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Mon Carnet de voyage au Cameroun : Culture, Mémoire et Biguine

Mon Carnet de voyage au Cameroun : Culture, Mémoire et Biguine

par Winny Kaona

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Yaoundé ( Cameroun) Jeudi 10 juillet 2025. CCN 

Je viens de la Guadeloupe, mais mon  cœur bat aussi pour l’Afrique. Artiste engagée, ambassadrice de la biguine et porte-voix des mémoires afro-caribéennes, j’étais au Cameroun dans le cadre du 2ème Congrès de Reconnexion des Afrodescendants. Carnet d’un beau voyage, hélas, très mal organisé.

12 Juin, Douala, la plus grande ville, principal centre économique du Cameroun, bat au rythme des « Tambours d’Accueil ».  Soudain, une voix ancestrale s’élève pour l’ouverture officielle du 2 Congrès International de Reconnexion des Afrodescendants.  Du 12 au 20 juin 2025, des délégations venues d’Afrique, d’Amérique, des Caraïbes et particulièrement de la Guadeloupe ont répondu à ce rendez-vous mémoriel.  Le Mbombog (Chef traditionnel) Badjang Badjang Richard, un des gardiens des valeurs traditionnelles du Cameroun, a adressé ses salutations à tous les Afrodescendants. Winny Kaona, Ambassadrice de la Biguine, autrice, chanteuse et marraine du Congrès introduit son discours par un texte d’Henri Jean-Louis Baghio’o Premier Guadeloupéen Panafricain Anticolonialiste, unanimement salué par l’assemblée.  –  (1) « Humanité » Réponse à Hitler et aux Nazis sur l’égalité des Races Humaines, les Nègres, les Juifs et les Colonies – Auteure Winny Kaona – Editions ADMT 2021

1/ Une organisation bancale et un non-respect des engagements

Toutefois, nous ne pouvons que déplorer une défaillance majeure dans l’organisation de cette manifestation d’envergure, qui a souffert de l’absence de Communication » – essentiellement basée sur les réseaux sociaux,  -largement suffisante  selon la présidente internationale Patricia Secke-,  faisant ainsi abstraction de tout support médiatique indispensable pour couvrir un tel évènement.  

En résumé, un déficit total de la fréquentation enregistré à plusieurs   niveaux :   

le lieu d’implantation des  stands « Maison de la Guadeloupe », « Mission  Médicale et Coopération Cameroun Action Santé – The Lucas Nana Action Health »  de Floride. L’hébergement des musiciens venant de Yaoundé, ou la  location d’un studio de répétition et de sonorisation intégrale de l’orchestre The Kemit 7  avaient été comme oubliés. Bien que prévus, le défraiement des mannequins-maquilleurs-coiffeurs, per-diem ont été aussi absents. Ce qui explique une absence de réservations pour les dîners de Gala qui étaient théoriquement censés assurer  le cachet des artistes ,hélas. Mais il y a eu quand même en toile de fond, un programme d’animation de très haute facture. En fait, s’il y a eu toutes  ces tensions, c’est tout simplement   parce que les organisateurs n’ont  à aucun moment de l’événement respectés et honorés les engagements initiaux. Une fois ces choses dites, Parlons de ce que nous avons vu et vécu. 

2/ Winny Kaona & Ruben Binam créent l’Afro Biguine

Entre Douala et Yaoundé j’ai eu l’opportunité de partager la scène avec le groupe « The Kemit 7 Collective « à l’Aquarius Marina 2000 et au Centre Culturel Ubuntu, un espace qui résonne le panafricanisme. (https://youtu.be/iDJKgbsfGBw). Aussi, plongée dans mon univers, là où les rythmes gwadloupéyens, la Biguine, rencontrent les échos ancestraux de l’Afrique,  ce fut  pour moi un vrai bonheur.  

Sous la direction de Ruben Binam, 2 jours de répétitions riches d’un répertoire de 19 chansons ont permis à 12 talentueux jeunes musiciens d’accompagner avec respect, bienveillance, rigueur et professionnalisme, l’ambassadrice de la biguine guadeloupéenne. Ce voyage musical entre deux continents, une « reconnexion » qui a donné naissance à un nouveau rythme, depuis baptisé Afro-Biguine ». Rendez-vous très prochainement sur youtube.   

