tiers-Monde, à savoir production agricole insuffisante-souvent tournée vers l’exportation, très faible industrialisation, et hypertrophie du secteur tertiaire. La conséquence logique de tout cela qui était prévisible depuis la Loi de “Départementalisation” de mars 1946, c’est un déficit important et croissant de la balance commerciale, un fort taux de chômage, l’émigration accélérée des jeunes, et le déferlement de la violence.

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Nous disons prévisible, puisque la Loi dite d’Assimilation de mars 1946 mettait avant tout l’accent sur une Départementalisation sociale et pas économique, au demeurant impossible dans le cadre d’une société coloniale. Tendre vers une égalité sociale entre les habitants de la France et les habitants de la Guadeloupe ou des autres Colonies, ne nécessitait qu’une augmentation conséquente de fonds (transferts publics) vers les populations autochtones, fonds qui étaient largement récupérés par les grands acteurs du commerce et de la distribution, qui chez nous ne sont autres que les descendants d’esclavagistes (Blancs-Pays ou Békés).

Ce n’est donc pas notre économie qui profite des transferts effectués par l’Etat français, ce ne sont pas les Guadeloupéens, les Martiniquais, Guyanais ou Réunionnais qui en profitent, mais les grandes fortunes qui dominent nos Pays respectifs. Cette dynamique mortifère participe à la destruction voulue de notre économie de production et résulte d’une volonté politique assumée de mettre notre Pays dans une situation de dépendance absolue vis-à-vis de la France.

L’année 1946, étant l’année 1 de la mise en place de la Départementalisation, il est intéressant de constater l’évolution des emplois sur 40 années d’observations, entre 1946 et 1986. N’ayant pas les chiffres de la Guadeloupe, nous illustrerons notre propos avec ceux, disponibles, de la Réunion.

Années

Primaire

Secondaire

Tertiaire

1946

50.700

11.500

15.400

1967

27800

21300

27800

1986

16000

19500

86500

    

L’effet “Départementalisation” est spectaculaire, qui divise par 3 les effectifs du Primaire et multiplie par 6 les effectifs du Tertiaire, ceux du Secondaire diminuant entre 1967 et 1986.

Rappelons que si le Primaire comporte essentiellement les activités liées à l’Agriculture, l’Élevage et la Pêche, le Secondaire celles liées à l’Industrie et à la Construction, le Tertiaire lui comporte, le Commerce, les Transports et Communications, les Services marchands, la location et le crédit-bail immobilier, les Organismes financiers, les Assurances.

Il comporte également les Services non marchands fournis par l’Etat, les Collectivités locales, l’Enseignement public, la Justice, Les Services Hospitaliers publics, etc.

L’EVOLUTION DES EMPLOIS PAR SECTEURS EN GUADELOUPE

Secteurs

1961

2014

2024

2024 en %

Primaire

(Agriculture)

47.480

Soit 48,7%

1725

1699


2 %

Secondaire

(Industrie et Constructions)

21.448

Soit 22 %

14.411

16807


13 %

Tertiaire

(Commerce, Services, Administration)

28.566

Soit 29.3%

101.648

110.008


85,%

     

Ensemble

97.494

117.765

128.513

 
     

GRAPHIQUE SECTEURS ACTIVITES GUADELOUPE EN 2024

Observations : On constate l’effondrement du nombre d’emplois dans le secteur primaire qui passe de 47.480 à 1699, soit moins de 2 % du total. Le Secondaire connait une baisse, passant de 21.448 emplois (22%) à seulement 16.807 (13%), baisse due certainement à une diminution du secteur industriel. Enfin, le tertiaire passe de 28.566 emplois ( 29.3%) à 110.008 emplois, soit 85% du total.

LES EMPLOIS EN FRANCE.ET GUADELOUPE PAR SECTEUR ET EN POURCENTAGE             (ANNEE 2024)

SECTEURS

FRANCE

GUADELOUPE

Primaire

2 %

2%

Secondaire

18%

13%

Tertiaire

80%

86%

Sur la simple observation de ces données chiffrées, on pourrait penser que la Guadeloupe a suivi la même trajectoire que la France en termes de développement économique, et qu’elle fait partie des Pays développés qui comme la France a vu la part du secteur primaire fondre par rapport au Secondaire et surtout Tertiaire.

A l’analyse, il n’en est rien, la France demeure la première puissance agricole en Europe, avec des surfaces considérables dédiées à l’agriculture et une mécanisation poussée qui permet des rendements élevés, avec toujours moins de main-d’œuvre.

En Guadeloupe au contraire, les surfaces dédiées à l’Agriculture diminuent d’année en année, avec une chute drastique, et de la production de canne (et donc de sucre) et de la production de bananes. A cela vient s’ajouter le Chlordécone, ce pesticide qui empoisonne nos terres et notre mer pour encore des siècles.

Dans les Pays développés, le progrès technique a été le principal facteur de cette évolution. Ce progrès technique, en augmentant la productivité du travail, a opéré des transferts d’actifs de la population, du secteur primaire au secteur secondaire, puis au secteur tertiaire. Mais ces transferts ne se sont pas accompagnés d’une baisse de la production agricole ou industrielle, bien au contraire, la production par travailleur augmentant.

L’innovation et la digitalisation jouent aujourd’hui un rôle crucial pour les Entreprises, avec l’adoption sans cesse croissante de l’Intelligence Artificielle (I.A), qui permet une automatisation des tâches quotidiennes, et donc des gains de temps. Pour 80% des Chefs d’entreprises, l’IA constitue un moteur d’innovation et de croissance.

En conclusion, ce type de croissance (croissance sans développement) qui s’appuie sur des activités tertiaires pléthoriques, ne peut déboucher sur un authentique développement, sur un développement autocentré. Celui-ci suppose, comme l’affirmait il y a plus de 30 ans l’économiste Guadeloupéen ERNATUS, l’existence d’un ensemble de mécanismes et de conditions socio-politiques qui permettent la poursuite équilibrée de la croissance.

L’existence d’un appareil productif intégré et capable de fonctionner de manière relativement autonome est fondamentale. Cet appareil doit être suffisamment efficace pour créer emplois et revenus permettant de satisfaire les besoins de consommation de la population et de financement des Entreprises.

Les faits nous montrent que les Pays du Tiers-Monde qui acceptent cet ordre économique où prédomine un secteur tertiaire écrasant, continuent à s’enfoncer dans le sous-développement.

 

Luc Reinette

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