
USA. Guadeloupe. Université. Pourquoi Gladys M. Francis a quitté Howard ?
Sacramento ( Californie) Wednesday March 19th2025.. Depuis plus d’une vingtaine d’années la Gwadloupéyeénn (100% Gwada), Gladys.M.Françis effectue une très brillante carrière dans le monde universitaire américain. Après avoir été Doyenne à Howard (Washington), la 1ére université Afro Américaine Gladys M.Francis s’en va en Sacramento State University, où elle sera aussi Doyenne. Pourquoi ce choix ? Une conséquence du Trumpisme ?
En exclusivité pour CCN, elle raconte son parcours et ce nouveau challenge.
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CCN. Pourquoi avoir choisi Howard?
Gladys M. Francis. Je me souviens encore de la dernière étape de mes entretiens pour mon poste à Howard. J’avais déjà terminé d’autres entretiens et reçu des offres d’emploi dans deux universités de la « Ivy League » (un terme désignant les établissements les plus prestigieux des États-Unis et du monde entier). En visitant Howard, ce sont les étudiants qui ont fait pencher la balance. J’ai alors choisi de commencer ce nouveau chapitre avec un poste moins élevé, consciente qu’il ne s’agissait pas d’une destination finale, mais d’une période bien définie où je pourrais œuvrer à une restructuration académique et apporter toute l’innovation possible à cette institution.
CCN. Que dire après ces années passées à Howard University? Quel bilan?
GMF. Mon mandat à Howard a été marqué par l’obtention de plus de 10 millions de dollars de financements externes, que j’ai sécurisés en tant qu’investigatrice principale. Je quitte Howard University après avoir également contribué à la création de nouvelles structures académiques prestigieuses, qui ont parallèlement permis l’émergence d’initiatives internationales de grande envergure pour l’institution.
J’ai fondé le Network of Excellence, qui a favorisé le développement de partenariats solides avec des entreprises, des fondations, ainsi que des institutions privées, publiques et gouvernementales. J’ai développé ou facilité plus de 300 stages pour nos étudiants, y compris en Afrique et en Europe, et établi plus d’une centaine de partenariats majeurs. Ces collaborations ont contribué à des opportunités de recherche interdisciplinaire, des programmes d’échange, des études à l’étranger, ainsi que des opportunités de développement professionnel pour les étudiants, les enseignants et le personnel. Nos étudiants ont ainsi été stagiaires à la Maison Blanche, dans des entreprises technologiques de la Silicon Valley, et ont bénéficié d’opportunités prestigieuses avec la National Science Foundation (NSF), ou encore participé à des missions dans un sous-marin d’OceanX dédié à l’exploration et à la préservation des océans. J’ai mené de nombreuses initiatives innovantes dans ce cadre.
Sous ma direction, nous avons également accueilli des délégations exécutives issues de pays tels que l’Angola, le Burkina Faso, la France, la Jamaïque, le Japon, le Mexique, le Mozambique, le Nigéria et la Tanzanie. Dans le cadre de ces projets d’internationalisation, j’ai établi les premières mobilités avec des institutions prestigieuses comme Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Johns Hopkins pour son programme d’été en Italie. Sous mon égide, une nouvelle structure pour les programmes d’études à l’étranger a été officiellement lancée. En seulement six mois, plus de 200 étudiants ont voyagé à l’étranger (pour beaucoup, pour la première fois) vers des destinations comme l’Afrique du Sud, la Colombie, le Ghana, la Grèce, le Kenya, Paris et Tobago. Une quarantaine d’étudiants ont également voyagé avec moi et une délégation exécutive en Guadeloupe pour un séjour de dix jours. Ces structures continueront à porter leurs fruits, comme en témoigne, par exemple, la récente visite des étudiants de Howard en Martinique.
Après avoir fondé le sélectif et prestigieux Flagship Ambassador Program, j’ai contribué à ouvrir des espaces privilégiés à 40 étudiants ambassadeurs dans des domaines variés tels que la politique, les arts, la culture et l’éducation. Ces étudiants ambassadeurs, ainsi que des membres des sororités et fraternités des Divine 9, m’ont accompagnée en Angleterre, à Paris et en Guadeloupe. La capitaine de l’équipe Léon Gontran Damas du Flagship Ambassador Program a d’ailleurs reçu la bourse Future Nobel Laureate, avec des festivités organisées à Stockholm, en Suède, lors du prestigieux Nobel Week Dialogue.
