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Deux Saintannais au Clark Art Institute

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Deux saintannais au Clark Art Institute

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Williamstown. Vendredi 11 octobre 2024. CCN. Depuis le 15 juin 2024, le Clark Art Institute de Williamstown, Massachusetts, accueille la plus grande exposition individuelle jamais consacrée au peintre guadeloupéen d’origine saintanaise, Guillaume Guillon-Lethière. L’exposition, qui se poursuivra jusqu’au 14 octobre, voyagera ensuite au Musée du Louvre à Paris du 13 novembre 2024 au 17 février 2025.

Richard-Viktor Sainsily Cayol, artiste visuel guadeloupéen, d’origine saintanaise, nous partage son expérience et ses réflexions à la suite de son voyage aux États-Unis, où il a pris part à un symposium en hommage à Guillaume Guillon-Lethière, un peintre néoclassique d’origine guadeloupéenne saintanaise. Au-delà de sa participation à cet événement au Clark Art Institute, l’artiste nous entraîne dans une réflexion profonde sur le rôle de Lethière dans l’histoire de l’art, et sur l’importance de redécouvrir l’œuvre de cet artiste longtemps marginalisé.

Un voyage aux sources de l’oubli : Le chaînon manquant entre Classicisme et Romantisme. (Richard-Viktor Sainsily Cayol).

Guillaume Guillon-Lethière, né à Sainte-Anne en 1760, est un peintre néoclassique dont le parcours prestigieux l’a mené à travers la France, l’Italie, l’Espagne et d’autres pays européens, jusqu’aux États-Unis. Malgré ce succès fulgurant, son œuvre sombre dans l’oubli après sa mort, effacée des références artistiques pendant près de deux siècles. Ce n’est que grâce au travail de Florent Laballe, alors responsable du service audiovisuel du Louvre, et de Geneviève Madec Capy, doctorante en histoire de l’art, que Lethière réapparaît dans l’histoire de l’art de la fin du XXe siècle.

Rival de Jacques-Louis David, le peintre néoclassique de Napoléon, Lethière a également marqué de son empreinte l’Académie Royale à Rome, où il fut directeur pendant deux mandats. Pourtant, malgré ses accomplissements, il demeure méconnu et marginalisé, éclipsé par ses pairs, notamment à cause de son métissage, sa « mulatritude ».

1. L’Exposition et ses Enjeux

L’exposition Guillaume Lethière, co-organisée par le Clark Art Institute et le Musée du Louvre, représente une étape fondamentale dans la reconnaissance de cet artiste injustement oublié. Le travail d’Olivier Meslay Directeur de Hardimon et Esther Bell, conservatrice en chef du Clark Art Institute, assistés de Sophie Kerwin et Marie-Pierre Salé, a rassemblé des œuvres emblématiques de Lethière, issues de collections privées et publiques, ainsi que des pièces d’artistes ayant partagé avec lui des moments de création.

Ce projet a vu le jour grâce à un soutien financier majeur, dont celui de la Fondation Ford, de la Fondation Mellon et du National Endowment for the Humanities. Cette reconnaissance est à la hauteur des aspirations de Lethière à transcender les barrières raciales de son temps, offrant une rétrospective incontournable sur son œuvre.

2. Un Symposium en Hommage à Lethière

Le symposium tenu à Williamstown m’a permis de démontrer, à travers des analyses comparatives menées sur plus de quinze ans, que Lethière représente le chaînon manquant entre le classicisme et le romantisme. Son effacement des musées et des manuels d’histoire de l’art, notamment en France, est lié à des considérations raciales. C’est en tant qu’artiste visuel guadeloupéen, pratiquant la recherche esthétique depuis 2004 au sein du Centre d’Études et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques (CEREAP), et passionné par l’histoire de Lethière depuis ma découverte des travaux de Geneviève Madec Capy en 1995, que j’ai été invité à participer à ce symposium. Je tiens à remercier Laurella Yssap Rinçon pour m’avoir mis en contact avec Olivier Meslay et Esther Bell.

