La Havane. Mercredi 27 novembre 2019. CCN. Trois jours durant, une délégation guadeloupéenne composée de patriotes anticolonialistes et souverainistes a participé? à la Rencontre internationale contre l’impérialisme, le néolibéralisme et pour la démocratie.
Malgré? l’embargo étatsunien, en particulier sur le pétrole, mettant en péril la compagnie Cubana Airlines, obligée de supprimer des vols et de trouver des solutions alternatives pour leurs passagers (3 des 5 membres de notre délégation sont arrivés avec 2 jours de retard), ce fut sans nul doute, un véritable succès pour plusieurs raisons objectives.
S’agissant de la participation : il a été décompté plus de 1300 délégués répartis dans plus de 700 organisations provenant de 86 pays du continent américain, de l’Asie, l’Afrique et l’Europe. L’embargo n’a pas freiné la volonté des délégations de participer à cette rencontre internationale, bien au contraire. Il a renforcé leur détermination à y répondre présent.
S’agissant de l’accueil : l’Institut Cubain pour l’Amitié entre les Peuples a organisé, moyennant paiement bien entendu en moyenne 4 jours d’hébergement, de repas et de transport pour l’ensemble des délégations. Une efficacité saluée malgré un nombre de participants plus important que prévu.
S’agissant des activités : les plénières et les ateliers ont à chaque fois été victimes de leur succès et la soirée rencontre dans une comunidad (un quartier) fut une très belle surprise et un vrai moment de rencontre festive avec une partie des habitants de la Havane, où, environ 4 à 5 000 personnes au bas mot ont assisté à des prises de parole, de la vidéoprojection et des interventions musicales.
Mais, au-delà de ces chiffres imposants, la véritable réussite réside bien davantage dans ces formidables élans et réseaux de solidarité internationale contre l’embargo étatsunien, l’impérialisme, le néolibéralisme, le néocolonialisme, la corruption, et pour plus de démocratie et de justice sociale, qui émanaient des échanges extrêmement argumentés et de très grandes qualités.
Pourtant, en toute franchise, je n’étais pas convaincu de l’intérêt immédiat de participer à cette rencontre à Cuba, à ce moment particulier où les organisations patriotiques (COPAGUA, FKNG, KSG, PCG, UPLG, Les Amis de Cuba) ont décidé, après tant d’années depuis l’échec en 2014 du FPAC (Front Patriotique Anticolonialiste), de reconstituer, à l’initiative du « Kolèktif Doubout pou Gwadloup », une unité dans l’action. Cette unité, encore fragile, est en marche par choix, par nécessité, par obligation de sortir notre pays du système néocolonial français qui nous conduit vers de plus en plus de dépendance et d’assimilation. Je croyais, à tort, mais dans une certaine logique de pensée, qu’il fallait d’abord nécessairement renforcer cette unité dans le pays entre toutes les organisations patriotiques et anticolonialistes guadeloupéennes avant de rechercher la solidarité internationale envers notre cause légitime de décolonisation, de liberté et de souveraineté. Je le crois toujours, mais l’expérience de Cuba m’a enseigné que les deux actions peuvent se conduire en parallèle, l’un nourrissant l’autre des réflexions extérieures et intérieures et des avancées obtenues par les uns, pour les autres.
Fort heureusement donc, sous l’impulsion de l’association Les Amis de Cuba, représentée par Gaston Gontour, un précieux militant guadeloupéen de longue date, convaincu depuis de nombreuses années que la solidarité internationale est une clef essentielle à la victoire des anti-impérialistes, notre délégation s’est constituée et nous nous y sommes rendus pour affirmer notre opposition ferme au blocus unilatéral étatsunien et réclamer son arrêt après 60 ans d’embargo ; affirmer notre solidarité envers tous les peuples en lutte de la terre convaincus comme nous le sommes qu’un autre monde est possible ; partager avec tant d’autres la situation critique dans laquelle se trouve notre pays ; et enfin de réclamer, à notre tour, une solidarité envers notre pays Gwadloup. Nous avons, dans une unité de réflexion et d’action, porté une parole guadeloupéenne, avec une intervention qui a marqué les esprits, par sa justesse et son émotion.
Mieux encore, le sentiment caribéen et américain nous a submergé. Entendre tous les témoignages et les actions de solidarité qui ont émergés de 3 jours d’intenses discussions avec des résolutions et engagements forts pris à l’issue de la rencontre fut un vrai bol d’air, une bouffée d’énergie qui a renforcé notre détermination de militants patriotiques, anticolonialistes et souverainistes.
Nous avons entamé, en particulier, des discussions bilatérales avec les délégations Portoricaine et Québécoise, toutes deux en lutte pour sortir des griffes du colonialisme étatsunien pour l’une, canadien, pour l’autre. Que de similitudes dans la réflexion et dans les situations de chaque territoire ! Promesses de futures rencontres et de solidarité de lutte !! C’est là que réside tout l’enjeu de notre voyage : internationaliser notre combat, sortir de cette relation concentrique avec la France. Faire appel à l’opinion internationale, penser la solidarité et rapprocher les peuples de l’espace caribéen et plus largement du continent américain, en particulier notre jeunesse, tout en consolidant notre unité dans l’action et en travaillant pour un projet guadeloupéen de décolonisation, d’émancipation, de souveraineté, de progrès et de justice sociale, dans le respect de notre environnement.
Telles sont les premières conclusions tirées du voyage fondamental à Cuba, pays phare du continent américain dans la lutte contre l’impérialisme.
Toni Mango,
Kolèktif Doubout Pou Gwadloup