Pawol Lib (Libre Propos) est une rubrique de CCN. Notre rédaction propose donc à tous les progressistes qui le souhaitent un espace de communication, une tribune dont le but principal est de porter une contribution au débat d’idées qui fait cruellement défaut dans notre pays. Les points de vue exprimés dans « Pawol Iib » n’engageront pas nécessairement la ligne éditoriale de CCN mais il nous semble indispensable que les intellectuels, la société civile aient la possibilité de pouvoir très librement opiner dans nos colonnes. Cette fois, c’est Jean-Claude Nelson, qui nous soumet son billet.
Tous nous connaissons la clairvoyance et la pertinence des analyses de PYC en tant que politologue. Tous nous sommes unanime à reconnaître son honorabilité et son éminence en tant que Dr en droit et professeur de l’université des Antilles. Sûrement PYC est un excellent avocat au service des citoyens qu’il a la charge de défendre et plus largement de la veuve et de l’orphelin. Dans son métier il porte sûrement un intérêt à defendre les causes les plus nobles et son pays au dessus de tout.
Oui ses plaidoiries résonnent encore dans les couloirs de tous les tribunaux de Guadeloupe, de France et de Navarre.
Oui PYC est un homme brillant que je prends plaisir à écouter comme beaucoup de guadeloupéens, mais lors de l’émission de canal 10 avec Mme Boisset, de là où je me situe et de mon humble avis, je pense que ce dernier c’est trompé de rôle.
En effet ce n’est pas l’avocat qui était convoqué à donner son avis mais plus le politologue. Celui qui doit se détacher de la politique politicienne, de s’élever au dessus des choses et donner une analyse critique et pertinente de la situation. Or ce jour-là PYC va endosser sa robe d’avocat, bondissant comme un avocat dans un tribunal avec sa verve de tribun, le ton pour convaincre, se lançant dans une éloquente plaidoirie afin d’expliquer le vote des guadeloupéens en faveur de Marine Le pen, leur trouvant même des circonstances atténuantes pour justifier de ce qui était jugé par certains comme un crime contre la Guadeloupe.
Oui mr CHICOT il faut s’indigner de toutes formes de détournement de fonds publics par quelque soit la personne encore plus si c’est un élu, Non l’affaire de la CASBT n’a pas poussé les gens à voter RN.
Oui il faut s’indigner de l’insécurité et du sort tragique réservé à certains jeunes qui s’entretuent dans le pays.
Oui on doit s’indigner de la situation économique et de la désespérance de nos jeunes, du chômage de masse qui touche toutes les catégories sociales du pays. Oui il faut se désespérer de cette politique qui a été menée par le gouvernement en place et de l’échec de la politique menée par le ministre de l’outre-mer et son cabinet avec la complicité de certains députés locaux. Bref on peut trouver mille raisons pour ne pas voter pour ce gouvernement là et son chef d’État, mais cela ne peut expliquer que nous puissions passer en deux semaines d’un vote de l’extrême à un autre.
En tant qu’avocat on peut convoquer tous les vieux démons de notre société cela ne saurait jamais expliquer pourquoi nous avions voté pour le Diable. Commettre une erreur pour réparer une erreur ne répare pas la première erreur mais fait faire deux erreurs. Commettre un crime pour absourdre un crime ne fait que commettre un autre crime. Si on peut tuer par amour cela ne fait pas moins de nous un criminel.
Les Guadeloupéens n’ont pas besoins qu’on leur trouve des circonstances atténuantes, ils sont grands, majeurs et responsables de leurs votes. Ils ont voté en leurs ames et conscience. C’est un choix que je ne partage pas mais que je respecte. Y avait il d’autres choix sûrement oui (pas Macron peut-être mais oui..).
Trop souvent certains nous critiquent de nous accrocher à notre histoire, à la place qu’elle prend dans notre quête identitaire, de ce que nous sommes, des combats que nous menons pour que jamais cela ne se reproduise, à se rappeler toutes ces heures, ces années, ces siècles de douleur. Il nous est même reproché de la commémorer nous suppliant de faire fi du passé en nous donnant mauvaise conscience de toujours remuer l’histoire.
Certains militent pour une assimilation totale faisant de nous des français de France, oubliant notre culture, notre identité bref faisant de ceux là des âmes damnées pour certains des schizophrènes. Un peuple de pauvres diables, errants sans caps ni boussole.
Oui il faut s’indigner de la situation de beaucoup de nos compatriotes mais il faut s’indigner aussi Pierre Yves du vote FN car on ne peut pas se dédouaner de son héritage. Notre peuple a besoin aussi d’objecteurs de conscience, de réflexions philosophiques et intellectuelles les obligeant.
Je crois dans la verticalité de l’homme guadeloupéen, cette verticalité ne nous donne pas seulement la capacité à faire, mais mieux, surtout de nous interdire.
On ne doit pas les culpabiliser mais on doit nous remettre en cause et expliquer, expliquer, éduquer, éclairer les consciences pour que jamais cette bête immonde qu’est le racisme ne puisse être le terreau de nos consciences et de nos votes.
Oui Pierre Yves en invoquant tous ces arguments qui à bien regarder paraissent anachronique par rapport à leurs choix, c’est tomber dans la plaidoirie, dans la théâtralité en convoquant l’amalgame pour justifier ce vote…. surtout quand nous savons que dans notre pays en général mais sur les reseaux sociaux en particulier, tout ce qui est excessif n’est jamais insignifiant.
Ce n’est pas tant Mme Le pen qui est le danger, mais ses militants et tous ceux qui se reconnaîssent dans sa politiques. Du sort que l’on reserverait à tous les gens de couleurs sans distinction, à l’attitude de certains policiers qui se sentiraient soutenus.. mais aussi aux comportements de certains, ici même en Guadeloupe, qui se sentiraient autorisés….
Je ne crois pas que les morts se retournent dans leurs tombes, laissons leurs âmes reposer en paix, mais je crois dans les forces de l’esprit comme le disait quelqu’un d’important avant moi. La pluie qui s’est abattue sur notre île était-ce pour laver cet acte, ce crime ? Nul ne sait..!!!!
Puisse l’esprit d’une Guadeloupe retrouvée puisse prédominer, que nous retrouvions, comme le disait si bien le philosophe Cyril Serva, le sens du pays…. et là notre vote prendra tout son sens…
Je ne peux finir sans évoquer l’esprit d’un Guadeloupéen que j’inscris au panthéon des grandes femmes et des grands hommes de la Guadeloupe, il s’agit de Rosan Girard. Il appelait à un sursaut Guadeloupéen, cet appel est plus que jamais d’actualité.
JCN