Guadeloupe. Politique : La Rencontre de Jacques Bangou avec Serge Letchimy
Pointe-à-Pitre. Jeudi 3 août 2023. CCN. Ces deux hommes politiques S.Letchimy et J. Bangou se connaissent depuis des années. Au fil du temps et de leurs échanges réguliers, au-delà des divergences pouvant exister entre deux politiques issus de 2 pays différents mais sous la même domination coloniale, une amitié réelle a vu le jour. De passage en Guadeloupe le week-end dernier, S. Letchimy n’a pas manqué de revoir son ami : Le Récit de J. Bangou.
Serge Letchimy m’a fait l’amitié d’une rencontre informelle au décours de l’importante réunion en Guadeloupe, de tous les présidents des collectivités des pays dispersés aux quatre coins de la planète et gouvernés par la France. Ceci au décours de la publication des mesures arrêtées par le comité interministériel, le CIOM.
L’homme est populaire en Guadeloupe, en témoignent les nombreuses interpellations et salutations par le personnel de l’hôtel où il résidait autant que par les nombreux résidents présents.
Une occasion de soulever quelques-uns des points d’actualité politique qui nous concernent collectivement tant en Guadeloupe qu’en Martinique.
Nous sommes revenus sur le fonctionnement de la Collectivité Martiniquaise (CTM) et Serge Letchimy affirme, malgré les critiques, un fonctionnement efficace depuis deux ans en insistant sur des particularités qui concourent à cette bonne gouvernance à ses yeux. Les questions à l’assemblée au début de chaque plénière, venant autant de la majorité que de l’opposition, le dialogue obligatoire et public entre le président de l’assemblée et le président de l’exécutif et un fonctionnement effectif des commissions enfin. Il revendique des résultats mesurables de l’efficacité de la CTM en citant la baisse du chômage, la reprise des investissements, l’augmentation du PIB.
Sur le plan plus symbolique Serge Letchimy s’est étendu sur ses combats en cours. L’intention d’officialiser le créole comme deuxième langue officielle par exemple. Il raconte avec une pointe d’humour comment à la lettre du ministre écrite en parfait français pour lui demander de reculer sur cette démarche il a répondu par une lettre… en parfait créole pour rester sur sa position. On le voit, l’homme est audacieux, il peut être provoquant mais ne laisse pas indifférent ! S’agissant du drapeau il raconte avec sérénité les oppositions de certains ministères comme l’encouragement implicite des représentants de l’Etat qui participent en Martinique aux manifestations où le drapeau rouge et noir tient maintenant sa place aux côtés du drapeau tricolore.
S’agissant du CIOM et de la relative appréciation positive qui est la sienne différente de la réserve importante que j’ai pu moi-même émettre au nom du PPDG, il revient sur quelques annonces qui résultent de propositions directes formulées par lui comme la zone franche autour de Ducos devant permettre une expansion industrielle à l’échelle du pays Martinique. Il affirme que l’évolution de l’octroi de mer annoncée pour 2027 ne serait pas une disparition de celle-ci. Mais surtout il fait clairement la césure entre le train de mesures annoncées pour la gestion du quotidien et l’évolution institutionnelle à venir. Raison pour laquelle, avec la complicité du président de la Région Guadeloupe ils ont pu afficher un front des « outremer » renforcé par la présence de Saint Pierre et Miquelon pour rappeler à la première ministre mais surtout au président de la République que tous nos pays dans ce qu’on appelle les Outremer doivent impérativement être entendus et écoutés s’agissant de leurs choix respectifs. L’annonce faite par Emmanuel Macron en Nouvelle Calédonie laisse en effet entendre une modification de la constitution dans un bref délai autour des articles 72, 73 et 74. Il s’agit, nous dit SL, de ne pas rater le coche et que chaque territoire exprime clairement dans les mois qui viennent la direction qu’il entend prendre en espérant qu’elle rentrera dans le carcan institutionnel qui sera révisé par le PR.
Concernant la réforme institutionnelle, deux options de l’Etat, dit Serge Letchimy, semblent répondre à notre besoin d’instaurer un pouvoir normatif autonome : je cite, « le 73-1 éventuellement mais aussi la fusion des deux articles (73/74) que pressent le gouvernement. Ce sont des hypothèses, car c’est le congrès de la Martinique qui aura le dernier mot ». Pour les compétences singulières il faut, dit-il, des moyens transférés et sécurisés dans une loi organique après négociation avec l’Etat. Et cela pourrait concerner la fiscalité, l’environnement…
En tous cas Serge Letchimy affirme sa volonté de pousser la collectivité Martiniquaise vers plus d’autonomie, à l’instar du projet Guyanais.
Plus que jamais Serge Letchimy aura affirmé haut et fort lors de son passage en Guadeloupe qu’il ne discute plus avec l’Etat mais négocie !
A bon entendeur salut. Jacques Bangou
N.B : J. Bangou a récemment publié “ “Une ville un peuple un parcours (Caraibeditions)” et c’est S. Letchimy qui a rédigé la préface.
