Guadeloupe/Marie Galante. Crise sanitaire majeure dans les IDS
Grand Bourg. Samedi 30 mars 2024. CCN. Nou kat sé Yonn est une association de la société civile des îles du sud de la Guadeloupe, œuvrant pour la représentation, la promotion et la défense des intérêts économiques de la population insulaire. Son objectif est de défendre les droits et les besoins économiques des habitants, tout en promouvant le développement durable et en préservant l’authenticité des territoires insulaires. Il Y a de cela quelques jours, une conference de presse était organisée. reportage.
Une situation alarmante “ Un Manque Criant de soins médicaux de base”
La conférence de presse qui s’est déroulée au Restaurant « SIWO CAFE » à Grand-Bourg a révélé une crise sanitaire profonde qui sévit dans les îles du sud de la Guadeloupe. L’Association Nou kat sé Yonn ( NKSY à travers ses présidents représentant les 4 îles ont uni leurs voix pour dénoncer des lacunes et des difficultés majeures en matière de soins médicaux de base et essentielle, mettant ainsi en lumière une situation désespérée.En effet, les îles du sud de la Guadeloupe sont confrontées à une crise sanitaire sans précédent, On parle alors aujourd’hui de désert médical, voire sanitaire.
La Désirade : L’absence de médecins depuis plus d’un an
Max Villeneuve , président de « NKSY » représentant et porte-parole des habitants de la Désirade, a lancé un cri d’alarme et a exposé la situation critique dans son île.
“Avec l’absence de médecins depuis plus d’un an, les 1364 habitants (chiffre 2023) se retrouvent sans accès aux soins médicaux de base entraînant des conséquences tragiques qui touchent directement la vie des habitants, laissant ainsi une population de personnes sans accès direct à des soins médicaux adéquats. Nous avons malheureusement pu constater une augmentation des décès, que l’on peut attribuer à ce manque de soins médicaux
Cette absence de soins de santé, que l’on peut dire de base, expose les résidents à des risques graves pour leur santé et leur vie. Il est donc impératif de prendre des mesures immédiates afin de remédier à cette situation critique et assurer un accès équitable aux soins médicaux pour tous.
De plus, l’île est confrontée à un exode rural alarmant, avec une population vieillissante ayant en moyenne entre 60 et 70 ans qui se retrouve démunie face à un système de santé défaillant.”
Malgré des demandes répétées, les réponses de l’ARS se font attendre, laissant les habitants dans une situation précaire et sans espoirs. Cette apparente inertie face à une crise aussi pressante soulève des questions sur la capacité et la volonté des autorités à répondre efficacement aux besoins de santé urgents de la population.”
Terre De Bas “Urgence Médicale et continuité territoriale fragiles”
Gabriel Foy, président de NKSY représentant de Terre De Bas, a souligné l’urgence de la situation dans son île.
En effet, avec un nombre insuffisant de médecins et un manque de continuité territoriale entre Terre de haut et Terre de bas. Les familles se retrouvent souvent livrées à elles-mêmes en cas d’urgence médicale à Terre de bas. Son appel pour un renforcement du personnel médical et une meilleure coordination entre les îles résonne comme une nécessité impérieuse pour sauver des vies.
Gabriel Foy , identifie la Guadeloupe comme un archipel uni composé de 6 îles, il a souligné le besoin pressant d’une présence médicale régulière. Actuellement, avec seulement deux médecins visitant une fois à deux fois par semaine Terre de bas, la situation est critique. De plus, le départ imminent à la retraite de l’un de ces médecins ne fait qu’aggraver la crise.
Une triste anecdote a mis en évidence l’urgence de la situation : le décès d’une dame à 5 heures du matin, sans qu’aucun médecin n’ait pu être disponible pour lui procurer des soins et encore moins pour constater son décès. Autres tragédies, “parfois, on est obligé d’évacuer la personne souffrante à bord d’un hors-bord (action non autorisée) pour la transférer de Terre de Bas à Terre de Haut afin de lui sauver la vie.
La détresse des familles et la souffrance croissante sont palpables. Gabriel Foy a lancé un appel poignant pour la présence d’au moins un médecin de chaque spécialité au moins une fois par semaine sur l’île.
Des actions de prévention ont été mises en place afin de sensibiliser les habitants aux gestes d’urgence en cas d’Avc, de maladie cardiaque ou autres en attendant les secours (hélicoptère ou bateau).
Un Appel à l’Action et à une transparence Budgétaire
Bernard Leclaire fondateur et coordinateur de l’Association « Nu Kat sé Yonn et représentant de Marie-Galante, a souligné en premier lieu l‘urgence médicale à laquelle fait face l’île, avec le constat alarmant que le bloc opératoire et la maternité ne sont pas fonctionnels, posant ainsi la question poignante : « n’a-t-on pas le droit de naître chez-nous ? »
Il a ensuite présenté une série de propositions audacieuses dans le but de surmonter la crise actuelle. Parmi celles-ci, il insiste sur la nécessité cruciale d’acquérir un deuxième hélicoptère dans le but d’assurer des interventions médicales d’urgence efficaces dans les îles du sud. De plus, il a appelé à une réunion générale urgente des dirigeants insulaires pour discuter des mesures à prendre face à cette crise sanitaire dévastatrice. En outre, il tient à souligner l’importance d’une transparence budgétaire accrue afin que les ressources financières puissent être allouées de manière efficace et équitable pour répondre aux besoins de la population. En effet, “ nous ne connaissons pas le montant des impôts versé pas les IDS puisqu’il est intégré directement au montant global de l’archipel de la Guadeloupe” souligne-t-il.
