Partagez sur

Actualité en Guadeloupe, Martinique, Guyane et dans la Caraïbe !

Guadeloupe. Vie quotidienne : Le bonheur est-il impossible ?

Vie quotidienne : Le bonheur est-il impossible ?

Guadeloupe. Vie quotidienne : Le bonheur est-il impossible ?

4/5

La  Nouvelle de MarLee

 

Gourbeyre. Jeudi 17 octobre 2024. CCN. Vu du ciel, l’archipel de Guadeloupe nous offre un panorama époustouflant ! Quand on atterrit et qu’on emprunte les différents sentiers de la partie continentale de l’île, et qu’on arpente les méandres de ses pépites au nord comme au sud, chacun aimerait s’y installer et vivre son « Robinson » ! Mais l’histoire du papillon n’est malheureusement pas une fable.



1/ Poukwa pèp Gwadloup ka kriyé anmwé ?

 

Si on a coutume de dire « péyi la bel » : soleil, ti punch, plage et boudin ; on se rend vite compte, et ce, depuis quelques années déjà, que ces caractéristiques environnementales et culturelles ne suffisent plus à traduire le sentiment d’une certaine douceur de vivre, voire du bonheur.

Pour bien s’en apercevoir il convient de regarder attentivement les habitants de l’île ou tout au moins scruter leur mode de vie :

Aurélie habite Baillif et travaille à Jarry (poumon économique du Papillon), Bertrand n’a pas le permis de conduire et s’occupe des personnes en perte d’autonomie, hospitalisées à domicile ; Hélène loue un appartement à la cité des Eglantines dans les hauteurs de Champfleury et travaille à la crèche du coin.

Ces trois citoyens actifs, somme toute un peu plus chanceux que ceux assis depuis sept heures du matin à l’entrée de l’immeuble du centre-ville, non loin de l’épicerie de man vikto, ont tous un point commun : Ils affichent dans le regard une tristesse, une inquiétude, un dégoût, une lassitude..… Des apparences qui contrastent allègrement avec le bleu du ciel, l’écran émeraude et la douceur de ce péyi Gwadloup !

 

Un contraste d’autant plus saisissant qu’il semble se dupliquer à mesure des rencontres de MarLee.

Interrogés sur les causes de cette image, sans doute déformée par la violence du soleil ou les conséquences bien que sporadiques d’un épisode pluvieux trop important ; tous évoquent un sentiment de « survie » ! :

Aurélie explique qu’elle doit affronter une heure, voire une heure trente d’embouteillage pour sortir de Baillif et arriver à Jarry.

Bertrand est tributaire d’un hypothétique bus pour se rendre au chevet de ses patients dont il ne sait jamais s’il pourra respecter les horaires de « nursing » ou de prise de repas ;

Hélène elle, prie tous les matins pour espérer que l’eau soit au rendez-vous dans son robinet pour se préparer à rejoindre les petits dont elle a la charge à la crèche ; mais aussi pour s’assurer que celle-ci ne ferme pas, privant au passage les parents de ce service, pour cause d’absence d’eau sur le site.

Quant aux « pensionnaires » de l’entrée de l’immeuble, ils évoquent une fatalité qui ne leur laisse guère le choix d’une autre et meilleure vie !

 

2/ Mè ki jan santé mental an nou pé rézisté ?

 

J’aime à dire qu’il n’y a pas de fatalité mais surtout l’absence de volonté. La volonté de saisir le taureau par les cornes, repérer les besoins et les quantifier, recenser les moyens ; identifier la ou les cibles, planifier les étapes à franchir, et ne jamais perdre de vue l’objectif.

Il s’agit là de ce que Aurélie, Bertrand, Hélène et les autres seraient tentés d’attendre de la part de ceux qui organisent la vie de la cité. Mais, disent-ils : « yo paka fè ayen ban nou » ; « nou pa ayen pou sé moun la sa » ; Un défaut de considération ressenti comme le feu d’une lame de rasoir chez certains…Et du coup, le sentiment de ne pas être éligibles au bonheur ! Triste réalité au pays des milles couleurs, des eaux turquoises et du zouk…. 

Et pour cause, le sentiment d’être heureux ne se décrète pas ! Les conditions pour y parvenir doivent être réunies ou encore les pistes à explorer doivent être clairement repérables.

Or, c’est sans doute là où le bât blesse ! : Comment imaginer ressentir de la quiétude, de la sérénité et finalement une forme de bonheur, quand tous ces sentiments sont tributaires de la qualité de votre quotidien ?