Enfin, j’ai finalisé un accord de 10 millions de dollars permettant à des étudiants issus de groupes historiquement marginalisés et sous-représentés de mener des recherches sur l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Ces étudiants auront la possibilité d’intégrer la National Security Agency (NSA) à la fin de leurs études. Cette coopération pluriannuelle vise également à améliorer l’enseignement et l’apprentissage des langues à Howard ainsi que dans 15 autres HBCUs (universités historiquement noires) à travers le pays. Ces fonds ont aussi contribué à l’obtention du statut de recherche R1 (Research 1) pour l’université.
Ces trois années riches en réalisations ont également été marquées par mon engagement à renforcer la visibilité de nos îles antillaises tout en élargissant considérablement nos champs d’opportunités.
CCN. Comment Howard University est (politiquement) perçue aux USA?
GMF. Howard a ses controverses et ses éclats. Récemment, l’université a été confrontée à un conflit majeur impliquant ses enseignants non titulaires et ses professeurs chargés de cours. Après près de quatre années de négociations, le syndicat des enseignants a conclu un accord provisoire avec l’université, quelques heures seulement avant le déclenchement d’une grève. Howard est en effet connue pour ses problèmes systémiques liés aux disparités salariales, à l’insuffisance des avantages sociaux et à la précarité de l’emploi pour ses enseignants non titularisés ou en contrat temporaire. L’institution est également au centre des débats concernant ses lacunes en matière de transparence, d’inclusivité et de processus décisionnels. Comme toutes les universités historiquement noires (HBCU), elle joue un rôle central dans les discussions sur les politiques publiques et les enjeux qui touchent les Afro-Américains et d’autres groupes historiquement sous-représentés. Traditionnellement, Howard est perçue comme une institution influente, notamment dans les domaines de la justice sociale, des droits civiques et de l’éducation des communautés marginalisées.
CCN. Vous avez vécu, G.W. Bush, Obama, Trump 1, Biden et now Trump 2. L’Amérique et les américains ont changé de logiciel ?
GMF. Le climat politique actuel aux États-Unis est marqué par une forte polarisation et des divisions idéologiques. Les questions économiques, sociales et celles liées aux droits civiques dominent les débats. Malgré ces tensions, il est impératif de poursuivre nos efforts pour encourager le dialogue et la coopération. Les États-Unis ont déjà surmonté des périodes de divisions et de défis intenses. Par exemple, durant la Guerre civile, le pays a affronté des clivages idéologiques profonds liés à l’esclavage et à l’unité nationale. De même, pendant la Grande Dépression, l’économie américaine a été mise à rude épreuve, ce qui a conduit à des politiques transformatrices, bien que controversées, comme le New Deal.
Dans un climat de clivage tel que celui-ci, la mobilisation citoyenne joue un rôle crucial pour promouvoir une société plus unie et résiliente. Avec mon ancrage caribéen, ma carrière s’articule autour de la nécessité de promouvoir l’éducation et des normes éthiques inébranlables. Ces principes, essentiels à la défense de nos libertés, nous inspirent à bâtir une société plus juste, tout en incarnant un leadership éclairé qui élève nos communautés.

CCN. Votre activité littéraire est aussi importante, vos ouvrages sont (seront) traduits en anglais ? Le prochain est déjà dans les tuyaux ? Quelle thématique ?
GMF. Dans l’interdisciplinarité qui me caractérise, mon premier ouvrage, Amour, sexe, genre et trauma dans la Caraïbe francophone, proposait déjà des variations en français et en anglais. Des discussions sont en cours pour la traduction de mon deuxième livre académique, Odious Caribbean Women and the Palpable Aesthetics of Transgression. Mon troisième livre, Épopée créole: Histoires en transgression, que j’ai eu l’honneur de lancer en Guadeloupe, combine le français, l’anglais et le créole. Il a déjà été sélectionné pour une traduction en anglais.
