Au fil des siècles, toutes les civilisations qui se sont épanouies dans le monde ont apporté leur contribution à l’économie réelle ou à la pensée économique et toutes les révolutions se sont également inscrites dans ce registre des faits économiques et sociaux.
Tout découle maintenant de l’économie sur la bonne marche de la société et donc sur la gouvernance vertueuse de nombreux pays dans le monde. Aujourd’hui en France, certains indicateurs sont au vert et prêtent à l’optimisme, et c’est une aubaine pour le président sortant qui va pouvoir vendre son bilan et ses multiples réformes économiques : forte croissance de 7 %, chômage en baisse indéniable , apprentissage en hausse , instauration d’une flat tax, baisse des impôts de production, retour en force des investissements étrangers … Ainsi que l’efficacité de son “Quoi qu’il en coûte” qui a sauvé du gouffre des pans entiers de l’économie au plus fort de la crise sanitaire. Un vrai satisfecit pour Emmanuel Macron qui demeure, pour certains économistes thuriféraires , le maître de l’échiquier, et qui est désormais donné gagnant dans tous les cas de figure à la prochaine présidentielle, et ce par tous les instituts de sondages… Les bons résultats économiques s’accumulent en France, mais une sorte de brouillard masque la situation économique réelle du pays.
A entendre certains, la crise sanitaire serait déjà derrière nous, le pouvoir d’achat serait au top en dépit des revendications salariales actuelles, la croissance serait la meilleure de tous les pays d’Europe, le chômage serait maîtrisé et les impôts n’auraient jamais autant baissé. L’espoir de lendemains plus heureux est un classique du discours politique. Mais alors au delà de l’espérance du moment présent , qu’en sera-il vraiment quand les temps difficiles seront bientôt à l’agenda de nos gouvernants ?
La question mérite d’être posée, car en réalité, il existe des ombres au tableau, ou plutôt au tableur excel. L’Economie française reste en difficulté, et ce, depuis de très nombreuses années, mais les Français dans leur grande majorité l’ignorent. La croissance a représenté en 2021 environ 170 milliards d’euros supplémentaires de richesse.
Combien y a-t-il eu de déficit public ? C’est la croissance à crédit. Plus vous dépensez d’argent public, plus vous gonflez la richesse nationale. Sauf que ça gonfle aussi la dette. Elle est de plus de 700 milliards sur ce quinquennat.
Pour caractériser la situation dans laquelle se trouve l’économie française, il faut s’en référer aux indicateurs les plus significatifs. C’est ce que nous ferons ici pour tenter de démystifier les choses .
En prenant pour argent comptant l’embellie économique, les journalistes et citoyens font-ils fausse route ?
Oui, si l’on considère que depuis trois décennies, la France est un pays en voie de déclassement. Et pour cause, elle se situe en réalité au 29e rang mondial en PIB par habitant. De plus, elle atteint 1400 milliards de dépenses publiques. Que les français payent 483 taxes, impôts et cotisations. Que 1 jeune sur 20 est illettré (1sur 5 en Guadeloupe) . Par ailleurs, l’on note ainsi que le PIB/tête des Français situe aujourd’hui le pays en quinzième position seulement en Europe ; que le budget de l’Etat est en déficit chronique , chaque année, depuis maintenant une quarantaine d’années ; que la balance du commerce extérieur est constamment déficitaire et que c’est le vrai point noir : 84 milliards d’euros de déficit sur les douze derniers mois, un record, ce qui signifie que la France importe beaucoup plus qu’elle n’exporte.
A l’inverse de pays comme l’Allemagne et de l’Italie. ; que le taux de chômage est, pour un pays développé, extrêmement élevé malgré les très nombreux efforts faits depuis des années par les différents gouvernements qui se sont succédés, qu’ils soient de gauche ou de droite, et, enfin, que ce que l’on appelle les « prélèvements obligatoires » c’est-à-dire les impôts et taxes, sont devenus les plus élevés de tous les pays de l’OCDE.