Déjà en 2018, j’avais eu l’honneur de représenter la Guadeloupe au RISD Museum de Providence, Rhode Island. Lors de cet événement, j’avais présenté une analyse critique de l’œuvre de Lethière, La Mort de Virginie, appartenant à la collection du musée. Ce moment crucial avait été rendu possible grâce à Willy Rosier, alors directeur de l’Office du tourisme des îles de Guadeloupe.

Deux saintannais au Clark Art Institute

3. Conférences

Titre de ma contribution : « Du Néoclassicisme au Préromantisme, Lethière, le chaînon manquant ? ».

Ma présentation » a exploré les contributions décisives de Lethière à ces courants artistiques, tout en soulevant les questions sur la marginalisation historique dont il a été victime. À travers un diaporama richement illustré, j’ai retracé le parcours de cet artiste, depuis sa jeunesse en Guadeloupe jusqu’à sa carrière en France, en passant par son rôle de directeur de l’Académie française à Rome.

J’ai aussi proposé une analyse de l’œuvre emblématique de Lethière, Le Serment des ancêtres, qui a été particulièrement mise en lumière. Ce tableau, à la fois subversif et profondément politique, se distingue non seulement par son style mais aussi par son sujet. Il s’agissait pour moi de démontrer en quoi elle fut pour Lethière l’expression d’un acte de réparation historique, une manière de revendiquer son identité et de célébrer les héros de l’indépendance haïtienne. Mais possiblement un clin d’œil à son île, aux rebelles qui se sont sacrifiéS à Matouba, plutôt que de retourner aux fers et aux conditions de l’esclavage rétablit par Napoléon BONAPARTE. Il marque un point de convergence entre son art et son engagement idéologique, anticipant ainsi le romantisme tout en se nourrissant des influences classiques.

Cet événement a attiré un grand nombre de visiteurs, et les échanges entre le public et les conférenciers étaient particulièrement riches. Pour ma part, c’était l’occasion d’apporter un point de vue différent, celui d’un Guadeloupéen sur l’œuvre d’un compatriote injustement écarté de l’histoire. Mais au-delà de cette perspective, il s’agissait surtout de créer un lien avec les historiens et chercheurs américains, dont beaucoup partagent une véritable passion pour Lethière et œuvrent depuis des années à la valorisation de son travail.

Ce symposium constituait également une occasion idéale de promouvoir le tourisme mémoriel en Guadeloupe. Il est regrettable que nos institutions, qu’il s’agisse des collectivités locales ou des chambres consulaires, aient été absentes d’un événement d’une telle importance. Guillaume Lethière, figure incontournable de notre patrimoine historique et culturel, aurait pu servir de levier pour accroître l’attractivité de notre territoire. Sa redécouverte offre en effet un potentiel stratégique pour valoriser nos richesses auprès d’un public international souvent difficile à capter.

Deux saintannais au Clark Art Institute

1 réflexion sur “Deux Saintannais au Clark Art Institute”

  1. Halley Jean-Claude

    Félicitation à Richard-Viktor Sainsily Cayol. Habitant pas loin de VIZILLE, Je me suis permis de prendre contact avec Mme Véronique DESPINE du Musée de la révolution, pensant pouvoir admirer l’œuvre de notre eminant compatriote. En fait le tableau en question : la patrie en danger à été prêté aux Américains pour l’exposition dont CCN parle si bien. Monsieur Richard-Viktor Sainsily Cayol pourra sans doute confirmer. Madame Despine a bien voulu mettre à ma disposition l’ensemble des documents dont elle dispose s’agissant de Guillaume Guillon-Lethière. J’ai pu feuilleter l’extraordinaire monographie consacrée à LETHIÈRE, ainsi que celle plus modeste du Conseil Général de la Guadeloupe. Petite précision, on retrouve dans la Grande Monographie une double référence au Chevalier de Saint-Georges. Mes respects à Monsieur Saincily.

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