C’est depuis le début de cette campagne qui n’en est pas vraiment une, la question qui se pose et qui laisse chacun avec dans le regard un immense point d’interrogation.
Mes confrères qui chaque samedi dans le « Presse Hebdo » de Guadeloupe 1ère s’efforcent d’analyser en toute liberté critique la situation politique de notre pays, ne peuvent pas davantage que moi, donner la super-bonne réponse. Nous ne sommes pas des « manti mantè ».
Alors pourquoi alors me dira-t-on poser cette question en forme d’édito ? car dans un pays encore colonisé, au fil des années, à force de combats pour la liberté de la presse, les journalistes les plus déterminés (les plus courageux ?) ont réussi à prendre le pouvoir d’informer. Cela signifie, que NOUS (pas « Nou »!) les journalistes nous avons totalement le droit d’exprimer des opinions, des analyses, voire des prises de position qui ne vont pas caresser dans le sens du poil, ni le pouvoir colonial, ni les politiques et encore moins les citoyens de toute obédience. Les vrais journalistes,( oui ça existe!) il me faut une fois de plus le rappeler, n’ont jamais eu pas pour mission de « caresser », qu’on se le dise!
En pleine pandémie, le pouvoir colonial français, impose son agenda électoral à la classe politique et aux citoyens. Les 20 et 27 juin, ki ou vlé ki ou vé pa sé éleksion a fwansé. Point trait.
Alors subitement, on a vu des gens, qui attendaient ce top départ électoral, s’organiser en listes pour les Régionales. Tout aussi subitement, le débat politique, (plutôt politicien) qui depuis des années était en sommeil, en totale léthargie, s’est réveillé. Ils sont donc 11 après avoir réussi à rassembler quelques citoyens qui croient encore qu’on peut changer ce système de l’intérieur.
11 à vouloir tout mettre en branle, tout promettre, dans le cadre des gestes barrières pour tenter de chasser Ary Chalus de son fauteuil de Président de Région (PDR).
Et face à cette vague déferlante, Chalus a dù lui aussi constituer sa propre liste. Au total ils sont 12 dans les startings blocks. C’est parti pour un tour ou deux! voire trois !!!
Alors, depuis quelques semaines, la Guadeloupe, semble vivre à l’heure de la politique, que dis-je, non plutôt à l’heure des élections régionales et cantonales.
Ces candidats se répandent partout, dans les médias audiovisuels, en live sur les réseaux sociaux, en porte à porte… yo tou patou!
Il s’agit en effet, de convaincre notre peuple que grâce à cette élection sous pandémie, que le bonheur viendra très prochainement frapper à sa porte : a pa on bab ?
L’actuel PDR se doit lui de convaincre et de dire haut et fort qu’il a réussi à « changer d’avenir ». wow!!
Si ce slogan de la campagne 2015 avait porté les fruits escomptés, je suis à penser que cette élection ne serait pour Chalus qu’une formalité. Mais les 11 autres candidats, sont tous persuadés du contraire, ils sont en ordre de bataille.
D’abord, il faut souligner une anomalie qui dure et perdure. Dans le cadre de ces élections, 2 listes, se réclament de l’idéologie pestilentielle, racialiste du Front National. En France, cela s’appelle «
’extrême droite LePeniste »et on s’aperçoit que dans un pays sous tutelle coloniale, il se trouve hélas, des Guadeloupéens pour se réclamer de cette idéologie.Triste.
Pire, du seul fait que notre pays « fonctionne » dans un cadre à la fois colonial (près de 4 siècles) et de pseudo « démocratie » en période électorale, ces gens proches du FN, ont comme tous les autres, la possibilité de s’exprimer dans les médias et de déverser ainsi leur puanteur sur l’ensemble des citoyens.
Mais le pire du pire, dans l’affaire est qu’ils arrivent même à amasser plus de voix que les autonomistes du PCG ou les nationalistes l’UPLG. C’est aussi cela les élections françaises dans un pays colonisé. Pas de jauge.
