Unis on peut gagner, an chiraj nou pa Kay pon koté !
Quand on examine avec un peu de recul l’histoire récente des organisations politiques, patriotiques ou pas, le constat est manifeste : nous, les Gwadloupéyen, nous sommes des spécialistes de la division et du chiraj.
Années 60, alors que le Parti Communiste Guadeloupéen (PCG), est encore à son apogée, avec des élus municipaux à la tête de villes telles que Port-Louis, Petit-Canal, Capesterre Belle-Eau, le Moule et plus tard, Pointe-à-Pitre et la capitale Basse-Terre, une première « déflagration » intervient. Des militants, surtout des jeunes, quittent le parti et créent le groupe et son journal éponyme, la « Vérité ». Rosan Girard, le charismatique député-maire de Grand-Bourg de Marie-Galante, eut lui aussi de graves divergences avec le PCG dont il fut l’un des fondateurs. Il en resta très longtemps en marge.
Juin 1963, Paris. Création du GONG. C’est la première organisation nationaliste guadeloupéenne (pro-chinoise) à prôner officiellement l’indépendance nationale. Après les massacres de Mai 67 à Pointe-à-Pitre et les procès des militants proches du GONG ou des étudiants de l’AGEG en 1968, le GONG se déchire. On aura d’’un côté les « historiques » qui créent Chaltouné puis Zépon et de l’autre, dans la région de Sainte-Rose, au Nord de la Basse-Terre, d’autres « historiques » critiquent sévèrement leurs anciens camarades. C’est alors l’apparition de « syndicats » d’un type nouveau : l’Union des travailleurs agricoles (UTA), l’Union des paysans pauvres (UPG) et en 1973, l’Union générale des travailleurs guadeloupéens (UGTG). Cette dernière est la première organisation syndicale à être partisane de l’indépendance nationale. À cette époque, la guerre est sans merci avec la CGTG, encore très proche du PCG. Alors qu’on assiste à la naissance du Parti des travailleurs guadeloupéens (PTG), mouvement maoïste, la cible principale des nationalistes est le PCG qui commence à perdre de son influence sur la classe ouvrière et sur son électorat.
Décembre 1978, en dépit de l’existence du PTG qui lui aussi commence à faiblir, les nationalistes qui ont des visées électorales (encore secrètes) crèent l’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe (UPLG). Cette organisation très structurée, puissante au niveau national, se positionne dès sa création, comme celle qui conduira (seule?) la Gwadloup vers l’indépendance. Son punchline de l’époque en dit long, « On sel chimen, on sel organizasyon ! ». Même si ce n’est pas clairement affirmé, on l’a compris. C’est aussi « on sel jounal (Jakata), on sel radyo (Tanbou), on sel mizik (GKM) ! »
Mars 1980, à la gauche de l’UPLG surgit le Groupe Gwadloupéyen de libération armée (GLA) qui revendique des actions militaires. Depuis 1802, on n’avait plus vu des Gwadloupéyen recourir à la lutte armée pour tenter d’abattre le système colonial. De son côté, l’UPLG qui ne s’y attendait pas, considère qu’il s’agit là, d’une « opération policière soutenue par le colonialisme français. » (sic).
Mais après l’arrestation spectaculaire et l’emprisonnement des Reinette, Gamby, Jean-Baptiste et Mado, l’UPLG revoit sa copie et décide de soutenir ces patriotes et exiger leur libération.
Juillet 1981. Aussitôt libéré, Luc Reinette ne rejoint pas l’UPLG. Loin s’en faut. Il crée avec d’autres militants le Mouvement populaire pour la Gwadloup indépendante (MPGI) et peu après Radyo Inité-Radyo nasyonal Gwadloup. Cette seconde organisation nationaliste ne sera pas la bienvenue pour l’UPLG. Les chiraj se multiplient, notamment à l’occasion du procès de Marc Antoine et Peter Alexander, deux militants de l’UTA bouc-émissaires de l’affaire Martin. Des militants de l’UPLG s’en prennent violemment à ceux du MPGI.
À la même période, le Journal Gwadloupéyen (Jougwa), premier magazine nationaliste édité en Gwadloup, est l’objet d’une violente campagne de boycott. Son directeur est menacé de mort, ses locaux cambriolés, son matériel emporté et détruit par 3 militants nationalistes de la mouvance UPLG-Bijengwa.
Mai 1983. MPGI ne sera en fait que la partie visible d’une nouvelle organisation militaire clandestine fait place à la toute nouvelle Alliance révolutionnaire Caraïbe (ARC) laquelle frappe durement les symboles du colonialisme français en Gwadloup, à la Martinique, en Guyane et même en France. Ses actions militaires sont si fréquentes que le gouvernement français que préside François Mitterand envisage une « négociation » avec l’ARC. C’en est trop pour l’UPLG qui décide alors de se « travestir » en commandos de l’ARC pour tenter de commettre des « attentats.» et « saper » le processus de négociation.
