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Politique française : Bilan critique d’Emmanuel Macron et son gouvernement

Politique française : Bilan critique d’Emmanuel Macron et son gouvernement

Paris Vendredi 17 janvier 2025. CCN. Fin d’année et debut d’année riment le plus souvent avec réconfort, famille, amitié. Mais, doit-on être surpris, le président Macron et ses sujets en ont décidé autrement. J’écris ces premières lignes en dehors de toute analyse. C’est plus le désespoir et la stupéfaction qui parlent. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment avons-nous pu placer, à la tête de l’Etat, un homme qui, une fois les caméras éteintes, a le même comportement que n’importe quel beauf (mépris de classe oblige) raciste et homophobe ? Comment est-il possible que François Bayrou arrive à Matignon, et que l’on assiste au retour d’Elisabeth Borne et, pire encore, de Manuel Valls ? Manuel Valls Ministre des dernières colonies françaises.

Analyse de Dimitri Lasserre (CCN PARIS)

1. Macron qualifie de “Mamadou” les noirs.

Au début de son mandat, le président Macron avait adopté, face à la contamination à la chlordécone des sols antillais, une attitude négationniste. Il avait demandé « qu’on lui apporte la preuve » de cette pollution, alors même que cette preuve existait depuis près de cinquante ans. Mais qu’importe. Le président Macron peut bien tout dire et son contraire, puisqu’il n’a, dans l’appareil médiatique, aucun contradicteur. A l’époque, on n’a pas le souvenir d’un « journaliste » des grandes chaînes privées, ni du service public, qui aurait enquêté sur la factualité de cet énoncé négationniste. Le journalisme de cour poursuit d’autres fins.

Mais aujourd’hui, les choses semblent avoir un peu changé. Le président Macron a été lâché par le journal Le Monde. On apprend notamment, dans les colonnes de ce quotidien que, pour le président, le problème des urgences médicales, ce sont les « Mamadou ». Et quand bien même fût-il repris par son ministre de la santé, qui voit là probablement un trait raciste, le président insista : « Si, je t’assure ». Ainsi un homme qui n’a connu que les bureaux de la banque, des paradis fiscaux et de l’Elysée, s’estime-t-il lui-même en mesure de juger que la cause de la déliquescence de nos services médicaux est la surabondance des personnes noires dans ces services. Pas très étonnant au demeurant. Le président Macron, qui cumule de nombreux pouvoirs n’est, si on en croit sa parole, jamais responsable de rien. Alors, pour l’hôpital, on dira que c’est de la faute de « Mamadou ». Macron a dû lire cela dans un livre de Renaud Camus, qu’il cite de temps à autre, sans y faire explicitement référence. Ou peut-être est-ce son héritage pétainiste ? Le président aime en effet à rappeler que « Pétain était un grand soldat » alors que personne ne le lui demandait. Alors que, sur le plan de l’analyse historique, c’est faux.

Dans les cercles marxistes, rares ne sont pas les militants qui voient en Macron le libéralisme autoritaire, et qui voient (voyaient?) dans l’expression de ses idées racistes et la mise en place de politiques racistes une stratégie visant à siphonner l’électorat du Rassemblement National. Mais, quand, en privé, Emmanuel Macron qualifie de « Mamadou » les personnes noires, et fait de « Mamadou » le bouc émissaire de l’échec de nos services publics, on doit a minima se demander si l’expression publique du racisme présidentiel n’est pas sincère. L’hypothèse de la sincérité est corroborée par son annonce récente à Mayotte : « Si c’était pas la France, vous seriez dix-mille fois plus dans la merde ! » Voilà les mots, sans doute dignes d’un président de la république, que lance Emmanuel Macron à ses concitoyens frappés par un cyclone qui a ravagé le peu qu’ils possédaient.

L’infériorisation du non-blanc se poursuit avec le colonialisme français, que Macron incarne fort bien. On n’a pas souvenir, dans l’histoire de la cinquième république, d’un président qui déshumanise autant, et aussi systématiquement, les citoyens français. Aussi la ligne qui sépare le président Macron du camp fasciste est-elle de moins en moins perceptible. Pour faire rempart à l’extrême droite, il semblerait que le camp présidentiel ait décidé de s’y substituer.