Je suis ravie d’annoncer que mon quatrième livre paraîtra en juin 2025 aux Presses Universitaires de Yale. Il s’agit de la première anthologie dédiée à Fabienne KANOR, écrivaine, artiste, journaliste et réalisatrice. Ce travail très attendu offre un voyage exceptionnel à travers les thèmes de la mémoire, de l’héritage colonial, de la sexualité en contexte dominé, de l’identité et du trauma. L’œuvre se distingue par sa forme, intégrant des photographies, des notes intimes de l’autrice et un texte inédit. Une série d’événements majeurs accompagnera la sortie de ce livre, en Afrique, aux Antilles, en Europe et aux États-Unis. La tournée débutera en Guadeloupe et en Martinique. Fabienne Kanor effectuera un déplacement exceptionnel en juin pour être à mes côtés en Guadeloupe. Ensemble, nous proposerons des performances, des projections de films, des rencontres avec les lycéens, un café littéraire avec de la musique live, et bien d’autres moments uniques. Je suis impatiente de célébrer la sortie de ce livre avec vous tous !
CCN. Les Afro américains (universitaires, étudiants) connaissent très peu la Caraïbe francophone, que faudrait-il faire ?
GMF. Les choses changent et bougent !
C’est pour cela qu’au niveau éducatif, il nous faut œuvrer à dépasser ces nomenclatures hiérarchiques (aux accents néocoloniaux, voire impérialiste-économique) et lutter pour une éducation équitable et une intégration culturelle. Tout cela s’agence aussi dans le contenu de ces cours, même dans les cursus universitaires – chez nous aux Antilles et ailleurs. Il nous faut développer des partenariats entre universités américaines et caribéennes (comme la Martinique, la Guadeloupe ou Haïti) pour encourager des collaborations de recherche, et des séjours linguistiques et culturels. Il nous faut miser sur le culturel (organiser des festivals, conférences et activités culturelles sur les campus pour faire découvrir les arts, la littérature et la musique de la Caraïbe francophone). Il y a tout un travail à continuer dans les médias et les ressources numériques pour mettre en lumière ces régions. Et plus que jamais, il faut lutter pour encourager les études en langues (rendre l’apprentissage du français et du créole plus accessible aux étudiants), ce qui peut éliminer une des barrières majeures à la connexion.
Nous sommes très nombreux à représenter la Caraïbe francophone, à la mettre à l’honneur à l’échelle internationale, et à inciter de l’intérêt pour cette région qui a un fort potentiel. Pour moi, ces liens sont profonds, historiques et culturels, notamment dans le contexte de la diaspora africaine et des luttes communes pour la liberté et l’égalité.
Pendant mes 10 ans passés à Atlanta, j’ai œuvré dans ce sens. Quand j’ai dirigé la tournée états-unienne de Lénablou, elle a reçu un public de plus de 3000 personnes en une dizaine de jours. Nous avons aujourd’hui plus d’une centaine de thèses et de livres académiques en Amérique du Nord qui citent les travaux de Lénablou, traitent du gwo-ka, ou se mettent en conversations avec des théories développées par nos chercheurs antillais. Nous sommes présents –dans un cadre d’excellence exceptionnelle– dans les domaines sportifs, scientifiques, littéraires et culturels.
Pendant ces trois dernières années, le Conseil régional et le Conseil départemental de la Guadeloupe ont été des partenaires indéfectibles. Ils m’ont aidée à mettre à l’honneur, sur des plateformes internationales de prestige, nos artistes guadeloupéens. Comme pour un festival en Angleterre, où nos étudiants américains ont pu faire une performance d’envergure aux couleurs culturelles de la Guadeloupe. Le Président Guy Losbar s’était d’ailleurs déplacé en personne pour marquer ce moment historique. Il a également signé, lors de mon passage en Guadeloupe, une convention de mobilité avec l’université des Antilles et Howard University qui permet aux étudiants de la Guadeloupe et de la Martinique d’étudier à Howard pour un ou deux semestres, et vice versa. J’ai tenu à créer cette convention dès mon entrée en poste. Elle est soutenue par le Président de l’Université des Antilles et permet des échanges entre le staff et les chercheurs des deux institutions sur une durée de 4 ans. En mars 2025, nos étudiants étaient en Martinique et l’équipe dévouée de l’Université des Antilles (Guadeloupe et Martinique) s’est assurée de leur fournir la meilleure expérience académique possible malgré la période des vacances scolaires.