Autre proposition, a également avancée : la création d’une 5ème circonscription distincte, afin de mieux représenter les intérêts des îles du sud et de garantir une gestion plus adaptée à leurs réalités spécifiques. Ces suggestions ambitieuses reflètent l’engagement de l’Association « » à trouver des solutions tangibles pour sortir de l’impasse actuelle et assurer un avenir meilleur pour les habitants des îles du sud de la Guadeloupe.
Une Perspectives d’Espoir ?
Chantal Azor a souligné que l’action de l’Association NKSY ne se limite pas à quémander des soins, mais vise à garantir un droit fondamental, inscrit dans la constitution : celui à la santé. Dans cette perspective, elle a évoqué la possibilité de l’arrivée d’un médecin cubain, une solution potentiellement favorable à laquelle l’ambassade de Cuba se montre encline. Cependant, elle a précisé qu’une décision définitive dépendrait du gouvernement
Par ailleurs, une alternative plus concrète a été présentée : le modèle de St Marcel, mis en œuvre avec succès dans la région de l’Ardèche en France. Ce système, basé sur une collaboration entre la commune et la Région, prévoit le salariat du médecin, l’emploi de l’infirmière par la région et la mise à disposition des locaux par la commune. Cette approche offre une flexibilité appréciable, permettant au médecin de revenir au statut libéral après deux ans. Cette initiative, ayant prouvé son efficacité dans une région confrontée à des déserts médicaux, pourrait constituer une solution viable pour répondre aux besoins de santé dans les îles du sud de la Guadeloupe.
Olivier Serva, parlementaire présent à la conférence de presse a pris la parole pour exprimer son profond respect pour l’engagement des militants locaux qui œuvrent pour le bien de leur territoire. Il a souligné ses démarches auprès de personnalités clés telles que Jean Pierre Chalus, directeur du port autonome et l’ARS. Il a également mis en évidence la responsabilité de la région dans la continuité territoriale inter-îles.
Abordant la question du transport aérien, Olivier Serva a partagé des informations encourageantes. Il a révélé avoir été approché par des investisseurs désireux de soutenir le développement de Marie-Galante, mettant en exergue l’emplacement stratégique de l’île dans les Caraïbes et son potentiel économique. Il a par ailleurs mentionné la mise à neuf de la piste d’atterrissage et l’intérêt manifesté par des investisseurs potentiels, proposant ainsi la création d’un aérodrome, voire plus.
En somme, cette conférence de presse a mis en lumière l’urgence de la situation sanitaire aux îles du sud de la Guadeloupe. Les cris d’alarme des présidents des îles résonnent comme un appel à l’aide urgente, implorant des mesures immédiates pour garantir l’accès aux soins de santé essentiels pour les habitants de ces régions reculées.
Des absences remarquées
Les absences notables des maires des îles du sud : pourtant invités Dr Maryse Etzol Maire de Gd Bourg, Jean Claude Maes, maire de Capesterre et Francois Navis Maire de Saint Louis ors de cette conférence de presse a été remarquée, laissant un vide de la représentation institutionnelle dans les discussions cruciales sur la crise sanitaire qui sévit dans les IDS . Cette absence soulève des questions légitimes quant à l’engagement de ces autorités locales à résoudre les problèmes urgents auxquels sont confrontés les habitants des îles du sud. En tant que représentants élus de ces communautés insulaires, leur présence aurait été essentielle pour témoigner de leur soutien et de leur volonté d’action face à cette crise sanitaire. Cette lacune dans la participation des maires souligne l’importance d’une coordination et d’une mobilisation accrues de toutes les parties prenantes pour trouver des solutions efficaces et rapides aux défis auxquels sont confrontés les populations insulaires
En somme, cette conférence de presse a mis en lumière l’urgence de la crise sanitaire qui frappe les IDS de la Guadeloupe. Les dirigeants de NKSY ont exprimé avec émotion les défis auxquels leurs communautés sont confrontées en raison du manque criant de soins médicaux de base. Des témoignages poignants ont illustré les conséquences tragiques de cette situation, avec une augmentation alarmante des décès attribuables au manque de soins adéquats.
Cependant, parmi les discours empreints de désespoir, des lueurs d’espoir ont émergé. Des propositions audacieuses ont été avancées pour remédier à la crise, allant de la demande d’un renforcement du personnel médical à la recherche de solutions innovantes. De plus, des perspectives de développement économique, comme le projet d’aérodrome à Marie-Galante, ont été évoquées, offrant un rayon de lumière dans un contexte trés sombre.
Cette conférence de presse a ainsi mis en évidence la nécessité pressante d’une action concertée et immédiate pour répondre aux besoins essentiels des habitants des îles du sud. Elle a souligné l’importance cruciale de la solidarité et de la coopération pour surmonter les défis actuels et ouvrir la voie à un avenir meilleur pour ces communautés insulaires.
DJennifer Nomertin ( Stagiaire CCN)