YEKRIK !!!….. YE CAC !!! Est-ce que la cour dort ? ….. Hé ben oui la cour va s’endormir.

Parce que finalement sé on véritab lakou sa Awtis Rézistans fè du Centre des Arts de Pointe à Pitre (CAC) pendant ces 50 mois d’une occupation organisée, maîtrisée et gérée. On Lakou parce que tout en étant intime, presque réservé au début a sa ki té la, men apwé sa wouvè pou tout moun, on Lakou vivant, vibrant de toutes ces énergies multiples et croisées.

Le Lundi 15 Septembre 2025 a vu se fermer le Lakou du CAC, s’éteindre les lumières, couper les sons, les voix, poser les pinceaux, les bombes, marteaux, scies et autres meules qui lui donnaient toute ses résonances…abandonné aussi les riches jardins et pépinières…. mais…. WOULO BWAVO Awtis Rézistans !!!!!

Woulo Bwavo pour avoir osé investir cette énorme bâtisse abandonnée, totalement encombrée et sale, pour l’avoir vidée, nettoyée, organisée et par votre seule énergie avoir fait de cet impénétrable un espace ouvert à la ville, pour toute la population de la Guadeloupe et offert aussi à bien des ailleurs.

Woulo Bwavo pour aussi avoir été capable d’intégrer les observations afin de garantir la sécurité aux visiteurs de plus en plus nombreux, de tous âges, de tous types, de partout…é sé zòt menm ki fèy !

Le CAC avec vous est devenu un espace incontournable de création, de travail, d’invention, de formation, la possibilité pour chacun de pouvoir s’exprimer…beaucoup qui ne trouvant pas leur place dans les espaces « trop institutionnels » ou même simplement de leur vie, se sont ici libérés de leurs aprioris et ont trouvé dans cette apparente liberté simplement la possibilité d’être là, de trouver refuge pour beaucoup, et de produire si cela leur venait. Combien de jeunes ont pu ici ouvrir leurs yeux à l’art ou réaliser leur désir de montrer au regard des autres leurs inspirations créatives.

Woulo Bwavo parce que tout cela n’était pas le fait du hasard, d’un total laissé aller…non…l’espace était géré, organisé, avec des responsables pour chaque domaine, chaque action. Des tensions ont pu naître sûrement….mais elles ont été chaque fois pacifiées  entre vous ….et seulement entre vous…é sa sé on fòs.

La galerie d’art avait des horaires, les expositions avaient un délai et tournaient, les spectacles ou les conférences étaient programmées, la communication efficace, l’accueil des jeunes pour des cours parfaitement mis en place, les activités sportives planifiées…ou encore le bar, la restauration et les ventes bien structurées. Tout cela dans une apparente liberté, sans présence oppressante……. é sé zòt menm ki fèy !

A-t-on entendu un problème au CAC ? Y’a-t-il eu une intervention de police ? Le CAC a-t-il un lieu de crainte pour ses visiteurs ? Bien au contraire et malgré, comme disait certains, « la faune » qui y résidait c’est l’accueil, le respect, le contact et l’échange qui prévalaient.

Il y a alors (beaucoup) à apprendre de vous, car sans administration formelle, sans cadres formés, sans aides ni subventions, sans vigiles, vous avez réussi pendant plus de quatre années, à créer…on pourrait dire inventer et faire fonctionner…un lieu culturel ki ka sanm nou, pou nou menm…. èvè nou menm.

Woulo Bwavo pour avoir montré qu’il peut y avoir une autre façon de penser de faire, plus inclusive, peut-être plus caribéenne, merci aussi pour cette inclusion sociale respectueuse si ouverte et merci aussi pour cette reconnaissance portée aux figures de chez nous.

Maryse CONDÉ posée haut et fort depuis longtemps en emblème au fronton, Guy CONQUÊTE affiché royal dans l’axe de l’escalier monumental….ou encore Joël NANKIN qui de son vivant se voit remplir le sol de l’entrée au CAC. En fait le bâtiment s’est progressivement effacé mur après mur par et avec ceux qui le faisaient vivre ainsi, pour ceux qui le portaient symboliquement comme offrande d’un autre possible.

Woulo Bwavo…..pou tou sa zòt fè , tou sa zòt lésé ….

Le 16 Septembre 2025 – Emile ROMNEY