La France vient en tête de tous les pays de l’OCDE en matière de dépenses sociales publiques : ce taux particulièrement élevé traduit, sans que cela n’ait jamais été perçu ainsi, ni même expliqué par nos dirigeants, l’effort considérable fait par la puissance publique pour pallier les effets de l’appauvrissement de la population résultant de la désindustrialisation du pays.
Il faut rajouter à cette brève liste d’indicateurs le fait que l’endettement du pays croît régulièrement chaque année au point qu’il en est arrivé a largement dépassé le PIB du pays, (114%), soit une dette publique abyssale de 2850 milliards d’euros en janvier 2022, la limite de 60% fixée pour les pays membres de la zone euro étant très largement dépassée. Et cerise sur le gâteau, le secteur industriel a perdu deux millions d’emplois en 10 ans et n’est plus que la moitié de ce qu’il devrait être, aussi ce phénomène de grave désindustrialisation du pays explique en partie toutes les difficultés que connait encore l’économie française aujourd’hui.
De fait, les Français ne travaillent pas assez car la France a aujourd’hui le taux de population active le plus faible de tous les pays européens : il n’y a donc pas suffisamment de personnes occupées à travailler, dans le pays, en proportion de l’ensemble de la population.
Curieusement, ce phénomène semble échapper à la plupart des observateurs de la vie économique, car les 35 h ne font plus l’objet de discussion en France.Ce faible taux de population active se trouve aggravé par des durées de travail sensiblement plus courtes que chez les pays voisins.
A l’issue de cette brève analyse du mode de fonctionnement de la machine économique française , on ne peut manquer de s’interroger sur les perspectives d’avenir du pays et les futures conséquences pour la Guadeloupe. Il est bien évident, pourtant, que la prolongation des courbes que nous venons de tracer ne peut se poursuivre, et qu’il faudra donc pour redresser le pays une politique économique et sociale de rupture. Mais les guadeloupéens vont-ils le comprendre avant qu’il ne soit trop tard ? Rien n’est moins sûr ! Il va s’agir, en effet, de mettre un stop aux revendications de toutes natures et dérives du système de départementalisation avec selon toute vraisemblance à la clé des coupes sombres dans les budgets, transferts publics et les dépenses sociales. Les guadeloupéens ont une culture économique limitée, et cela nuit fortement au bon fonctionnement du pays. «Quand on veut la lune, on demande les étoiles», c’est là un petit jeu fini !
Les guadeloupéens ignorent qu’ils bénéficient d’un niveau de vie supérieur à ce que la richesse de leur pays autoriserait normalement : par exemple des dépenses publiques et des revenus sociaux par habitant très nettement plus élevées que le niveau de richesse du pays ne le permet normalement, un nombre d’emplois publics anormalement élevé au vu du PIB/tête des habitants de ce pays Guadeloupe , une économie de surconsommation, etc…
Les choses ne pourront pas rester longtemps en l’état, et force est de constater que les jeux sont maintenant ouverts, et notamment après la présidentielle, il va bien falloir s’attendre à des changements d’ampleur considérables, dont le la sera celui du coup de billard à plusieurs bandes de Emmanuel Macron pour changer radicalement la donne en outre-mer .Il semblerait que la surprise à venir de la stratégie du billard à trois bandes de Emmanuel Macron , figure imposée de cette drôle de campagne présidentielle, ne soit pas seulement destinée aux électeurs français , mais qu’elle s’étende jusqu’aux acteurs de l’outre-mer . Demain, qui sait, le Président Emmanuel Macron ira peut-être jusqu’à se surprendre lui-même…
« Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes »…. Jacques Bénigne Bossuet
PLI TA PLI TRIS
– traduction littérale : plus tard, plus triste
– morale : la roue va tourner !
Jean marie Nol économiste