Il est établi aujourd’hui que si le P’tit Néo Gouverneur (PNG) et la Commandante de l’ARS avaient pris, dès la 1ere alerte coronavirus (mi -janvier 2020,) toutes les mesures sanitaires nécessaires, comme ça a été le cas dans la plupart des pays de la Caraïbe, la Guadeloupe aurait sans doute été moins atteinte par le virus.
Il faut ici rappeler que des centaines de croisiéristes, mais aussi des voyageurs arrivés par avion, ont durant tout le mois de février 2020 et jusqu’en mars, continué à débarquer dans notre pays, sans le moindre contrôle sanitaire des autorités.
Ceux qui par laxisme et inconscience, ont permis à des touristes étrangers ou des croisiéristes de nous contaminer, ont-ils un seul instant pensé qu’ils allaient dès lors mettre en péril, ce qu’on considérait comme le fer de lance du développement « l’industrie touristique ».
A la fin du confinement, on s’aperçoit que la persistance de cette pandémie au niveau mondial, oblige à repenser la question du tourisme quantitatif
En effet depuis des années, la Guadeloupe, avait mis à fond, le curseur sur un tourisme de masse, j’ai presqu’envie de dire, un tourisme quantitatif, mais de niveau très moyen au plan qualitatif
On tablait uniquement sur le nombre de visiteurs, et pas sur leur qualité. Il faut cependant admettre que ce tourisme de masse a globalement bien fonctionné.
Puisque d’année en année, au niveau quantitatif, la Guadeloupe, arrivait presque à atteindre les objectifs fixés.
Entre paquebots de croisières italiens (nids de virus !) et touristes franco-français (66%) avec ou sans sac au dos, « l’industrie » touristique génère dans notre pays des milliers d’emplois directs et indirects.
Mais tout cela c’était AVANT que le virus ne débarque et contribue à modifier considérablement et pour longtemps la donne et toutes les perspectives de ce modèle économique.
Dans le nouveau contexte, créée par le covid, ce tourisme en mode quantitatif aura du mal à continuer à être ce qu’il a été, c’est plus qu’une évidence.
Hôteliers, giteurs, taxis, compagnies aériennes, tours- opérateurs etc… sont tous au fond du trou, et leur rêve est devenu cauchemar.
Depuis l’intervention la semaine dernière du 1er ministre français annonçant que son gouvernement allait mettre sur la table 18 milliards d’euros pour relancer le tourisme, dans son pays, les opérateurs guadeloupéens, qui espéraient comme un messie cette annonce, ne sont guère plus rassurés. Car ils ont vite compris, aide de l’état français ou pas, le tourisme de masse avait vécu : il est urgent de tout mofwazer.
Oui, Il faut repenser tous les paramètres de cette « industrie » touristique aussi bien en Guadeloupe que dans le monde.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en Guadeloupe les idées nouvelles, ne fusent pas. Toute la filière est désarçonnée et en crise. Les belles certitudes d’hier sont devenues des interrogations parfois sans réponses.
Que faut-il faire ? comment relancer une machine qui est subitement devenue obsolète et atone ?
Hors de Guadeloupe, l’Office Mondial du Tourisme (OMT) affirme de son côté que : » Selon le moment où les restrictions sur les voyages seront levées, les arrivées de touristes internationaux pourraient diminuer de 60 à 80 % en 2020.
Le tourisme mondial reste au point mort puisque 100% des pays imposent des restrictions aux voyages… ().
De plus une nouvelle recherche de l’OMT montre que : » 100% des destinations mondiales continuent d’avoir des restrictions sur les voyages en place, et 72% ont complètement fermé leurs frontières au tourisme international »
Ces indications sur les frontières fermées pour raisons sanitaires sont d’une importance capitale. Cela signifie, que le trafic aérien subit une baisse sans précédent et cela cause la crise que l’on perçoit déjà pour Air-Caraïbes et Corsair. Ces deux compagnies, n’ont pas (encore ?), comme Air-France, reçu la moindre aide de l’état français. La menace d’une réduction du trafic aérien est réelle. Quand on sait qu’en 2019, L’aéroport Pôle Caraïbe a accueilli plus de 800.000 visiteurs-touristes, on peut craindre que les chiffres records ne soient plus que des souvenirs…
Quant aux paquebots-virus, ils seront à n’en pas douter moins nombreux pour les mois à venir. Reste alors comme « sél médikaman » provisoire, le tourisme intérieur ». Mais la filière sait a priori, que ce tourisme en mode local ou inter- iles ne peut en aucun cas remplir toutes les cases laissées vides par le covid !
Pourtant le gouvernement français et ses représentants dans notre pays, ceux-là mêmes qui n’ont pas su fermer nos frontières au moment opportun pour « bloquer » l’entrée du corona, voudraient cette fois les ouvrir sans condition sanitaire stricte.
Que disent les élus et les opérateurs de la filière ? pour l’instant silence radio ?
Non pas vraiment. Christophe Wachter le président du CESER, partisan du tourisme durable dans un rapport publié cette semaine, souligne avec force : « Malgré le plan de dé confinement progressif établi à partir du 11 mai prochain, le secteur du tourisme restera longtemps fragile. Pour tenter de limiter dans le temps l’impact du Covid-19 sur notre destination, les responsables territoriaux, qu’ils relèvent de la sphère publique ou privée, doivent prendre toutes les mesures indispensables afin de garantir la mise en place de mesures sanitaires drastiques : contrôle de température au départ et à l’arrivée dans les ports, gares maritimes et aéroports/aérodromes, nettoyages publics renforcés, mise à disposition de masques pour toute la population et les visiteurs, chartes sanitaires appliquées par l’ensemble des opérateurs de la chaîne touristique etc. En définitive, il faudra rassurer la population et les visiteurs en appliquant une charte, même si elle est d’inspiration nationale, qui se doit d’être adaptée à nos conditions locales tempérées laquelle à terme, pourrait devenir un modèle d’accueil pérenne. » Sera-t-il entendu et suivi ?
Les conceptions du CESER sur le tourisme durable sont très proches de celles de l’OMT
« Les lignes directrices et les pratiques de gestion du développement du tourisme durable s’appliquent à toutes les formes de tourisme dans tous les types de destinations, y compris le tourisme de masse …Le développement du tourisme durable nécessite la participation éclairée de toutes les parties prenantes concernées, ainsi qu’un leadership politique fort pour garantir une large participation et la recherche d’un consensus. La réalisation d’un tourisme durable est un processus continu et nécessite un suivi constant des impacts, en introduisant les mesures préventives et / ou correctives nécessaires chaque fois que cela est nécessaire »
Les opérateurs de la filière touristique guadeloupéenne, sont-ils prêts à renoncer à leur tourisme de masse et …de masques pour un tourisme de niche plus qualitatif ?
On pense au choix de St Barth, mais la Guadeloupe touristique n’a pas cette vocation
Faut-il alors craindre qu’une fois les premiers effets de le crise covid passés ; on ne veuille rien changer pour demeurer dans ce tourisme de masse dont on voit les limites ?
Ce qui est sûr : si la politique touristique de la Guadeloupe, n’est pas revue, repensée, redimensionnée de façon réaliste et que la crise sanitaire persiste, il va falloir au plan économique revoir avec toute la lucidité nécessaire nos fondamentaux.
Sé dèyé bwa ki ni bwa !
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