Guadeloupe. Élections européennes : Halte à la Gwadabeatiude !
L’analyse d’Alain Plaisir
Basse-Terre-Capitale. Lundi 3 juin 2024. CCN. Les élections européennes approchent et les candidats rivalisent de discours flatteurs sur notre intégration à l’Union Européenne et l’avenir radieux qui nous est promis, s’ils sont élus. Peu importe que l’Union Européenne soit le fer de lance de la mondialisation capitaliste, qui affaiblit ou détruit les services publics et réduit la capacité des gouvernements à protéger les citoyens.
Une Union Européenne qui oblige tous les Etats signataires à respecter les règles de la concurrence, libre et non faussée, c’est-à-dire la liberté « du renard libre dans un poulailler libre ».
Cette Europe est caractérisée par des transferts de souveraineté des Etats membres (27) à l’Union européenne dans de nombreux domaines : comme le commerce extérieur, la politique douanière, les règles de concurrence pour le marché unique, la pêche etc. ….sur fond de libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux et de services. Et aussi la libre installation des ressortissants.
Le Traité de Maastricht du 7 février 1992, ne modifie pas l’article §2 du traité de Rome visant expressément les DOM. La déclaration n° 26 relative aux régions ultrapériphériques de la Communauté, annexée à l’Acte final du Traité de Maastricht bien qu’offrant, la possibilité de prendre pour ces régions des mesures spécifiques, affirment que ces mesures doivent viser l’objectif de l’achèvement du marché intérieur européen.
L’acte Unique instituant le Grand Marché Intérieur européen a étendu le principe du libre échange entre la Guadeloupe et les 27 pays faisant partie de l’Union européenne.
Toute mesure spécifique pouvant protéger le marché intérieur guadeloupéen, est considérée comme discriminatoire dans le traité de fonction de l’UE.
Nous l’avons vu avec la loi de juillet 1992 sur l’octroi de mer, qui oblige la taxation de la production guadeloupéenne.
Les effets de cette intégration ne se sont pas fait attendre : importation massive de produits communautaires à faible coût de production aux effets dévastateurs pour la production locale. Effets négatifs qui n’ont jamais été compensés par les fonds structurels européens.
Le traditionnel accès privilégié des produits des DOM au territoire métropolitain se trouve quant à lui, réduit à très peu de choses. Fini le temps ou de Gaulle pouvait dire « je réserve 2/3 du marché français aux produits des DOM et un 1/3 aux produits des ex colonies françaises d’Afrique ». Juridiquement c’est impossible, les frontières n’existant plus entre le 27 pays membres depuis le er janvier 1993.
Hormis le sucre et la banane, qui jouissent d’une Organisation Commune du Marché.(OCM) .
On pourra bientôt dire qui jouissaient, avec la fin des quotas pour le sucre et la banane.
Nos productions ne bénéficient d’aucun véritable privilège de débouché, susceptible de compenser les coûts de production élevés découlant des niveaux de rémunération et de charges sociales plus forts que la concurrence.
Le coup de grâce de ces productions sur le marché mondial a été donné aux accords de Marrakech, en avril 1994, créant l’Organisation Mondiale du Commerce ( OMC)
Au niveau social, l’adoption par les Gouvernements des 27 pays membres de l’Union européenne du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne ( TFUE) conforte le libéralisme et fragilise les services publics. Alors que ce Service Public est un filet de sécurité pour les plus modestes
Les directives européennes réalisent la libéralisation de tous les grands secteurs, jadis publics, comme l’électricité, le gaz, les télécommunications, les Postes etc.…
Evidemment, après avoir fait l’impasse sur la question du chômage ( 60% de jeunes de moins de 25 ans) et de la pauvreté ( 34% ) en Guadeloupe , la plupart des candidats, font l’éloge des fonds européens qui sont attribués à la Guadeloupe, en omettant de dire que la Guadeloupe est un contributeur net aux recettes de l’Union.(* à lire : Fonds Européens. La Guadeloupe est elle un contributeur net- Alain PLAISIR)
Au niveau politique, l’UE est soumise aux Etats Unis, via l’OTAN. Dans cette période, le risque de guerre mondiale est bien réel, avec l’intégration probable (après les élections des 8 et 9 juin 2024) de l’Ukraine dans l’Union Européenne .
Intégration, qui entraînerait, de facto, un conflit avec la Russie.
La Guadeloupe n’a rien à gagner, ni à faire, dans cette Europe de marchands.
Alain Plaisir Président du CIPPA