Dans son engagement pour la jeunesse guadeloupéenne, le Président Ary Chalus et son équipe ont accompagné avec véhémence la venue en Guadeloupe de notre équipe exécutive et de nos quarante étudiants. Nous avons pu travailler avec des entrepreneurs Guadeloupéens remarquables (comme Rézilians, La clé des îles, Kémé, Papa Rouyo, Double Face) afin de mettre sur place un programme éducatif et culturel exceptionnel pour nos apprenants. Nous avons notamment reçu au MACTe plus de 250 lycéens et étudiants guadeloupéens autour d’échanges forts et émouvants lors de l’inauguration du programme que j’ai fondé pour l’espace Caraïbe « Soudé pou édikasyon. » Lors de cette visite, la Région s’est engagée à travailler avec moi pour promouvoir la coopération internationale. À cet effet, le Président Chalus s’est personnellement déplacé lors de ma visite du Lycée de Baimbridge pour annoncer son soutien financier à la visite de 21 lycéens à Washington, D.C. Ces lycéens viendront en avril 2025 rajouter au palmarès des 80 élèves guadeloupéens que j’ai déjà eu l’honneur de recevoir à Washington, D.C.
J’ai été chaleureusement invitée, sous la direction de Mme Maryléne Ferdy-Riccio, à la deuxième édition des rencontres de l’audiovisuel de la Guadeloupe en 2024. Ce sont des efforts qui permettent de garantir des échanges forts entre nos territoires. Sous la direction du Professeur Celia Mimiette, j’ai aussi eu des échanges poignants avec les étudiants, le corps enseignant et leaders du Lycée Général et Technologique des Droits de l’Homme.
Je suis toujours réceptive aux propositions innovantes qui enrichissent nos communautés. J’ai hâte de continuer ce travail dans mes nouvelles fonctions en Californie.
CCN. Pourquoi ce départ vers la Californie?
GMF. Aux États-Unis, changer d’État pour occuper un poste administratif est une pratique courante dans le cadre des promotions professionnelles, en particulier dans le secteur de l’éducation. Avant Washington D.C., j’ai travaillé en Géorgie et en Pennsylvanie.
La Californie, c’est une promotion prestigieuse. Je suis absolument honorée de rejoindre Sacramento State University où j’ai été nommée Doyenne de la faculté des arts et des lettres.
Avec ses 31,000 étudiants, l’université de Sacramento est menée par l’un des plus jeunes présidents d’université de l’histoire des États-Unis. J’arrive en Californie pour mes interviews un peu comme je l’avais fait il y a 3 ans à Washington, D.C… J’avais déjà sécurisé une poignée d’offres compétitives pour mon nouveau chapitre professionnel. Quand j’arrive sur le campus, mes entretiens avec le Président, le staff, et l’équipe des exécutifs ont été révélateurs. Après ma visite, quand je devais prendre une décision finale et choisir l’université où débuter mon nouveau chapitre professionnel, le Président de Sacramento State a pris le temps de me parler, il a tenu à m’expliquer ce qu’il pensait que je rapporterais à l’université et où lui se positionnait dans un climat difficile pour toutes nos institutions américaines. Des membres du staff ont aussi été très transparents et attentifs. J’ai des étudiants qui m’ont également contactée. J’ai été très touchée par cette communauté. J’ai donc choisi la capitale de la Californie !
En tant que centre d’innovation et de diversité, Sacramento State constitue un cadre idéal pour que les partenaires caribéens échangent des idées et développent des solutions durables face à nos défis communs. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir prospère et interconnecté.
Et puis, pour la petite note d’humour… pour la première fois, je pourrai enfin profiter d’un climat plus semblable à celui des Antilles !
