
Guadeloupe.Violences. Expliquer ne suffit pas. L’urgence : agir sur les dérives culturelles
Suite à l’article d’Ary Broussillon la contribution de Richard Viktor Sainsilly
Abymes. Mercredi 6 août 2025.CCN. La fusillade de Vieux-Bourg Abymes a relancé un débat majeur sur la violence.. Le sociologue Ary Broussillon, qui s’est exprimé récemment, a raison : expliquer la violence ne veut pas dire l’excuser. L’État français porte une responsabilité historique et structurelle dans la situation actuelle : héritage colonial non assumé, abandon institutionnel, prolifération d’armes et de drogues qui gangrènent la Guadeloupe. Toutes ces causes profondes doivent être mises en lumière.
By Richard Viktor Sainsily pour CCN
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Mais cette analyse, aussi pertinente soit-elle, oublie un facteur clé : les dérives culturelles et éthiques qui imprègnent notre quotidien depuis plus de deux décennies et qui façonnent, silencieusement mais sûrement, les comportements de notre jeunesse.
1/ Médias et musiques : une banalisation inquiétante
Nos radios, nos concerts et surtout les réseaux sociaux diffusent en boucle des contenus violents et hypersexualisés. Ces influences viennent souvent de nos îles voisines – Jamaïque, Trinidad, République Dominicaine – où la permissivité autour de ces sujets est plus forte. Et elles trouvent ici un public jeune, vulnérable et en quête de repères.
- Paroles glorifiant alcool, argent facile, sexe, drogue et armes
- Danses explicites mimant des rapports intimes devant des adolescents de 13-14 ans
- Normalisation de comportements agressifs et misogynes présentés comme « cool » ou « tendance »
Ces images ne sont pas anodines. Elles deviennent des modèles identitaires puissants, souvent plus influents que les messages de l’école ou des familles. Lorsqu’un enfant grandit dans un environnement où la violence et l’hypersexualisation sont banalisées, peut-on vraiment s’étonner qu’il les reproduise ?
2/ Un laxisme collectif qui nous rend complice
Pendant que nous pointons du doigt l’État, que faisons-nous, ici, collectivement ?
- Les médias programment ces contenus sans filtre ni réflexion sur leur impact.
- Les parents tolèrent, parfois par lassitude, parfois par ignorance des conséquences.
- Les institutions de notre pays se taisent, incapables d’édicter des règles claires ou d’offrir des alternatives culturelles valorisantes.
Ce silence, cette indifférence, ce laxisme généralisé alimentent la spirale de la violence. En fermant les yeux, nous devenons complices.
3/ Expliquer… et agir
Oui, il faut expliquer la violence pour en comprendre les causes profondes et pointer les responsabilités de l’État. Mais expliquer ne suffit pas. Il faut corriger nos modèles culturels, réguler nos médias et surtout reconstruire des repères éthiques et éducatifs.
La responsabilité doit être partagée :
- État : sécuriser et investir dans l’éducation, pas seulement dans la répression.
- Médias : assumer leur influence et rééquilibrer leurs programmations.
- Parents et familles : encadrer, alerter et dialoguer.
- Écoles et institutions culturelles : éduquer aux médias, promouvoir des modèles positifs et valoriser d’autres formes d’expression artistique.
Sans ce sursaut collectif, chaque nouvelle fusillade ne sera qu’un drame de plus dans une indifférence silencieuse.
4/ Un appel urgent à la responsabilité commune
La phrase du sociologue Ary Broussillon reste vraie : « Expliquer, ce n’est pas excuser. » Mais à cela, nous devons ajouter : ne rien faire, c’est cautionner. Il est temps de nommer toutes les responsabilités, y compris celles que nous portons ici, chez nous, dans nos choix culturels, médiatiques et éducatifs.
Car la violence ne disparaîtra pas par des discours ou des analyses. Elle reculera seulement le jour où nous aurons le courage de changer ce que nous montrons, ce que nous tolérons et ce que nous transmettons à nos enfants.
Richard Viktor Sainsilly
Citoyen et parent
bonjour
juste pour vous faire remarquer que les paroles violentes des chansons ne proviennent pas que des autres îles de la Caraïbe mais sont l avantage de chanteurs Guadeloupéens, créées par des Guadeloupéens. Écoutez Énergie…
Nous parlons de violences mais aucune étude sérieuse a été faite pour comprendre le parcours de jeunes qui auraient pris cette voie à savoir le milieu familial et éducatif, les rêves et projets de ces jeunes entre autres, leur contexte sociologique. On généralise sans savoir vraiment.