
Nouvelle-Calédonie. Le Front International de Décolonisation sceptique face à l’Accord de Bougival
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Alors que l’Accord de Bougival, conclu en juillet 2025, entend redéfinir l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, le Front International de Décolonisation (FID) fait part de ses doutes sur la capacité de ce texte à répondre aux aspirations profondes du peuple kanak à une véritable autodétermination.
Dans un communiqué publié ce jour, le FID reconnaît les efforts de dialogue engagés autour de l’accord, mais exprime un « scepticisme profond » quant à sa portée réelle. L’organisation dénonce notamment le maintien de leviers de pouvoir essentiels dans les mains de l’État français, malgré l’introduction de la notion de « souveraineté plus partagée » et la création d’une double nationalité — française et calédonienne.
Un processus toujours inachevé
Pour le FID, les promesses d’émancipation inscrites dans l’Accord de Nouméa (1998), précédé par les accords de Matignon (1988), n’ont pas encore conduit à une reconnaissance pleine et entière de la souveraineté du peuple kanak. Les violences du 13 mai 2024 sont, selon lui, symptomatiques d’un processus de décolonisation encore trop fragile.
Le mouvement indépendantiste estime que les avancées prévues dans l’Accord de Bougival — comme le transfert progressif de compétences régaliennes — restent conditionnées à des majorités qualifiées au Congrès local et à une consultation populaire, ce qui, selon lui, pourrait ralentir voire bloquer leur mise en œuvre.
Un rappel au droit international
Le FID rappelle avec insistance que le droit à l’autodétermination du peuple calédonien est garanti à la fois par la Constitution française et par le droit international. Il cite notamment la Résolution 1514 (XV) des Nations Unies sur la décolonisation, adoptée en 1960, qui appelle à « mettre fin rapidement et inconditionnellement au colonialisme sous toutes ses formes ».
L’organisation souligne qu’une véritable indépendance ne peut se limiter à des aménagements institutionnels qui perpétuent une forme de dépendance à l’égard de la France. La reconnaissance d’un « État de la Nouvelle-Calédonie » au sein de la République française, telle que prévue par l’accord, ne saurait suffire sans transfert total de souveraineté, notamment en matière de défense, de monnaie ou de justice.
Vers une décolonisation complète ?
Le Front appelle donc à un processus clair, transparent et irréversible garantissant au peuple kanak la liberté de choisir son avenir sans entraves. Il exhorte les différentes parties à s’engager résolument sur la voie d’une décolonisation complète, dans le respect strict du droit international.
Pour le FID, seule une Kanaky pleinement souveraine, reconnue comme nation à part entière au sein de la communauté internationale, pourra incarner une issue juste et durable à un processus entamé depuis plus de trois décennies.