Sur une partition musicale- historique : « Le Bal Nègre de la Rue Blomet », Winny Kaona,  Ruben BIinam et  « The Kemit 7 Collective », ont fait vibrer la salle dans une ambiance de célébration.  S’en est suivie une présentation inédite et poétique de Winny kaona empruntée au  « Mega Fashion Show afro-caribéen » orchestré par la chevronnée styliste « Windy’s Créations »,  avec  « Donatela Créations « et « Afrokrema » du Cameroun.  Ainsi,  le Congrès s’est clôturé par un Gala alliant culture, art, gastronomie sur des pas de Biguines  (https://youtube.com/watch?v=N4JbaP5hU9g&feature=shared).

3/ Immersion Mémorielle : BIMBIA

Organisée en partenariat avec l’Association camerounaise « Trans Ocean Slavery Roads Restitution », la visite du site historique de Bimbia a été l’un des moments les plus forts et les plus émouvants du Congrès. La Famille autochtone Njalla Quan, Luma Nseke Diboti et le Maire de la commune de Limbé 3, ont accueilli avec emphase les afrodescendants venus d’horizons divers.  Alors posons-nous un instant et laissons-nous conter l’histoire d’un peuple.

« Une histoire qui a débuté il y a environ 500 ans.  En 1619, arrivé sur les côtes américaines, un bateau chargé de nos ancêtres. Des hommes, des femmes, des enfants robustes d’Afrique. De Bimbia, le ventre de l’Afrique s’est vidé. Bimbia c’est au Cameroun. Une histoire tragique restée longtemps muette. Depuis les côtes du Cameroun, partaient nos ancêtres sur des pierres qu’eux-mêmes, posaient à partir de la « Porte de non-retour » de Bimbia,  pour atteindre l’île Nicole, nom donné par un capitaine de bateau appelé Nicolas ». 

Dimanche 15 Juin, dès 6 heures du matin, la délégation AFP Guadeloupe s’en est allée à la découverte de « Notre Histoire » inconnue.    

Nb –  2019 déclarée l’année du Retour – 14/17 Avril 2025 Déclaration officielle des Femmes Performantes au Forum Permanent des Nations-Unies pour les Afrodes-cendants.

4/ Des  ports négriers du Cameroun à la Maison de la Gwadloup

Forte d’initiatives personnelles, ce voyage au Cameroun, m’aura permis de rencontrer d’éminentes personnalités : 

  • Le Prince Bélé Bélé KUM’A NDUMBE III,  Professeur émérite des Universités – Président de la Fondation  AfricAvenir International – Directeur des Éditions AfricAvenir qui m’a reçu dans sa résidence (Route de Bonavérie-  Douala). Son ouvrage « Tu ne diras plus que tu ne savais pas » désigne le tableau de tous les ports négriers. Ainsi, contrairement aux informations reçues, Bimbia n’est pas le plus important port négrier ; il compte seulement 2 393 déportés, comparée à  Douala River avec 30.286   et  Wouri River  10.244.
  • Après la visite du site de mémoire des vestiges de l’esclavage qui a déporté des milliers de camerounais et africains, la délégation AFPG a été accueillie par l’honorable Chief SAMUEL EPUPA EKUM Chef de Dikolo.  Monette Alidor, cheffe de la délégation de Guadeloupe, a exprimé le souhait de créer une Maison de la Guadeloupe à Bimbia, de développer des jumelages entre Bimbia et les communes de Sainte Rose et Petit-Bourg (Guadeloupe). 
  • Mbombog  SOMUT BADJANG BA BADJANG, Très haut guide spirituel et régulateur social et cosmique qui a assisté à la dernière conférence donnée par Nioussérê Kalala Omotunde, au Centre Culturel Ubuntu (Yaoudé), avant son retour en Guadeloupe (dcd le 14 Nov. 2022 – 55 ans).
  • Dr.James Ébongué, Chirurgien, Président de l’Association ASSMIR Cameroun, et Président d’honneur de « Transoceans Slavery Roads Restitutions Cameroon ».
  • Henri Paul DIABATE MANDEN, Journaliste au sein du Groupe Canal 2 International (TV et radio). Enseignant de sociologie historique à l’Université et Grandes Ecoles. Ecrivain et surtout amateur de biographies de personnages historiques Africains. Il a été très impressionné par mon ouvrage dédié à Henri Jean-Louis Baghio’o, (magistrat iconoclaste muté en Afrique). A son sujet, il écrit : 