2. Pour Manuel Valls, maire d’Evry, la ville n’était pas assez blanche.

Il faut rappeler quelques éléments factuels au sujet du tout nouveau ministre des colonies – cela lui sied mieux que de « l’outre-mer ». Passons ses multiples trahisons et lamentables échecs et retournements de veste, qui n’ont eu de cesse de le déshonorer. D’ailleurs, c’est inexact. Rien ne déshonore un homme sans honneur. Allons plutôt à l’essentiel. Tout le monde a sans doute vu passer ces images, mais il faut les rappeler aujourd’hui. Alors qu’il était maire d’Evry, Manuel Valls fut capturé par une caméra, qui le filmait sur la place du marché de sa commune. Stupéfait devant la population qu’il voyait défiler sous ses yeux, il affirmait : « Belle image de la ville d’Evry. Tu me mets quelques blancs, quelques blancs, quelques white, quelques blancos ». Pour le maire d’Evry, Evry n’était pas assez blanche. C’est sûr, sa place est bien aux colonies.

Mais essayons d’aller un peu plus loin. La société se radicalise, la classe politique aussi. Si la classe politique se radicalise, c’est que la bourgeoisie se radicalise. Le choix du président de nommer François Bayrou au poste de premier ministre semble irrationnel. Les choix du premier ministre dans la constitution du gouvernement le semblent tout autant. Le camp progressiste a remporté les dernières élections législatives, et le camp présidentiel s’entoure des plus conservateurs et des plus réactionnaires de ses rangs. Nous vivons actuellement dans ce que l’imaginaire commun (donc raciste) qualifie généralement de « dictature africaine », ou de « république bananière ». Les élections n’ont aucune valeur, et un petit groupe de vieux amis, dont les intérêts particuliers se recoupent dans l’intérêt commun de leur classe, unanimement haïs du corps social, du moins, de la classe laborieuse, accapare le pouvoir et joue de tous les subterfuges pour le conserver. Notre scène politique est devenue une parodie de démocratie. La presse étrangère qualifie notre président de la république de « Roi solo », ou encore de « Saboteur de la cinquième république ». Fort heureusement, ici, nous avons Gilles Bouleau et Anne-Sophie Lapix pour nous rappeler que tout est normal, et à quel point nous avons de la chance d’avoir Emmanuel Macron comme président. Ouf, tout va bien. S’ils le disent, c’est que ça doit bien être vrai.

Mais la radicalisation est concrète. Une âme saine d’esprit verrait dans la stratégie de la macronie une tentative de s’auto saborder. Mais cela reviendrait à psychologiser les événements. Les événements sont tels que la radicalisation à l’extrême droite est concrète. Ils sont tels que les résultats des urnes sont niés, et que la macronie se dresse contre la classe qui la désavoue : contre la classe laborieuse. Cette radicalité, cette hostilité affichée envers « les gens qui ne sont rien », envers les « Mamadou », envers tous ceux qui, sans la France, seraient « dix-mille fois plus dans la merde », est l’expression de la radicalité et de l’hostilité. De fait, le président Macron, ses amis et son corps électoral, c’est-à-dire les bourgeois et les petits bourgeois, c’est-à-dire une classe sociale qui entretient avec le travail concret une relation lointaine, et avec l’exploitation l’affirmation de leur domination sur tous les autres, se radicalisent, sont hostiles à la partie de la société qui fait vivre la société entière. Ils sont hostiles aux travailleurs. L’analyse marxiste verrait là la manifestation transparente de la lutte des classes. En un sens, elle aurait parfaitement raison.

3. Un racisme de plus en plus systémique

C’est qu’il est systémique, n’en déplaise aux bourgeois et à leurs laquais, toujours prêts à réciter le catéchisme anti-woke qu’ils ont lu sur un tract d’Eric Zemmour. La lutte des classes suppose un affrontement direct entre la classe laborieuse et la bourgeoisie. Mais s’opère ici un détournement – comme si le « grand-remplacement » était en réalité, sur le plan discursif, un grand-détournement. En fustigeant les colonisés, en désignant les « Mamadou », en laissant les colonies à un ministre dont le zèle raciste n’est plus à démontrer, la bourgeoisie dresse une partie de la classe laborieuse contre une autre partie de la classe laborieuse. Plus encore, elle institue des hiérarchies au sein même de la classe laborieuse ; c’est cela la domination raciale. Et cette domination n’est pas uniquement le fait de la bourgeoisie contemporaine. Elle est le fait du racisme qui infuse dans la société, quelle que soit l’appartenance de classe. Face à la lutte des classes, la bourgeoisie oppose la lutte des races. Face au slogan marxien, « prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », elle oppose, « blancs de tous les pays, unissez-vous ! » L’alliance de la bourgeoisie et du prolétariat, en l’état actuel, est nécessairement raciste. L’union de ces deux classes dans un intérêt commun se fait nécessairement au détriment de l’intérêt d’autres. C’est cela le fascisme.