Curieusement, pas une voix ne s’élève pour dénoncer cette aberration, que notre classe politique accepte sans broncher. C’est dire et reconnaître que ces élections ne sont en fait, ni le lieu, ni le moment d’un véritable et vrai débat sur la situation dans notre pays : c’est juste une course pour avoir une place, d’abord sur une liste, ensuite espérer une place à la Région. Tout ça rien que pour ça ?
Outre cela, que dire des autres listes ? vite fait, vite écrit.
Combat Ouvrier, c’est habituel, veut faire entendre la voix de travailleurs : respect pour ces militants ultimes héritiers de Leon Trotsky
Eric Coriolan, qui a gagné ses galons de « Général Sentinelle » en s’opposant aux radars, « tous les 10 kms », et à l’ARS, tient un discours radical et sensé mais est-il entendu ? C’est LA question.
Le drapeau hyper laminé des débris de la Droite française chez nous, est toujours porté par Sonia Pétro : On le sait ses chances sont à l’image de son étendard.
Max Mathiasin, l’ex-socialiste a explosé sa propre liste (et ce n’est pas fini !) – et donc ne fait campagne que pour tenter de sauver son poste de député… pour ce faire, il devra aider Chalus. A-t-il un autre choix ?
Le CIPPA version 2021 progresse sans doute, mais son « Autonomisme » très particulier ne semble pas encore convaincre. Cette 3ème tentative d’Alain Plaisir, ne sera pas encore la bonne.
Lurel a,réussi à convaincre Josette BoreLincertin de porter haut levé le flambeau du PS français. Une liste tout de même bien orchestrée, crédible, mais on peut a priori, s’interroger sur les conséquences de la présence de Lurel. Même s’il affirme haut et fort qu’il ne sera pas (en cas de victoire! ) Président à la place de la Présidente est-ce suffisant pour convaincre une opinion, qui l’a sanctionné en 2015 ? sinon c’est vrai que le concept « Péyi Gwadloup » sonne et résonne et pourrait fédérer mais dans un contexte autre…
ANG, le groupuscule nationaliste qui a pu mettre « en marche « un Ti-Konvwa » n’a aucune expérience du combat électoraliste. Pour preuve, le Wonal tête de liste, donneur de leçons, du fait de son arrogance et de l’ambiguïté d’un discours autonomisto-nationalisto ne peut convaincre que ceux qui le sont déjà et uniquement dans le périmètre saléen. Mais qui connaît ANG dans le sud Basse Terrien et au delà?
La liste Chalus ? nous y voilà. On sait que les déboires politico -judiciaires du PDR sont loin d’être achevés. Les médias du pouvoir ont fait leur buzz. Le peuple a entendu et compris. Chalus n’en a cure, il veut « continuer ». Car Il « bénéficie » aussi de la fameuse prime au sortant. Mais en dépit de sa réelle popularité, son combat s’avère compliqué ; car il faut arriver à convaincre « son peuple » d’aller aux urnes le 20 Juin.
C’est loin d’être gagné, car cette pandémie a fait bien des ravages. Comment croire qu’après ce que notre peuple vit depuis des mois, que seul un bulletin de vote peut changer son destin ? Pourquoi nos politiques, pratiquement muets et sourds pendant des mois, peuvent-ils espérer que le peuple puisse massivement adhérer à leur programme lequel sera vite oublié dès le 28 juin ?
C’est cela la grande question : aucune élection régionale ou cantonale ne peut valablement diminuer les souffrances, les humiliations, les rancoeurs et les amertumes de notre peuple. La liste capable de tenir ce discours est sûre de gagner les faveurs de notre peuple. Mais a-t-on vraiment besoin d’une campagne électorale pour expliquer cela ?
En réalité, ni Chalus, ni Borel, ni Coriolan, ni Plaisir et encore moins ANG ne peuvent gagner car le 28 juin, rien n’aura vraiment changé pour le cœur du Péyi Gwadloup.
C’est en cela que ces élections sont juste un mirage, un leurre… presque une escroquerie, au regard de notre réalité coloniale quotidienne, qui elle « continue d’avancer ».
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