« Qui connaît Henri Jean-Louis, l’avocat noir venu des Antilles qui sera le conseiller juridique de Ngondo devant La Société des Nations (SDN)  pour la fin du régime du mandat en 1930 ? C’est grâce à une écrivaine incroyable, Madame Winny Kaona, originaire de la Guadeloupe venue au Kamerun, en terre d’Afrique, que j’ai appris l’histoire palpitante de cet homme au destin incroyable, qui doit être enseignée dans tous les collèges et lycées africains »

5/ Cameroun : Une Mosaïque ethnique et linguistique

Surnommé « l’Afrique en miniature », le Cameroun est un véritable joyau de l’Afrique centrale. Rio dos Camarões Rivière des Crevettes- en portugais d’où le Cameroun semble tenir son nom, abrite plus de 280 ethnies. Les Bamiléké, les Fang Beti et les  Peuls occupent une place importante.  Bien que les deux langues officielles soient le français et l’anglais, on dénombre environ 280 langues et dialectes dans le pays, allant du Fulfuldé (langue peule) aux langues bantoues parlées dans le sud. Les premiers habitants du territoire de l’actuel Cameroun son des nomades pygmées  appelés  « chasseurs-cueilleurs Baka ».    Mes coups de cœur  : « La nouvelle liberté de Douala » impressionnante statue de 12 m de haut et 8 tonnes, fait avec des objets de récupération,  qui traduit l’esprit des habitants de cette ville qui vivent de débrouillardise ; à Yaoundé, le « Monument de la Réunification », symbolisant la cohésion nationale.  

 6/ Ah ! La cuisine camerounaise !

Mélange exquis d’histoire, de culture et de saveurs. Je garde en mémoire ces petits déjeuners Bio,  une trilogie gourmande : beignets-haricots rouges-bouillie à base de farine de maïs. Quant aux Jus Ananas/Gingembre, Bissap ou Foléré…on en redemande. Chaque plat, de l’iconique « Ndolé » agrémenté d’écrevisses, poisson braisé au feu de bois ou viande, le « Eru »,ou le Okok » fait de pulpe de noix de palme, le « Miando » à base de maniocle « Sanga »… une célébration de la diversité du pays. Ces plats ne sont pas seulement délicieux, ils sont une expression de l’histoire et des traditions camerounaises.

7/ La Musique et la Danse au Cameroun 

La musique, ambassadrice culturelle d’excellence, occupe une place centrale dans la vie quotidienne des Camerounais, racontant l’histoire et les valeurs du Cameroun à travers le monde. Un héritage culturel certes, mais aussi un moyen de connecter les Camerounais à leurs racines. Ces traditions musicales, en se perpétuant, renforcent le sentiment d’identité nationale et l’unité culturelle. Ainsi, le « Makossa » et le « Bikutsi », ont su s’exporter au-delà des frontières camerounaises. Des artistes comme Manu Dibango, avec son célèbre morceau « Soul Makossa », ou encore Richard Bona, ont contribué à faire rayonner la culture musicale du Cameroun sur la scène internationale.


W.K

4 réflexions sur “Mon Carnet de voyage au Cameroun : Culture, Mémoire et Biguine”

  1. Stéphane ETINGUE OMBASSA

    Merci maman Winny pour ce voyage. Tu es une valeur qui nous donne le courage de croire en nos convictions et à nos origines.

  2. Magnifiquement documenté! C’est comme si on y était . Merci d’écrire un article aussi vivant pour la mémoire et aussi plein de cœur . Vous avez assuré votre mission malgré un manque cruel d’organisation en fond de scène.

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