Qui peut être détendu au travail après avoir « essuyé » une heure trente d’embouteillage ; qui peut ignorer sa colère, quand, au réveil l’eau ne coule pas dans le robinet et que vous devez prendre une douche, préparer vos enfants pour l’école ?… Qui peut être serein quand le transport en commun prévu à 7h30 n’arrive qu’à 8h45 ; Qui, après tous ces dysfonctionnements, ces ratés, cette galère peut se laisser aller ne serait-ce qu’à l’idée d’une sensation de bonheur ?

 

La joie de vivre en Guadeloupe ne semble avoir cours désormais que lors des pics de convivialité ! Une façon sans doute de conjurer le sort au rythme des déjeuners champêtres ou autres « holliday In », durant lesquels les corps et les esprits expient toutes leurs frustrations.

A cet instant, le bonheur semble se conjuguer finalement au quantum de bouteilles de pétillants, alignées telles des « rails enivrants » ; rivalisant d’avec la table du voisin ; Celle-ci ayant conservé les traces d’agapes en tout genre témoignant de la satiété effective des convives, prêts à s’envoler sur des rythmes endiablés pour parfaire la jouissance du moment.

On peut comprendre par conséquent que ces moments de liesse à l’image de notre emblématique carnaval, régulent le sentiment de frustrations au quotidien.

 

3/ Pli ta, pli tris ? Ka nou ké divini ?

 

Mais peut-on se projeter dans une société gangrenée par les difficultés en se contentant de moments de bonheur éphémères ?

Cette perspective est indiscutablement inacceptable, tout au moins pour celui qui se fait une idée du bonheur en comparaison des standards qui régissent ce sentiment ; et à l’expression qui en est faite dans d’autres contrées.

En effet, et quand bien même on inscrit le sentiment du bonheur à l’échelle personnelle et à une perception rigoureusement individuelle ; Il n’en demeure pas moins que ce sentiment a pour marqueurs, des caractéristiques et des sources bien définies dans la traduction populaire et sociétale.

Notre Guadeloupe, « marée » à la France vectrice d’éléments aspirants à l’épanouissement pour tous candidats en quête du sésame « bonheur », se débat entre ressemblance, identité, paraître… Pour tenter ainsi de gravir les marches de l’accession au Graal : Désirs de voyage (champions de la croisière), l’accession à la propriété, travail bien ou très bien rémunéré, toilettes derniers cri, des enfants en études supérieures…. La panoplie de l’homme heureux et satisfait en théorie.

Sauf que, désir n’est pas réalité pour tout le monde ! Les ingrédients du bonheur ne sont pas à la portée de tous en « péyi Gwadloup ». 34 % des gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, le Conseil Départemental témoigne d’une augmentation fulgurante de l’aide sociale, la collectivité régionale assène son rôle d’accompagnement au développement du territoire, dont la perception ne semble pas évidente pour le commun des mortels ; l’éducation nationale est en souffrance (nos enfants moins bien instruits, faute de moyens, moins de débouchés), un service public en panne dans de nombreux secteurs : médical (l’offre de soin et l’accession au soin), économique (la vie de plus en plus chère) social (l’accompagnement de l’état en nette diminution)….

La société guadeloupéenne semble en panne et n’est certainement pas en passe actuellement de générer les hormones d’un bonheur pérenne. 

 

Gwadloupéyen sé on pèp solid : pwan an fondal an nou pou fè limyè la parèt avè sa, kè an nou ké kontan !

 

Une évidence : Subir, n’est pas la solution. Et si notre bonheur choisi était l’idée que nous nous faisions de notre papillon ! Cheminer comme le déploiement de ses ailes, tenter de gommer les aspérités par la recherche d’une simplicité de vie, loin des « imitations d’autrui », se focaliser sur l’existant et révéler les potentialités. Reprendre goût au naturel, en contemplant et en soignant les blessures de notre généreuse nature. Oeuvrer avec satisfaction à la reconnexion d’avec nos anciens, gran anman, gran apa, tonton é ami entel, pour remettre sur pieds les transmissions obligatoires. Regarder différemment nos voisins, nos enfants, nos artisans…. Pour communier ensemble sur une certaine idée de notre bonheur à nous…Retrouver l’amour de nous-même !

 

MarLee

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ccnfirst.COM

Bienvenue sur le portail

Actualité, Événements,
Bons plans des Îles du Sud
Les acteurs du développement
de la Guadeloupe de demain.
Le festival de la
bande-dessinée et du manga .
Portail Caribéen
Média et Com
   
Vérifié par MonsterInsights