ÎLE VOLCAN
Je vous parle de mon île…
Latérite en furie adossée à son nid de verdure
Mon pays volcan, quand les coulées de lave dévalent les ravines inquiètes
Je suis fils d’un sexe en feu, docile aux orgies des déboulés
Les brasiers sont partout, le long des cannaies imberbes
Aux portes des bourgades, à l’orée même des cimetières
Partout où mes pas se risquent, je vois flotter les cendres des dernières révoltes
Entre deux billons, ce n’est pas l’igname qui prospère pour le repas de midi
C’est un tas de braises vives dressé à la croisée des chemins
Contestations imprescriptibles sur le tablier des ponts fragilisés
Combat cent fois remis à la tablée des luttes stériles
Sang coagulé dans la gorge des avens sourds
Mer défoncée crachant sa rage dans les fentes acérées des récifs
Voilà mon pays qui se consume et qui mange ses cendres au crépuscule de ses doutes
Ce pays est le mien et je le prends contre moi tel un fagot de coton finement cardé
Je me veux fakir immolé dominant la cime des brasiers crépitant
Donnez- moi la force des innocents pour lire la route des galaxies qui évitent les écueils
Ma terre est ce volcan réveillé et mes larmes sont un tourbillon de laves fumantes
La pluie dont je sais le pouvoir d’apaiser, hésite à dissiper les cendres encore tièdes
Mon pays est ce sexe en feu en pleine pyrolyse sociale
Il se consume lentement, contournant la rigueur des ronds-points…
Max Rippon. Castel 19 novembre 2022