Crise : Pourquoi faut-il changer le modèle économique et social de la Guadeloupe, et non ses institutions ? (1)
Un système devenu aussi inégalitaire qu’inefficace avec l’imposture médiatique du postulat trompeur de l’agriculture et de l’industrie du tourisme comme moteurs de l’économie de la Guadeloupe.
Malheureusement, ce nouvel environnement provoque également une montée des inégalités dans une société qui n’a pas su l’anticiper, à commencer par des inégalités d’accès au travail liées à des formations inadaptées, mais aussi à des réflexes sociétaux dépassés qui pénalisent les jeunes, les vieux, les femmes… Car le modèle économique et social de la Guadeloupe est non seulement ultra-conservateur en ce sens qu’il cultive les distinctions de statuts et la hiérarchie entre les citoyens (selon leur âge, leur sexe, leur origine sociale…) mais il est surtout arrivé à bout de souffle. Financé presque exclusivement par les transferts publics, il coûte de plus en plus cher à l’Europe et à la France hexagonale sans plus pouvoir répondre aux exigences de protection qui justifieraient son maintien.Pire, il devient injuste à cause d’une répartition qui finit par peser de plus en plus lourd sur un nombre de plus en plus restreint d’individus (la classe moyenne qui supporte à la fois l’essentiel de l’impôt sur le revenu et l’essentiel des impôts locaux ). Fort de ce constat , ne peut – on pas affirmer aujourd’hui que c’est l’absence de vision prospective qui est à l’origine des errements passés de notre classe politique ?
En effet, le besoin d’anticipation est aussi ancien sans doute que l’humanité, ce qui est nouveau, c’est le souci d’organiser cette réflexion sur une base scientifique et rationnelle , ce qui a donné lieu à la prospective.
La volonté de prédire de quoi demain sera fait, et donc de s’y préparer est fondamentale pour construire l’avenir de la Guadeloupe. Et force est d’admettre que cette vision du développement est maintenant obsolète et ne passe plus par l’agriculture et l’industrie hôtelière (en deux décennies, 8 structures hôtelières ont mis la clé sous le paillasson pour une seule ouverture d’une structure de thalasso au Moule, et la sole cultivée agricole a perdu dans le même laps de temps 20 000ha), mais par l’exploitation des ressources minières du sous – sol marin, (nodules polymétalliques), ainsi que l’utilisation des énergies renouvelables comme la géothermie, la biomasse, le solaire, le bioéthanol, et l’hydrogène vert. Cette nouvelle forme de développement industriel repose sur l’observation dans le monde de techniques et technologiques d’avant garde, ayant valeur de signes annonciateurs. « Ce que nous voyons advenir advient ; mais il pouvait autrement advenir ». Montaigne, (Essais, II, 29.) …L’avenir de la Guadeloupe est-il prévisible ? Peut-on en avoir une vision prospective ? N’est-il pas arrogant, impudent ou imprudent de prétendre le percevoir et davantage encore l’inspirer ? Le sujet est ambitieux et très certainement téméraire celui qui prétend le traiter. Devant une crise actuelle d’une brûlante actualité, l’exercice présente de multiples risques; celui de l’indifférence du corpus sociétal me semble le plus grave.
Contrairement à ce que l’on pense spontanément, il n’y a pas chez nos concitoyens et décideurs politiques et économiques locaux, une conscience marquée d’une mutation devenue irrépressible de la société française et Antillaise. Nos élus sont en quelque sorte, à l’insu de leur plein gré, prisonnier d’une sorte de mysticisme idéologique qui les induits en erreur sur le diagnostic.
Cela fait longtemps qu’on porte en nous un sentiment de recul et de crainte voire de peur de la mutation de la société venu du fond de notre histoire. Une peur confuse, diffuse. Parce qu’on sait, a toujours su, que les îles aux belles eaux, ou aux belles fleurs mais également îles-volcan, sont les ’îles de tous les dangers, de toutes les violences, de toutes les crises. En quelques décennies et surtout depuis les crises sociales de 2009 et 2021, toutes les peurs ancrées au fond de nos chairs sont devenues des réalités, des réalités qui s’étalent au soleil, qui s’emparent du quotidien, qui donnent le vertige, qui bouchent l’horizon, qui empoisonnent tous les rêves de ceux qui militent pour un développement responsable et auto-centré, (endogène ou solidaire). La peur du chômage de masse,la peur de la violence , la peur de la destruction créatrice de la révolution numérique et l’intelligence artificielle, la peur du lendemain pour les jeunes diplômés, la peur d’être considérés par la » Métropole « comme des éternelles danseuses avec pour conséquence la menace réelle du désengagement financier de l’Etat déguisé subrepticement en prise de responsabilité avec l’autonomie, la peur d’être trompée sur le contenu du message inhérent au changement ( chat an sak),
la peur de l’exclusion sociale, la peur de l’explosion sociale, la peur du déclassement, la peur d’une crise de trésorerie qui illustre la restriction de l’effort financier de l’Europe pour les outre-mer et le risque de régression sociale pour la classe moyenne de Guadeloupe et la Martinique (celle qui a tiré le plus de bénéfice de la départementalisation).