J’intègre une institution qui se distingue par son intégration dans l’économie créative du pays et qui est à un moment déterminant de son histoire. Récemment reconnue pour son engagement envers l’innovation et la production en recherche, c’est un lieu exceptionnel pour travailler et étudier. Mon objectif est de faire de notre Faculté des arts et des lettres une destination incontournable. L’université qui se distingue déjà par des initiatives de recherches uniques. Elle a un des meilleurs programmes en Business (accrédité par l’AACSB, une distinction détenue par seulement 5 % des institutions d’enseignement supérieur dans le monde). Son programme en soins infirmiers est classé parmi les meilleurs au pays. Il a aussi un Black Honors College, le premier du genre aux Etats-Unis qui offre une expérience académique et culturelle enrichissante, centrée sur l’histoire, la culture et les contributions des Afro-descendants. Ouvert à tous les étudiants, il propose des cours spécialisés, des opportunités de recherche, des stages rémunérés, et un programme de vie résidentielle et d’apprentissage hors pair. Ce programme vise à améliorer les taux de réussite et de rétention des étudiants noirs, tout en cultivant des leaders courageux et engagés. Sacramento State a une nouvelle Faculté « Native American College, » le premier de ce genre en Californie à offrir une expérience éducative unique et centrée sur la culture, la vie, l’histoire et le leadership des populations autochtones. Cette initiative vise à renforcer les liens avec les communautés tribales et à offrir un soutien adapté aux étudiants autochtones.
Je suis impatiente de travailler dans un cadre où l’excellence académique va de pair avec l’innovation, la diversité, l’équité et l’inclusion. J’ai de grandes ambitions pour notre Faculté des arts et des sciences !
CCN. Les liens tissés avec l’université des Antilles, seront-ils remis en cause par les Trumpistes?
GMF. Comme je le souligne souvent, l’un des principes fondamentaux qui guide mon travail est d’ouvrir des portes, de faciliter les échanges et de créer un terreau fertile où des initiatives peuvent non seulement voir le jour, mais aussi s’épanouir pleinement. J’ai eu l’honneur d’établir des conventions entre l’Université des Antilles et des régions stratégiques telles qu’Atlanta et Washington, D.C., et très bientôt, la Californie. Ces programmes prospèrent et perdurent grâce à l’engagement des institutions partenaires, qui s’emploient à cultiver et renforcer ces liens essentiels. La structure de ces conventions ouvre également un vaste champ de possibilités collaboratives, propulsant nos efforts vers des horizons prometteurs.
CCN. Sinon qu’est-il prévu pour 2025/26 ?
GMF. Je suis déjà à l’œuvre pour la Californie. Pour uniquement parler de mes efforts pour la Guadeloupe, je peux partager que plusieurs établissements scolaires ont sollicité ma collaboration pour développer des programmes innovants accueillant des lycéens à Sacramento. Parallèlement, je suis en communication active avec plusieurs entités en Guadeloupe prêtes à financer des projets destinés à dynamiser les secteurs artistique, scientifique et culturel en Guadeloupe, à travers des partenariats bilatéraux entre nos territoires. Je reste à l’écoute afin de créer de nouveaux projets constructifs.
À partir du mois de juillet, j’entamerai officiellement avec des visites en personne, des discussions visant à concevoir des projets innovants pour la période 2025-2029, connectant la Caraïbe et la Californie.
Je serai aussi en Guadeloupe en juin pour le Lawonn danse-littérature 2025 de la Fabri’k. Inscrivez-vous ! J’ai l’honneur de travailler sur le projet mémoriel du Département et de mener, sous son invitation, sa tournée états-unienne en 2025 (à New York, en Louisiane, et à Washington, D.C). Vu son énorme succès l’an dernier, j’aimerais organiser en 2026 la deuxième édition de « Soudé Pou Édikasyon » en Guadeloupe. Je viendrai avec une quarantaine d’étudiants, une équipe administrative, et nous travaillerons à accueillir comme nous l’avions fait en 2024, avec le soutien de la Région, des centaines de jeunes et leurs équipes pédagogiques autour d’ateliers innovants. J’espère que plusieurs acteurs s’uniront pour donner encore plus d’ampleur à cet événement enrichissant pour nos jeunes.
Ma mandature en tant que Doyenne à Sacramento State University continuera de servir de pont d’excellence, reliant nos régions et nourrissant un avenir ambitieux et partagé.