24 juillet 1984. Le résultat du chiraj entre l’UPLG et le MPGI-ARC est plus que catastrophique. Il est tragique. Les 4 poseurs de bombes de l’UPLG mal préparés, meurent avec leurs bombes. La Guadeloupe perd entr’ autres un brillant architecte.
Le mouvement nationaliste n’est pas le seul à vivre au rythme de ses chiraj. Ainsi, le PCG lui aussi est l’objet d’un très violent séisme.
Septembre 1991. La section pointoise du PCG explose. Henri Bangou et Daniel Geniès, deux figures historiques du parti provoquent un énormé chiraj en créant le Parti progressiste et démocratique guadeloupéen (PPDG).
Peu après le congrès historique de 1992, les dissensions s’accentuent au sein de l’UPLG. Le PTG est définitivement enterré. Désabusés, certains militants de l’UPLG commencent à déserter une organisation qui depuis 1987 cultive une sérieuse ambigüité sur la question de sa participation aux joutes électorales. À la fin des années 90, Lendépandans, ’hebdo de l’UPLG, ne survit pas aux querelles intestines. Certains militants iront jusqu’à créer un nouveau parti indépendantiste, le « Mouvement Gwadloupéyen » lequel n’ira pas très loin.
Fin 2008. Plusieurs organisations syndicales, culturelles et politiques mettent sur pied Lyannaj kont Pwofitasyon (LKP) laquelle conduira, en 2009, une grève au retentissement international (44 jours). Peu après, les chiraj et incompréhensions seront la cause de nombreux départs. La structure combattante perd de ses forces.
15 ans après, le mouvement nationaliste victime de ses dissensions et chiraj n’a plus aucune autorité. LKP qui se définit comme un mouvement social qui fonctionne sans les autres composantes de la mouvance nationaliste.
Dans les deux collectivités majeures, le chiraj ont été aussi nombreux. Ainsi, l’ex-présidente socialiste de l’ex-futur Conseil Général, Josette Borel-Lincertin a quitté avec pertes et fracas (financiers) le camp de Victorin Lurel. Pourquoi ce chiraj ?
Mai 2021. Peu avant les Régionales, Ary Chalus et Guy Losbar signent un pacte de gouvernance lequel a réellement fonctionné pendant 2 ans ou presque. Mais depuis la mi-2023, on s’est aperçu que ce pacte n’existait plus vraiment. La faute à qui ?
La réalité est face à nous. Les hommes et femmes politiques gwadloupéyen – mais pas qu’eux – ne savent pas s’entendre et se mettre ensemble durablement. Un « diable » se glisse systématiquement dans les détails et c’est suffisant pour que les chiraj prennent la main. Dans ce climat de chirajri permanent, rien ne peut se construire de façon stable. La question de l’unité se pose de manière récurrente mais les divisions sont hélas si nombreuses qu’ on ne sait plus où donner de la tête. Pendant ce temps, le système colonial se réjouit, sa longévité semble assuré, sauf si..
DZ
Bonne analyse Danik ! En réalité, nous ne savons pas nous projeter sur le temps long, ce que maitrise parfaitement le colonisateur. La tyrannie de l’émotion de l’instant présent, est l’une des pires chaînes ! Si il y a une chose à apprécier chez les leaders que sont : Tiani, Traoré et Koita, c’est leur pondération, leur calme en toutes circonstances, leur vision à court, moyen et long terme pour toute la région. Ce sont des militaires, ceci expliquant peut être cela. En tout cas, c’est tout ce que déteste la « franche ».
J’adhère à 100% à cette vision.
Le problème de tout ces apprentis dirigeants c’est que jusqu’à maintenant ces sont des marchands d’illusions.
ce statut est obsolète, mais il faut constater que les fonctionnaires et assimilés et les professions libérales votent pour le statu quo comme les smicards RSA et autres défavorisés.
ces idéologues oublient le quotidien des plus modestes qui se disent un tien vaut mieux que deux tu l auras.
du pragmatisme messieurs mesdames.
à chaque projet bien ficelé son financement, sinon ce sera un flop à chaque tentative.
on ne peut pas philosopher le ventre vide.
la société de consommation mondialisée ne laisse grand monde indifférent.
la vie a ses limites
à éviter : proximité et promiscuité, la gloriole, le chokage
que vous inspiré les démissions nominations dans les EPCC EPCI etc…et les scandales financiers dans le secteur public local , quelle est la VISION de l exécutif RÉGIONAL SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE pour les 5 ans à venir le citoyen, veut savoir aimer la gpe n est pas un modèle de développement