Aujourd’hui, nous n’avons plus à avoir peur de ces peurs-là puisqu’elles ne sont plus en nous mais sous nos yeux. Puisqu’elles ne sont plus un sentiment de peur, mais bien une réalité avec des gens de plus en plus nombreux qui ont peur avec la crise actuelle du modèle social français et des finances publiques, des signes avant – coureurs de la fin de l’Etat providence. Hier, nous n’avons pas réussi à surmonter nos difficultés intrinsèques sur les problématiques de l’eau, de l’assainissement, des déchets, ni à construire un projet Guadeloupéen de développement endogène fiable sur le plan économique, ni à transcender nos différences idéologiques sur l’évolution de nos institutions, alors, pourrons-nous le faire demain, avec un nouveau statut alors que le contexte socio-économique s’y prête encore moins avec la crise ?Pour comprendre ce qui nous arrive et nous attend, des idées du passé comme celui du développement endogène axé prioritairement sur le secteur primaire agricole et le tourisme. Alors, faut-il faire table-rase de ce passé de pays fortement dépendant de l’agriculture dans les années de la colonisation ?
A priori, Non pour certains et pourquoi pas pour d’autres ?… Mais alors c’est oublier qu’à l’époque le secteur agricole représentait 90 % du PIB, c’est à dire de la production de richesse en Guadeloupe, mais que la contrepartie résidait dans l’existence d’un taux de pauvreté de 87% sur le territoire guadeloupéen. Encore faudrait-il savoir de quelles idées du passé se défaire ?
Pour comprendre ce qui nous arrive et nous attend, des idées du passé comme celui du développement endogène axé prioritairement sur le secteur primaire agricole et le tourisme. Alors, faut-il faire table-rase de ce passé de pays fortement dépendant de l’agriculture dans les années de la colonisation ?
A priori , Non pour certains et pourquoi pas pour d’autres ?… Mais alors c’est oublier qu’à l’époque le secteur agricole représentait 90 % du PIB, c’est à dire de la production de richesse en Guadeloupe, mais que la contrepartie résidait dans l’existence d’un taux de pauvreté de 87% sur le territoire guadeloupéen. Encore faudrait-il savoir de quelles idées du passé se défaire ?
Nous en voyons une qui à notre sens constitue la vieille lune véhiculée par certains intellectuels, politiques et syndicalistes à savoir : la chimère de l’auto suffisance alimentaire et le mythe d’une production locale facteur de développement économique et de création de richesse. Cela s’avère-t-il encore possible avec un coût de production prohibitif ?
A notre sens, c’est la voie ouverte à la démagogie, car c’est irréaliste dans la mesure où il s’agit bien d’une chimère !
Nonobstant le déni de réalité de certains esprits chagrins nostalgiques d’un passé révolu, nous sommes désormais confrontés, encore et plus que jamais à une crise systémique, structurelle et durable en Guadeloupe et Martinique. La canne à sucre et la banane, les deux productions des îles, sont en crise. Quant aux cultures fruitières et maraîchères, elles ne parviennent pas à couvrir les besoins des 380 000 Guadeloupéens. Chaque année, l’île doit importer environ 18 000 tonnes de fruits et de légumes. En Martinique, le déficit de production est encore supérieur en matière de fruits et légumes. Il faut noter un déclin progressif de l’activité agricole devant la très rude concurrence des pays d’Europe du Sud, d’Amérique latine et de la caraïbe, et ce à cause du faible coût de leur main d’œuvre.
Les cultures vivrières sont quasiment inexistantes depuis le passage de la tempête Fiona. Cette dernière spéculation agricole n’est d’ailleurs plus l’apanage des guadeloupéens, quand on sait que 90 % de la production agricole et de la commercialisation des fruits et légumes en Guadeloupe est actuellement concentrée entre les mains des haïtiens. Et on parle de développement endogène mais posons nous la question au profit de qui ?….. La réalité des choses est que le secteur agricole survit tant bien que mal, aujourd’hui en Guadeloupe et Martinique, grâce aux subventions venant de l’Europe .
Pourquoi ce facteur est important dans le contexte actuel de développement de la Guadeloupe et la Martinique ?