En 2025/2026, nous poursuivrons nos efforts avec créativité et ingéniosité. Nou pé ké dòmi!

CCN. Ou ké wouvin on jou Gwadloup?, oben ou vin on AfroAmériken?
GMF. Ou enmé fè blag! « Afro-Ameriken”?(Rires) Ou mérité an kabèch!(rires) An fèt Gwadloup, lévé Gwadloup. La an yé, sé la Gwadloup ki la. Mèm si idantité an mwen konplèks, an pa bizwen kojité asi dé évidans: Gwadloup sé rasin ki ka kontinyié nouri mwen ; sé fòs an mwen. An Gwadloup tout tan, pas sé Gwadloup ka nouri sikwi a souda! Mèm IA jalou sa!
Je suis très souvent en Guadeloupe. Jamais en vacances, toujours pour travailler et construire des passerelles. Le temps n’est jamais assez long, et il y a tant à accomplir. J’ai appris à accepter que l’on ne peut pas tout faire. Les gens ne comprennent pas toujours le poids de ces responsabilités : le temps si réduit, la course permanente, le stress constant. C’est une lourde responsabilité d’être présente pour sa communauté tout en trouvant un équilibre qui me permette, moi aussi, de rester en bonne santé et de travailler sur le long terme.
Moins de 2% d’étudiants noirs ont un doctorat aux Etats-Unis. Très peu de femmes noires occupent de telles hautes fonctions administratives dans le contexte états-unien. Et lorsque nous y sommes, nous n’avons pas le droit à l’erreur. Ces fonctions sont exigeantes et difficiles, surtout lorsqu’on travaille, comme moi, sous le prisme de la justice sociale. Dans cette aventure, je ne m’attendais pas à croiser des personnes qui m’offrent, comme le feraient des parents ou des frères et sœurs bienveillants, leur amour et leur soutien. Cette affection a été essentielle pour préserver ma santé mentale et physique. La Guadeloupe est en moi. Elle m’habite.
Je suis profondément enracinée et attachée à mon île. J’offre également du mentorat à de nombreux jeunes et moins jeunes antillais. Le succès n’a de sens que s’il s’inscrit dans une logique de construction, de transmission et d’orientation vers l’avenir. J’ai hâte d’accueillir des guadeloupéens à Sacramento State University, pour ceux qui envisagent des études et des formations à l’étranger. Je suis là pour leur offrir un accompagnement concret et personnalisé. Je crois sincèrement en la nécessité, pour nous guadeloupéens, de mettre nos talents au service de notre île et de la rendre plus forte en répondant aux enjeux qui la traversent.
En amont de l’annonce de mon nouveau chapitre professionnel en Californie, je suis rentrée en Guadeloupe où j’ai travaillé avec des artistes formidables avant le lancement de ma nouvelle plateforme www.gladysmfrancis.com. L’univers visuel que vous verrez (même sur certaines des photos de cet entretien) disent toute la force de notre bassin caribéen. Merci aux artistes du Centre des arts et de la culture pour leur virtuosité, générosité et leur accueil sans faille. Woulo aux accessoires de Kémé et à sa direction artistique, au couturier Daniel Garriga, à la coordination de l’association NKT (Nou Ka Travay), à la maquilleuse Yéléna et au ital de Ahijah. C’est aussi très important pour moi de mettre à l’honneur nos talents. C’est ensemble que nous sommes forts.
Je tiens à adresser mes plus sincères remerciements à la communauté guadeloupéenne, une terre d’excellence qui incarne le talent et la résilience. À tous les acteurs, artistes, journalistes, entreprises, institutions et individus qui m’ont accueillie à bras ouverts, donné leur confiance et ouvert leurs portes : merci infiniment. Votre choix de travailler avec moi, de m’accorder l’accès à vos équipes, apprenants, enseignants et chercheurs, est un immense honneur. Ce soutien et cette solidarité sont le socle de cette réussite. Merci de montrer, encore et toujours, que la Guadeloupe est bien plus qu’une île : elle peut être une source d’inspiration et d’excellence pour le monde entier.
E mèsi anpil à CCN de m’accorder ce temps, ce partage et ce lyannaj !
Itw DZ