
Guadeloupe. Musique. Michel Mado « Le Gwoka a dépassé le concept de résistance et a imposé son existence »
Baie-Mahault. Mercredi 16 juillet 2025. CCN. Quand Michel Mado ( pianiste) et François Ladrezeau (Tanbouyé) se donnent en concert, c’est toujours d’un point de vue musical un véritable événement car ce duo qui a débuté il y a déjà plus d’une décennie, incarne l’excellence de notre patrimoine musical. Ces deux talentueux mizisyen gwadloupeyens ont su “mixer” avec leurs instruments respectifs tout ce qu’est vraiment aujourd’hui le gwoka , notre musique nationale. Le pianiste Michel Mado est à ce titre l’un des fils spirituel de Gérard Lockel, le créateur du Gwo ka moderne. François Ladrezeau, Tanbouyé et vocaliste de high Level, a d’abord fait ses classes avec Akiyo. Le groupe musical culturel qui depuis près de 4 décennies fait du “Tanbou a mas” une expression culturelle originale et absolument unique dans toute la Caraïbe.
Ladrezeau et Mado en concert à ne pas rater.
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CCN. Pourquoi Ladrezeau?
Michel Mado. Fanswa est un amoureux de la musique, un homme qui a soif de cultures et de toutes les musiques. En cela, c’est une personnalité et un partenaire de luxe. Fanswa est un véritable jazzmen dans la mesure où il convient pleinement à l’esprit improvisé de notre musique. À travers notre combinaison, il n’y a pas de cloison entre le gwoka traditionnel, le gwoka moden de Gérard Lockel et le jazz tel que l’on peut le concevoir. Il n’y a que l’ancrage identitaire qui sert de boussole. Son bagage Akiyo, ses heures quotidiennes passées à la piétonne, ses expériences avec David Murray et bien d’autres… font que les mélodies nous guident, les textes nous inspirent… et nous réussissons sans difficulté à fondre nos deux discours en un. Puis franchement… on ne choisit pas sa famille… Le Mado/Ladrezeau est avant tout une histoire de cœurs qui s’unissent.

CCN. Quelle est votre conception du gwoka tel que vous le pratiquez, qu’est-ce qui vous inspire ?
Michel Mado. Le Ka est l’essence même, l’âme de ce qui nous guide. Au-delà d’une musique c’est une manière de vivre, un affranchissement intellectuel, sans doute même spirituel. Aussi nous aimons à le rappeler Il y a deux choses :
Partir en reconnaissance
Défricher, partir en éclaireur, explorer des pensées, wouvè chimen …
Et avoir de la reconnaissance
Être conscient que nous sommes parce que des artistes, des militants, des guadeloupéens ont œuvré pour que nous puissions nous exprimer, en pleine conscience. Cela n’a pas de prix… Et c’est ce gwoka que nous défendons… celui de Loyson, de Lockel, un Ka Maître, fédérateur , un instinct de liberté intouchable de Guy Conquête. C’est au-delà même des rythmes … chouké pou dé bon. Le gwoka c’est aussi et surtout cela … un gwoka qui a déjà dépassé le concept de Rézistans pour imposer son Egzistans. Une musique qui n’est pas que revendications, contestations, qui comme art même transcende et affirme ce que l’on est… ce que l’on veut. Une mélodie, un texte fort… un message et le reste on en fait notre affaire.
CCN. En quoi ce vous interprétez dépasse le cadre de la Gwadloup ?
Michel Mado. Toute musique dépasse son simple lieu, enfin je le crois. Le Gwoka depuis Guy Conquête et bien d’autres a pu être présenté en des contrées qui n’étaient ni créolophones ni francophones mêmes..c’est intéressant aujourd’hui de concevoir ce Leg comme une impulsion, celle d’offrir au monde ce que notre pays la Guadeloupe a de meilleur. Beaucoup de musiciens aux carrières internationales, sur la route de grands festivals, s’étonnent après avoir écouté le gwoka modèn de ne pas le croiser sur les grandes scènes mondiales… cela témoigne certes d’une certaine retenue ou non exposition de notre musique sur toutes les grandes scènes mais en même temps cela signifie que cette musique est forte, l’ancrage identitaire se fait sentir, interpelle. Pour répondre précisément à la question, à chaque note jouée, à chaque titre approprié, à chaque rencontre… nous tenons à rendre au Monde ce qu’il nous a confié de grand à nous guadeloupéens. Cela peut paraître étrange comme idée mais c’est du domaine qui ressenti… c’est ce que nous vivons à chaque concert du Mado/Ladrezeau.
Mi sa Ladrezo ka di :

Bonjour,
C’est une excellente chose, j’acquiesce sur les belles paroles de ces deux artistes. Le GwoKa est notre identité au-delà de nos frontières, notre force spirituel car il nous transcende . Il est le lyannaj qui nous met tous à l’unisson. Très beau reportage.
Bonne continuation aux deux artistes.👏