La rumeur est plus que persistante. Le pouvoir parisiano-macronien aurait, semble-t-il, un temps, envisagé de rappeler Gustin à d’autres fonctions hors de Guadeloupe. Attention ! Le pouvoir colonial français ne serait pas sur le point de déjuger son représentant légal, car le néo gouverneur n’a jusqu’ici outrepassé aucune loi de son pays.
Mais que les choses soient clairement dites : le départ, ou le remplacement éventuel de Philippe Gustin, ne changera pas grande chose à la réalité de notre pays. Car tant que nous aurons des préfets, cela signifiera que nous sommes hélas encore dans une situation coloniale…
Pour l’heure, la réalité d’aujourdh’ui c’est Gustin, un hyper préfet interventionniste
Il a tout bonnement, mais avec l’insistance d’un fonctionnaire zélé, voulu remettre un peu d’ordre dans un « département français ». Comment donc reprocher à un représentant de l’État colonial français de tout faire pour que « l’ordre républicain » règne dans ce qu’il estime être une partie du territoire français ? Arrêtons-nous un instant sur les « actions » qui ont, jusqu’ici, marqué la « mandature » Gustin.
Il a été parachuté à Saint-Martin. Au lendemain du cyclone, il débarque dans les valises de Macron. Une fois arrivé à Marigot, il débute son service commandé : deux cibles sont alors visées :
1/ la Semsamar : Personne n’a oublié les propos de Macron à l’attention de l’ex-DG de la Semsamar. A l’époque, Daniel Gibbs, le président de la Com, qui se croit protégé, abonde dans le sens de Macron et de Gustin. La Semsamar est déstabilisée.
2/ La seconde cible n’était autre que Gibbs lui-même : Son dossier est ouvert, l’enquête démarre. Gustin s’en va mais Gibbs sera plus tard, lui aussi, déstabilisé.
Sur ces deux dossiers, Gustin a été d’une rare efficacité. Il suit à la lettre la feuille de route dictée depuis Paris par le pouvoir macronien.
En mai 2018, Gustin arrive alors dans une Guadeloupe politiquement « tranquille ». Les macronistes tropicaux ont les mains relativement libres. Ils gèrent la Région et sont présents comme parlementaires au Sénat et à l’Assemblée Nationale Française ; ils sont donc les relais efficaces du macronisme. En aucun cas ils ne sentent pas concernés par le gustinisme ambiant qui se met en place.
Tout comme Gibbs, les macronistes tropicaux, un peu naïfs, ne se doutent pas qu’ils peuvent aussi être un jour ou l’autre des cibles faciles.
Quel politicien en pays colonisé ne traîne pas après lui une petite casserole ?
Soyons justes ; c’est le « modèle » politique français qui est, depuis des années, vérolé. Combien sont-ils, ces politiciens français au sommet l’État, à avoir eu maille à partir avec la justice ?
Parmi les plus illustres : Giscard, Nucci, Balladur, Woerth, Sarkozy, Chirac, Coppé, Fillon, Juppé, Cahuzac, … Liste non exhaustive. En réalité, les politiques guadeloupéens sont même de ce point de vue, plus « clean » » que les ministres et présidents français, souvent épinglés dans des affaires politico-financières.
Pour déstabiliser et « soumettre » la classe politique, Gustin et les procureurs n’ont pas trop de mal à « réchauffer » pour les (re) mettre au goût du jour, certains dossiers. LMC, Penchard, Chalus. ; Mathiasin, Bangou sont visés… Et ce n’est sans doute pas fini !
Pour ce faire, Gustin qui est très médiaphage, fait de la com son arme favorite.
Avez-vous remarqué comment le néo gouverneur est omni présent à la télé (ETV, Canal 10, Guadeloupe 1ère, mais aussi dans la presse écrite (FA, Nouvelle Semaine) et à la radio (RCI, Guadeloupe 1ère ? L’hyper préfet est au quotidien hyper visible et partout.
Quel préfet, avant Gustin, a eu, en si peu de temps, une exposition médiatique aussi intense ?
En fait, c’est une déclinaison en Guadeloupe de la méthode médiatique Macron. Ce dernier, depuis qu’il a accédé dans son pays à la fonction suprême, a battu tous les records de visibilité à la Une des magazines français.
« Les quotidiens Libération, l’Obs., le Monde et l’Express totalisent plus de 8,000 articles évoquant Emmanuel Macron de janvier 2015 à janvier 2017 »
Même si l’action gustinienne est souvent conforme aux directives reçues, à quelques mois des élections municipales, alors que le pouvoir macronien a encore un peu de mal avec les gilets jaunes, il convient de calmer le jeu et de demander à Gustin de « mettre la pédale douce ». !
Quoiqu’on dise, l’opération Coriolan / Mathiasin contre les 100 radars-tourelles a tout de même un peu fragilisé Gustin.
Alors, à l’occasion du récent Congrès des maires, le pouvoir central français a eu le sentiment d’un ras le bol d’élus Guadeloupéens qui ont ouvert leurs bouches et fait remonter l’info d’un Gustin trop remuant.
La garde à vue de Chalus a sans doute, dit-on, été la petite goutte d’eau ou le faux pas de trop de Gustin.
Alors le Gustin partira ? Partira pas ?
Rien n’est encore vraiment décidé, mais on sait de bonne source que deux autres préfets plus « calmes » ont été contactés. L’un d’entre eux pourrait, si besoin, succéder au néo gouverneur.
Désormais, chaque mercredi, Gustin est à l’écoute du Conseil des ministres français et de la décision qui pourrait lui demander de prendre son billet retour.
C’est vrai que depuis la fin du Congrès des maires, l’hyper préfet, se fait un peu plus discret. Mais jusqu’à quand ?
Rêvons un peu. Peut-être qu’un jour proche ( ou lointain ? ) nous aurons à célébrer le départ du dernier Préfet de notre pays. A cet instant qui risque d’être historique, nous aurons fait un premier grand pas