La classe bourgeoise se radicalise. Elle ne cache plus son mépris de classe. Elle ne cache plus son mépris de race. C’est une stratégie sans doute gagnante. Car si les résultats des dernières élections donnent gagnant le camp progressiste, ils masquent difficilement le triomphe du camp réactionnaire, en pleine ascension. La distinction entre la droite et l’extrême droite est de plus en plus ténue. La différence entre les libéraux et les fascistes et de moins en moins visible. Quand elle a le choix entre le fascisme ou l’équité, la bourgeoisie choisit toujours le fascisme. Pourquoi ? Parce que c’est là que va son intérêt.

4. Je vote pour Marine pour le changement mais elle ne pourra pas gouverner

Une partie de la bourgeoisie est fasciste en puissance. Elle l’est en acte quand elle a à craindre pour ses intérêts matériels. « Mieux vaut déporter des « Mamadou » plutôt que de partager les profits des actionnaires » : voilà à peu près le mot d’ordre de cette bourgeoisie fasciste et fascisée. Aucune justification ne suffira à lui donner bonne conscience parce qu’aucune bonne conscience de la bourgeoisie fasciste n’affaiblira sa violence concrète contre ses boucs émissaires : les non-blancs et la partie non fascisée de la société. « Je vote Marine pour le changement ! De toute façon, elle ne pourra pas gouverner », ou bien « Marine mettra un grand coup de pied dans la fourmilière. Ensuite, nous pourrons faire table rase », ou encore, « Je ne vote pas Marine parce que je suis raciste, bien sûr, puisque je ne suis pas raciste. Je vote Marine parce qu’elle seule peut nous débarrasser de Macron. Et puis, il fait drôlement peur Mélenchon, j’ai pas confiance ». On comprend bien que la clique des bourgeois ait moins confiance en quelqu’un qui veut leur ôter une partie de leurs privilèges qu’en un parti raciste, héritier en ligne directe du nazisme, mais qui maintient intacts tous ces privilèges.

La bonne conscience non raciste des bourgeois, leurs prétextes, leurs justifications, ne valent rien. « Je ne suis pas raciste, mais je vote pour le Rassemblement national » ne vaut rien. Et la justification visant à affirmer qu’il s’agit d’un modus operandi pour se défaire d’une macronie que plus personne ne supporte ne prend pas. Car ce qui dérange la bourgeoisie chez le président Macron, ce n’est pas le racisme, c’est la personne du président Macron et, avec elle, son incapacité à servir correctement les intérêts de la classe dominante.

5. Je ne peux plus supporter Macron

S’il y a bien une chose qu’enseigne la lecture de Marx et Engels, c’est que le discours idéologique vient toujours en dernier lieu, comme justification de pratiques concrètes. Ici, le racisme concret se justifie par des circonvolutions psychologiques : « je ne peux plus supporter Macron ». On s’indignera, certes, de ses sorties racistes. Mais on ne se trouvera pas empêché de voter pour un parti structurellement raciste. Indignation de façade. Indignation de circonstances. Justification de la nécessité de plus de racisme encore sous couvert de posture anti-raciste.

Il ne faut pas céder à la tentation raciste. Ne rejouons pas les drames de notre histoire récente. Le président Macron doit-il partir ? Oui, à l’évidence. Le RN doit-il prendre sa place ? Non, c’est plus encore une évidence. On n’abolira pas les privilèges de la bourgeoisie en faisant alliance avec elle. Je m’adresse, dans ces dernières lignes, aux rares blancs de la classe laborieuse qui liront ce papier. Si vous avez abandonné toute conscience éthique, voyez au moins votre intérêt : céder au racisme, c’est engraisser ceux qui vous maltraîtent. Quitte à renoncer au peu de sens moral qu’il vous reste, faites quelque chose de bien, même si c’est par accident. Après tout, la pratique concrète de la lutte des classes rend meilleur. La volonté placée dans un avenir autre que fasciste ne peut que nous rendre moins racistes. Certes, c’est là une position optimiste. Mais si les dominés n’avaient jamais été optimistes, nous n’aurions connu aucun progrès social depuis l’antiquité. Il y a donc de bonnes raisons d’y croire, et de résister. Dimitri Lasserre

Correspondant CCN à Paris

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