Lima. Lundi 2 aout 2021. CCN/Bolivarinfos/Françoise Lopez. Les éléments de base pour comprendre ce qui va se passer maintenant au Pérou sont pratiquement en place.
Le congrès de Pérou Libre qui a eu lieu le 24 juillet dernier n’a pas apporté de surprises mais des confirmations. On a affirmé lors de cet événement l’essence et le contenu du parti ainsi que son rôle et les tâches qu’il devra assumer dans cette situation.
Essentiellement, cohérence entre la théorie et la pratique – entre la doctrine et les réalisations – a été le point commun des débats auxquels Castillo a participé.
L’élection de la direction du Congrès, par contre, a servi à concevoir la ligne de travail à laquelle devra s’approcher le pouvoir législatif. La Chambre cherchera à prendre ses distances par rapport au Gouvernement et, sous prétexte « d’indépendance » prendra ses distances et ne s’engagera pas sur les projets du nouveau Président.
Au contraire, elle cherchera à mettre en place une stratégie d’opposition « de basse intensité » qui augmentera selon las calculs de la réaction.
Pour pratiquer cette politique commodément et sans attaches, l’alliance parlementaire qui a placé madame Alva à la tête du pouvoir législatif a décidé de se passer de Pérou Libre et a bloqué sans arguments valables la possibilité de l’incorporer bien qu’elle soit en minorité dans la direction de la Chambre.
Le discours du Président du 28 juillet – le troisième des éléments qu’on attendait – est la pièce laplus importante à prendre en considération. C’est certainement une conception de l’histoire, une analyse du processus social, un regard curieux sur la drmaatique réalité péruvienne et une promesse de changement qui devra ne se réaliser qu’avec un soutien actif des citoyens.
La référence à la nouvelle Constitution de l’Etat prévue pour remplacer celle héritée de la dictature fujimoriste à la quelle aujourd’hui la classe dominante s’accroche becs et ongles a sans doute été un élément central point de vue.
Destiné à changer le « modèle néolibéral imposé au début des années 89 du siècle dernier, le projet d’un nouvel Etat cherche à jouer de tous les ressorts constitutionnels encore en vigueur et même à les forcer si besoin est non pour « briser la démocratie » comme le dit la « grande presse » mais plus pour doter cette Constitution d’une véritable participation des citoyens, un élément nécessaire à l’affirmation de sa fonction démocratique.
Le cabinet ministériel qui mettre en application les actions du nouveau Gouvernement apparaît comme le plus polémique. En effet, l’opposition l’attendait de pied ferme et a déchaîné contre lui les attaques les plus féroces. Ceci ne devrait pas surprendre. On pourrait presque dire que c’était couru.
Toute proposition du Président Castillo concernant la constitution de son équipe de gouvernement allait être remise en question sous un prétexte ou sous un autre mais elle trouvait toujours quelque chose à redire.
Quand on a envisagé la possibilité que Verónica Mendoza dirige ce groupe de travail, ils l’ont attaquée. Quand on a dit que ce poste serait occupé par monsieur Roger Najar, ils l’ont attaqué et quand le nom de Guido Bellido est apparu, l’histoire s’est répétée. Avec chaque membre du cabinet, ça a été la même chose.
Personne n’aimerait qu’il soit prêt à assumer cette tâche. Alors, ils défilent, les uns après les autres, lancent du fumier, tous les les tenants des groupes réactionnaires. Il n’y a rien d’autre à en attendre.
Si par hasard, Castillo nommait premier ministre Galarreta, Martha Chávez, Mauricio Mulder, Del Castillo, la Beteta ou n’importe qui qui soit lié à «La Chika», ou s’il intégrait dans son cabinet certains d’entre eux, ceux qui critiquent aujourd’hui applaudiraient.
Le cabinet intallé le 29 n’est pas totalement homogène. Il a, en outre, des liens clairs et d’autres plus obscurs. Mais le problème, ce n’est pas les personnes, c’est le tournant politique. Et ça, au moins, maintenant, est garanti.
Ce n’est pas que l’opposition, fragmentée et divisée, cherche réellement l’affrontement. Ce qu’elle cherche, c’est de discréditer et disqualifier le Gouvernement, miner sa base socaile, dénigrer son image au sein des masses.
Et ce, parce qu’elle cherche à promouvoir la destitution du Président mais elle a à peine les voix nécessaires pour cela et dans ce but, elle jouera jusqu’à sa chemise.
Indépendamment de cela, elle encouragera d’autres manœuvres. D’une part, elle instaurera un climat d’ingouvernabilité en alimentant le mécontentement des masses à cause de la crise. De l’autre, elle cherchera à divier le Gouvernement en affrontant ses membres l’un après l’autre.
Et évidemment, elle cherchera à isoler Pérou Libre en affrontant ses alliés en commençant par Nouveau Pérou. Et le coup d’Etat comme solution à ses angoisses, ne peut être écarté.
Il faut dire à tout le monde que ce scénario n’est pas abandonné. Vous pouvez et devez avoir confiance en la force du peuple et dans son instinct de classe, dans la fermeté manifestée par Pedro Castillo et dans la vigueur d’un processus social riche et hétérogène qui peut avoir diverses expressions mais possède un dénominateur commun : la lutte pour surmonter la crise en prenant en main le drapeau du peuple.
Si effectivement, le fait de rendre viable ce projet nous unit et nous renforce, l’intérêt personnel et l’intérêt d’un parti ne pourra nous séparer dans l’exécution d’une fonction qui devra toujours être épisodique et ponctuelle.
L’ouragan qui s’approche doit nous trouver tous unis et avec le drapeau à la main.
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos