Rien n’arrive par hasard. À quelques semaines des élections régionales, souvent considérées comme majeures dans le cadre colonial, les Guadeloupéens ont assisté pratiquement en “live” à l’interpellation de 3 figures majeures de la vie politique du pays. D’abord le 5 mai la présidente du CD, interrogée puis gardée à vue pour « prise illégale d’intérêt » dans le recrutement d’une secrétaire de direction de l’office de l’eau. Puis une semaine après le 12 mai, ce fut au tour d’Ary Chalus, président du Conseil Régional d’être à son tour » convoqué » à la DZPJ et d’être gardé à vue près de 48 h.
Et enfin le 3 juin, Eric Jalton, maire des Abymes, aussi président de la plus importante communauté d’Agglo, Cap Excellence était convoqué et lui aussi gardé à vue puis mis en examen et soumis à un contrôle policier.
Les interpellations de ces 3 personnalités politiques de 1er plan, très largement médiatisées et commentées sur les réseaux sociaux ne peuvent en aucun cas laisser indifférents les électeurs qui avaient prévu de s’exprimer les 20 et 27 juin prochains, à l’occasion des joutes électorales.
Je dis bien qui « avaient prévu » de participer à ces élections. Car il semble clair que cette série de « démêlés » politico-judiciaires des figures de proue de la classe politique n’incite en rien au vote. Car sur le fond, quand on prend le temps d’essayer de comprendre ce qui se passe, on s’aperçoit que ces tracasseries policières, menées tambour battant, et relayées par les journalistes bien aux ordres du pouvoir colonial n’ont qu’un seul but, discréditer dans son ensemble la classe politique.
Il ne s’agit pas pour ici nous de vouloir « laver » les « convoqués » de tout soupçon, c’est à la justice coloniale de « faire son job », car nous ne sommes pas des supplétifs. Mais force est d’admettre que ces « interpellations » causent problème ,interpellent et ne sont donc pas des faits isolés. Il y a là comme un désir sous-jacent de vouloir flécher l’électorat dans une direction.
On se doit de se poser la question : Mais à qui tout cela profite-t-il ? À la sortie de sa garde à vue prolongée, les juges et policiers ont tous laissé entrevoir que ce n’était qu’un début, et qu’Ary Chalus pourrait être à nouveau « embêté ». Peu avant , le local d’Alliance Baie-Mahaultienne, le mouvement politique de Chalus avait été perquisitionné, des documents emportés et le trésorier « auditionné » par les flics…
Le maire de Morne à l’eau, Jean Bardail, moins médiatique que Chalus et Borel a lui aussi été “entendu”…
Outre cela, Marie-Luce Penchard, seconde sur la liste du GUSR a elle-même annoncé sur les réseaux sociaux, qu’au mois de septembre prochain, elle serait devant les juges.
C’est donc dans un climat, pour le moins suspicieux, que vont se dérouler les élections.
Nul besoin, d’être prophète pour prédire que les lecteurs sollicités par les 12 listes, auront bien du mal à vouloir participer au vote
Pourquoi ?
Car, outre la pandémie, les gestes barrières , la peur de la contamination , le facteur défiance, vis-à-vis de la classe politique, reste d’actualité. Précédemment, tous les récents sondages publiés par Qualistat ont indiqué que cette absence de confiance (34% en Nov 2020 ) envers la classe politique est une donnée récurrente.Les guadeloupéens ne font guère confiance à leurs »politiques »
Si les « grandes figures » de la classe politique, n’inspirent que de la défiance , cette campagne a tout de même généré de grandes nouveautés. Ainsi, la liste « NOU » drapeau patriotique déployé, déjà très présente sur tous les réseaux sociaux mais surtout porteuse d’un discours novateur et crédible, n’est en rien concernée par les problèmes de corruption. Les « NOUistes » pourraient donc au soir du 20 juin figurer en bonne place. Pourront-ils dépasser la barre des 5 %, c’est de notre point de vue presqu’une certitude. davwa yo ni sa ki fo abô !
L’autre » nouveauté » une liste située à l’extrême droite de l’échiquier et qui relaie ici les idées lepénistes, pourrait et ce ne sera pas une surprise, conforter la position du FN chez nous. Il est certain que Pirbakas, compte à la fois sur un vote- qu’elle veut communautariste- celui d’une frange d’indo-guadeloupéens mal informés, et aussi fédérer le vote de tous ces Français néo-colonsnet résidents qui ne souhaitent qu’une chose que la Gwadloup demeure dans le giron de la France coloniale. Ces Français néo- colons résidents et installés , n’hésiteront pas un seul instant à venir conforter la liste Pirbakas.
C’est pour eux , une manière pragmatique de pérenniser la présence française dans notre pays: une Gwadloup où « l’envahissement » progresse silencieusement alors que notre jeunesse est contrainte à l’exil et que le vieillissement de notre peuple s’accélère : tansyon !
On comprend alors, cette volonté manifeste du pouvoir colonial de “noircir” au maximum la classe politique traditionnelle et de permettre ainsi au FN d’occuper la place de la Droite française, qui n’est plus que résiduelle. (Sonia Petro qui a confirmé son ancrage à Droite pour cette élection, demeure très lucide sur ses « chances » d’être présidente de Région.)
Mais le pouvoir colonial au travers de ses calculs machiavéliques, n’avait aucunement pensé à l’option néo patriotique des « NOUistes ». Le « Capitaine » Wonal Selbonne se voit donc investi d’une mission salvatrice pour les citoyens-électeurs : faire barrage dès le 1er tour aux lepénistes et consorts, camouflés derrière la liste Pirbakas…
Tout de même, la grande inconnue reste cependant l’attitude des citoyens électeurs ? Ont-ils vraiment dans ce contexte si particulier l’envie d’aller aux urnes le 20 juin ?L’abstention, sera-t-elle cette fois encore la gagnante ?