Marigot-Sxm. Mercredi 27 novembre 2019.CCN. Daniel Gibbs, le président de la COM de Saint Martin est en pleine tourmente. Après avoir été gardé vue, en octobre dernier et interrogé par la police judiciaire avec 2 autres de ses vice-présidentes, Valérie Damasseau et Annick Pétrus, ils seront tous trois prochainement convoqués devant le tribunal correctionnel. Cette info n’est pas qu’anecdotique. Elle a été très largement commentée par les médias de la « friendly island ». Très secoué par cette « affaire » et. Pour tenter, de sauver ce qui peut encore l’être de son intégrité (ils bénéficient tous de la présomption d’innocence) le président de la com, a publié ce plaidoyer pro domo.
Sur le fond, toute la lumière sera bientôt faite. L’enquête qui a débuté il y a de cela quelques mois a beaucoup progressé. En lisant attentivement, la déclaration de Daniel Gibbs que CCN publie, ci-dessous, la tonalité n’est pas celle d’une totale innocence. Car tout en dénonçant la diffusion dans les médias des documents liés à l’affaire, le président de la com, précise qu’il n’y a pas eu « d’enrichissement personnel ». Question : la bande des 3 sortira-t-elle intacte de cette affaire ?
Je vous parle aujourd’hui solennellement car personne ne le fera à ma place. D’autres se sont chargés de s’exprimer dans la presse sur des sujets qui nous concernent. Dans la suite de la procédure qui a débuté le 10 octobre dernier par une garde à vue que rien ne justifiait, si ce n’est la volonté d’humilier en saisissant la presse, je suis convoqué devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin, avec mes deux vice-présidentes Valérie Damaseau et Annick Pétrus, pour des faits présumés de « favoritisme ».
Après avis de mon avocat, je souhaite vous faire part de mon ressenti. Je veux être clair avec vous car les mots sont importants, la désinformation est dangereuse : aucun de nous trois, élus de Saint-Martin, n’est accusé d’enrichissement personnel, comme certains se plaisent à le répandre.
Les termes utilisés doivent être précis et la présomption d’innocence doit prévaloir comme pour TOUS les citoyens de ce pays.
Je constate par ailleurs que les déclarations par voie de presse émanant manifestement de milieux très proches de l’enquête, et qui devraient être tenus au devoir de réserve, nous condamnent déjà !
Où est la neutralité de notre Justice ?
La quête du sensationnel, l’atteinte à notre honneur… n’honorent personne. Et je fais confiance au juge du siège pour apprécier, en toute objectivité, les faits qui nous sont reprochés, dans les circonstances très particulières que nous avons hélas subies.
Il est nécessaire de resituer le contexte :
Je suis élu le 2 avril 2017 et porte le poids de mauvaises gestions de 10 ans de mandatures précédentes. 4 mois plus tard, le 6 septembre 2017… IRMA !
Et à partir de cette date, le seul but de mon équipe est de protéger des populations largement éprouvées et abandonnées.
Notre territoire est alors passé en période d’urgence impérieuse. Ce qui signifie que notre collectivité est alors autorisée à passer des commandes urgentes à des entreprises en capacité de fonctionner, de gré à gré.
Je vous rappelle que passer un marché pour distribuer notamment les dons alimentaires après Irma aurait pris 6 mois, ce qui est impensable en période de crise !
Fallait-il attendre 6 mois pour distribuer ces dons ?
Fallait-il attendre 6 mois pour déblayer les routes ?
Fallait-il attendre 6 pour fournir de l’essence aux secours ?…
Alors je demande :
Qu’aurait-il fallu faire dans le contexte dégradé que nous connaissions ?
Et bien chers amis, imaginez-vous qu’il y a à peine 3 mois, c’est à dire le 19 août 2019, j’apprends par la Préfecture de Guadeloupe que le 9 octobre 2017, soit un mois après Irma, Saint-Martin et les saint-martinois étaient déjà sortis de l’urgence impérieuse !
À cette date, vous l’avez vécu, nous étions en plein chaos, et le Président de la République lui-même indiquait qu’il fallait « bousculer les procédures » !
Trouvez-vous normal que cette date de fin soit arrêtée 2 ans après Irma.
Vous l’avez compris : la date de fin de l’urgence impérieuse est un point crucial de cette affaire.
Je laisse à votre réflexion critique ce point de comparaison :
L’incendie de la cathédrale notre dame de Paris a été jugé si catastrophique que 6 mois d’urgence impérieuse ont été fixés par la préfecture…
Pour Saint-Martin, après Irma, la plus grande catastrophe naturelle de notre pays : 1 mois !
Ceux qui nous condamnent trop vite, aujourd’hui, n’étaient manifestement pas à Saint-Martin le 6 septembre 2017…
Ils n’ont pas vécu l’immense désolation laissée par IRMA, ni les cas d’urgence absolue et les pressions de toutes parts pour régler des situations humaines.
Ceux qui ont vécu ces situations de chaos ne les ont pas oubliées…
Nous savons ce que nous avons traversé ensemble.
Alors oui, nous avons pris des décisions dans l’urgence où le juridisme n’était pas le 1er souci des habitants sinistrés et traumatisés.
Gardons à l’esprit l’état de vulnérabilité, voire de danger, dans lequel se trouvaient certaines personnes qu’il a fallu aider.
60% de personnes non assurées, je le rappelle.
Je pose la question : qui allait remettre les tôles sur les toits des plus vulnérables ?
Comment certains peuvent oublier notre détermination, depuis 2017 à engager une nécessaire réforme de notre administration ?
Rappelez-vous !
Nous en avons encore payé le prix fort en début d’année avec une grève de 4 mois !
La politique demande du courage et des décisions parfois impopulaires.
J’ai toujours dit que nous appliquerions les préconisations de la Chambre territoriale des comptes dans son rapport de 2007-2016 et nous le faisons.
Aujourd’hui, on veut me faire payer les manquements des autorités de l’époque… y compris ceux de l’État !
Pourtant, notre mandature est la première à s’attaquer au fond du problème et c’est aussi celle qui est trainée en justice. J’en prends acte !
Chers concitoyens,
Voilà quelques-uns des éléments que je voulais partager avec vous pour clarifier les déclarations approximatives et les commentaires mensongers sur notre compte et celui de la Collectivité de Saint-Martin.
Nous avons parfois le sentiment qu’en tant que Saint-Martinois, nous sommes seuls contre tous, que rien ne nous est épargné, mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.
Merci de votre solidarité et de votre présence à nos côtés. ».