Gosier. Mardi 26 juillet 2022. CCN. Nicole Favières-Bourguignon est une artiste qui vit l’acte de sculpter comme une source infinie de plaisirs et d’accomplissement personnel. Son art lui permet de se confronter aux autres, à elle-même et à son parcours de dépassement de soi. Cette “sculpteuse” qui se définit comme telle explore le NOU Gwadloupéyen dans toutes ses facettes et ses composantes. Les visiteurs qui étaient présents en très grand nombre à son exposition ont pu vivre cette expérience inédite de l’exploration de son propre reflet dans ses œuvres. Mais qui est donc Nicole Favières-Bourguignon ?
Nicole Favière Bourguignon (NFB) : Je suis une femme, une mère de famille, une grand-mère et j’ai exercé la profession d’assistante sociale. Je suis aussi, une guadeloupéenne qui est en quête de nous représenter, ce fameux Nou guadeloupéen. Un de mes challenges dans mes créations est de permettre à tous mes compatriotes de s’approprier l’art. Dans mes sculptures, j’ai à cœur de créer des visages et des personnages du quotidien dans lesquels tout un chacun peut se reconnaître.
CCN : Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de faire de la sculpture ?
NFB : C’est ma mère qui m’a initié à l’art de façon informelle. Le déclic est arrivé lors de mon premier contact avec la terre. Le désir de créer était né. J’ai commencé à sculpter des personnages amérindiens. C’est au côté de Mireille Prompt que j’ai découvert la diversité de la forme. En fait de tout ce que l’on peut faire avec la terre. Pour moi, l’art de la poterie s’arrêtait à la fabrication de pots. J’ai commencé à créer des objets décoratifs et utilitaires et petit à petit la forme humaine à commencer à apparaître dans ce que je créais.
CCN : Quand avez-vous commencé la sculpture ?
NFB : J’ai commencé à m’intéresser à l’art dès mon plus jeune âge, Ma mère était une femme très créative sur le plan artistique. Elle m’a appris à observer les détails dans les œuvres. J’ai passé une bonne partie de mon temps à l’écouter et regarder attentivement ses réalisations sans vraiment me sentir concerné.
C’est en 1978 lors de mes études pour devenir assistante sociale que j’ai participé à mon premier atelier de poterie dans les Yvelines en France. Ce fut un enchantement !! Je me suis promis de renouveler cette expérience. En 1990, après la naissance de mes deux enfants, le désir de créer de mes propres mains m’envahit. J’ai décidé de m’inscrire à un stage organisé par Mireille Prompt au musée de Saint John Perse à Pointe à Pitre. Avec Patrick Proust, je poursuis mes découvertes du tour et du modelage du corps humain. Je sens alors combien l’art de la terre répond à une profonde quête et me fait me sentir à ma juste place. Suite à ces découvertes, je pratique seule et me familiarise avec les réactions des différentes terres.
Je n’ai pas eu un parcours linéaire, parce que j’ai eu une vie de femme et de famille qui n’avait plus le temps de se consacrer à la sculpture. C’est seulement quand mes enfants ont grandi que j’ai pu trouver le temps pour m’adonner à ma passion : la sculpture.
CCN : Quelle est votre façon de travailler
NFB : J’ai commencé à m’appuyer sur des sachant. J’ai acheté des livres pour apprendre toutes les techniques. Je travaille sur la figure humaine et sur tout le processus du vieillissement, du bébé pour arriver à la personne âgée. J’étudie les ethnies (amérindiennes, guadeloupéenne, indienne, africaine..) que l’on retrouve dans mes sculptures. « L’Antillane » sculptée sur un “KA” est une œuvre qui fait la synthèse de toutes mes études artistiques et anthropologiques. Elle représente nos origines africaines, amérindiennes, hindoues et européennes. Cette femme est le NOU des guadeloupéennes.
CCN : Pourquoi cette exposition personnelle ?
NFB : J’ai souvent exposé dans le cadre d’un collectif d’artistes. C’est la première fois que je me lance dans une exposition seule. C’est un véritable défi pour un artiste, car il faut avoir suffisamment de pièces à présenter aux publics pour lui faire découvrir l’étendu de votre travail et comprendre votre démarche. Cette exposition personnelle retrace mon parcours de la poterie à la période amérindienne, puis africaine jusqu’à ce je fais aujourd’hui : la représentation des figures humaines de chez NOU.
CCN : Qu’est-ce que ce NOU guadeloupéen ?
NFB : Quand je me suis inscrite à l’école d’art de Michel Rovelas, je me souviens d’un cours avec Yolande Daroud qui est une cubaine critique d’art spécialisée dans la caraïbe. Elle nous a fait étudier un jour un tableau représentant un paysan qui entre dans un musée et qui cherche sa place, et qui ne la trouve pas. J’ai moi aussi eu ce même sentiment quand je découvrais les œuvres des musées de France. Je prends conscience que l’on n’est nulle part. Je me suis dit : Qui donc que nous même peut NOU représenter ? Il ne faut pas attendre que les autres le fassent à notre place. C’est à nous de faire la démarche. Le NOU Guadeloupéen est une quête que l’on retrouve dans toutes mes sculptures. Je travaille sur le NOU d’hier et le NOU d’aujourd’hui.
CCN : Pouvez-vous nous résumer en une phrase votre démarche artistique ?
NFB : NOU guadeloupéen dans notre diversité ethnique et de pensée.
Prochaine exposition avec Nicole Favières-Bourguignon (collectif d’artistes) le vendredi 22 juillet 2022 au Centre Culturel Rémy Nainsouta à Pointe à Pitre.
Site internet : https://festivalduzouk.org/
Email : nicolefb@hotmail.com
Maleekah Feedje