Pointe-à-Pitre. Jeudi 5 aout 2021. CCN. Je ne suis pas un dévot ni un adepte du mysticisme mais je suis intimement convaincu que les hommes naissent pour accomplir une mission sur cette terre. Cela est certain. Mais il y a quelques « élus » dont le rôle est de nous guider ici-bas.
Jacob Desvarieux fait partie de ceux-là. Au-delà de son indéniable talent de musicien, il a subsumé en terme musical ce qui a été fait auparavant, en traduisant notre syncrétisme culturel afin de créer une nouvelle musique.
C’est bien la troisième fois dans l’histoire du monde contemporain que des « petits pays », émergents ou en voie de développement, imposent leur musique et leur culture à l’ensemble de cette planète sous domination de la « pensée » étasunienne.
Après la diaspora cubaine et portoricaine avec la salsa, après la Jamaïque avec son reggae, la Guadeloupe, à partir des années 1980, disséminent la culture antillaise à travers le monde en imposant le Zouk à la terre entière.
Serait-ce un hasard que toute cette créativité conquérante, soit issue des peuples de la caraïbe ?
L’Histoire nous dit que non.
Il suffit de se rappeler comment ces « nouveaux » caribéens ont vu le jour.
Nés d’une sélection involontaire, ces fils de l’esclavage, de l’immigration forcée et économique, ne peuvent qu’exceller dans tous les domaines. Ces « dépourvus d’âme », ces « intouchables », ces « métèques » ont renversés un ordre établi en créant un nouvel idiome par leur puissance novatrice.
Le Zouk c’est Kassav’.
Le Zouk c’est la puissance créative et créatrice de la Guadeloupe exposée au monde et imposée à ce vieux monde autocentré, bien souvent triste et froid.
Jacob Desvarieux a pu, par son histoire personnelle, réaliser la synthèse d’un passé douloureux volontairement enfoui mais déterminant et d’un présent peu réjouissant voir désespérant, pour jeter les bases d’un avenir glorieux.
Sa mission terminée, comme Patrick Saint-Eloi, Jacob Desvarieux s’en est allé « filé zétwal ».
Ne sera-t-il qu’une étoile filante?
Comment agirons-nous désormais?
Allons-nous nous asseoir pour ressasser en vain ses exploits passés?
Allons-nous, une fois l’émotion passée, le ranger au panthéon de nos grands hommes ?
Allons-nous au contraire, nous appuyer sur son œuvre pour aller plus loin, plus haut, plus fort ?
Jacob Desvarieux et Kassav’ ont fait leur part. A nous maintenant de prendre le relais avec détermination, confiant en ce que nous sommes et conscient de ce que nous représentons à la face du monde, afin que la GUADELOUPE soit la terre de tous les rayonnements.
Claude BARFLEUR
Mélomane